Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,44-51.
Après avoir multiplié les pains, Jésus disait à la foule des Juifs : " Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire vers moi, et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Tout homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi.
Certes, personne n'a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père.
Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi a la vie éternelle.
Moi, je suis le pain de la vie.
Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ;
mais ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas.
Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »[/i]
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Jésus est vraiment le Pain vivant, le Pain qui donne la vie, qui anime l'esprit et par l'esprit anime le corps. Comme il est difficile d'expliquer cela à quelqu'un qui ne croit pas !
Dans les jours qui ont suivi ma conversion, j'ai voulu tenter une expérience. J'éprouvais donc profondément cette Joie et je me suis dit : j'essaierai de la comparer avec une des joies humaines. Je me suis rendu dans un café où j'allais avant ma rencontre avec Jésus et j'ai bu trois verres de bière en compagnie de deux personnes que je connaissais. C'était typiquement ce que j'appelais "un petit bonheur" avant ma conversion... mais je n'ai jamais bu le troisième verre, je suis sorti en m'excusant. L'expérience était terminée et il n'y avait vraiment aucun rapport !
C'était le temps - qui a duré six mois au moins, durant laquelle j'ai cherché partout à trouver un prêtre ou un religieux qui m'explique mieux ce qui m'était arrivé. C'était très difficile parce qu'en commençant mon récit, la Joie refluait aussitôt, les larmes me montaient aux yeux et ma voix s'altérait... Mais ensuite, lorsque je suis retourné à l'Eucharistie, je n'ai plus eu besoin d'expliquer à quiconque ce que j'avais vécu, mon témoignage est assez rapidement devenu une sorte d'enthousiasme à redistribuer. Quiconque a goûté du Pain de Vie, voudrait le redistribuer à son tour en parlant de Jésus à tous.
Comme dans la première lecture, celle des Actes des Apôtres, je me suis assez souvent retrouvé dans la situation de l'apôtre Philippe, auprès de personnes qui avaient besoin d'entendre un autre langage que l'ancien, celui de la raison (et aussi celui des 'bonnes raisons' de ce monde). Le Seigneur m'ouvrait la bouche et les mots que je prononçais, l'autre les comprenait. Au bout de quelque temps, ils repartaient et je ne les revoyais plus. Ce fut un temps vraiment extraordinaire et je m'étonne aujourd'hui qu'il ait duré trois ans. Trois années d'une exceptionnelle joie de vivre, et cela jour après jour, sans le moindre temps mort !
Aujourd'hui, ah, j'ai pris de l'âge bien sûr, mais la vitalité intérieure, celle de l'Esprit, obtenue renouvelée à chaque Eucharistie, me pousse à essayer de comprendre pourquoi et comment le monde me semble plongé dans un aussi grand désordre. Une foule de livres me passent dans les mains, mais j'écoute aussi ce que les jeunes se racontent entre eux (ils parlent assez fort pour les comprendre même à travers une vitrine !)... J'en suis au point de dire que la difficulté de vivre a toujours la même origine: une forme de confusion de ce qui est utile et nécessaire, de ce qui est bon ou mauvais, mais aussi... le fait que nous soyons tous différents qui est vécu, non comme une chance, mais comme un malheur. Drôle d'époque où le rêve consiste à devenir "le même" que tous les autres!
Et désormais, le Seigneur, qui cherche les âmes, continue de rechercher ses brebis perdue en écartant sur son chemin les ronces, les épines et hautes herbes dans lesquelles elles se sont égarées... il me faut prier beaucoup - c'est bientôt le mois de mai, je m'appliquerai à mon chapelet.
.