Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 12,1-8.
En ce temps-là, Jésus passait, un jour de sabbat, à travers les champs de blé, et ses disciples eurent faim ; ils se mirent à arracher des épis et à les manger.
En voyant cela, les pharisiens lui dirent : « Voilà que tes disciples font ce qu'il n'est pas permis de faire le jour du sabbat ! »
Mais il leur répondit : « N'avez-vous pas lu ce que fit David, quand il eut faim, ainsi que ses compagnons ?
Il entra dans la maison de Dieu, et ils mangèrent les pains de l'offrande ; or, cela n'était permis ni à lui, ni à ses compagnons, mais aux prêtres seulement.
Ou bien encore, n'avez-vous pas lu dans la Loi que le jour du sabbat, les prêtres, dans le Temple, manquent au repos du sabbat sans commettre aucune faute ?
Or, je vous le dis : il y a ici plus grand que le Temple.
Si vous aviez compris ce que veut dire cette parole : C'est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices,
vous n'auriez pas condamné ceux qui n'ont commis aucune faute. Car le Fils de l'homme est maître du sabbat. »
Cy Aelf, Paris
Les deux premières lectures parlent de la vie abrégée des hommes, ou prolongée par grâce divine, mais aboutissant de toute manière à la mort du corps. Étonnant: quel lien établir avec ce que dit Jésus dans l’Évangile ?
C'est simplement que sa présence sur la terre des hommes, parmi eux, signifie que ce temps où les hommes liaient et limitaient la durée de leur vie à l'état de leur corps (car on peut mourir par accident, par maladie ou par acte de violence quelconque)... ce temps-là est achevé du fait de la venue du Christ dans un corps. "Il y a ici plus grand que le Temple", répond Jésus. Et mieux encore : "Le Fils de l'homme est maître du sabbat", leur répond-il : le sabbat est le jour du repos, n'est-ce pas ? Eh bien, c'est moi qui en décide !
Mais il parle en termes voilés, afin de ne pas les provoquer. Il leur parle aussi de la transgression accomplie par David et ses compagnons et de l'exception des prêtres qui manquent au repos du sabbat sans commettre de faute. Ici, je me dis que,certainement, comme à son habitude, avant même que ces pharisiens aient interpelé Jésus à propos de la désobéissance présumée des disciples, celui-ci avait pénétré leur esprit: il savait de quoi ils étaient en train de discuter en chemin. Il leur répond donc justement: si l'on établit une loi, ce n'est pas pour en user de façon arbitraire, comme d'un couperet; mais avant de juger, il faut établir un rapport entre le but envisagé par la loi et la transgression qui en a été faite.
(Dans mon esprit, l'image des disciples froissant les épis de blé entre leurs mains m'est toujours apparue pleine de soleil, de beauté et de liberté...)