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 Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeDim 12 Juil 2015 - 4:42

C. Motifs et moyens de réparer le péché

I. Motifs de pénitence


Trois motifs principaux nous obligent à faire pénitence de nos péchés : un devoir de justice par rapport à Dieu ; un devoir résultant de notre incorporation à Jésus-Christ ; un devoir d'intérêt personnel et de charité.

1° Un devoir de justice par rapport à Dieu

736. Le péché est en effet une véritable injustice, puisqu'il dérobe à Dieu une portion de cette gloire extérieure à laquelle il a droit ; il exige donc en justice une réparation, qui consistera à rendre à Dieu, dans la mesure où nous le pouvons, l'honneur et la gloire dont nous l'avons privé par notre faute. Or l'offense, étant infinie objectivement du moins, ne sera jamais complètement réparée. C'est donc toute notre vie que nous devons expier ; et cette obligation est d'autant plus étendue que nous avions été comblés de plus de bienfaits et que nos fautes sont plus graves et plus nombreuses.

C'est la remarque de Bossuet : N'avons-nous pas juste sujet de craindre que la bonté de Dieu, si indignement méprisée ne se tourne en fureur implacable ? Que si sa juste vengeance est si grande contre les gentils.... sa colère ne sera-t-elle pas d'autant plus redoutable pour nous qu'il est plus sensible à un père d'avoir des enfants perfides, que d'avoir de mauvais serviteurs ? Nous devons donc prendre le parti de Dieu contre nous-mêmes : C'est ainsi que prenant contre nous le parti de la Justice divine, nous obligeons sa Miséricorde à prendre notre parti contre sa Justice. Plus nous déplorerons la misère où nous sommes tombés, plus nous nous rapprocherons du bien que nous avons perdu ; Dieu recevra en pitié le sacrifice du cœur contrit, que nous lui offrirons pour la satisfaction de nos crimes ; et sans considérer que les peines que nous nous imposons ne sont pas une vengeance proportionnée, ce bon père regardera seulement qu'elle est volontaire. Nous rendrons d'ailleurs notre pénitence plus efficace en l'unissant à celle de Jésus-Christ.

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeLun 13 Juil 2015 - 3:07

C. Devoir résultant de notre incorporation au Christ

737. Par le baptême nous avons été incorporés au Christ (n° 143), et nous devons, en participant à sa vie participer à ses dispositions. Or Jésus, bien qu'impeccable, a pris sur lui, comme chef d'un corps mystique, le poids et, pour ainsi dire, la responsabilité de nos pêchés, « posuit Dominus in eo iniquitatem omnium nostrum » (Isa., LIII, 6).

Voilà pourquoi il a mené une vie pénitente depuis le premier instant de sa conception jusqu'au Calvaire. Sachant bien que son Père ne pouvait être apaisé par les holocaustes de l'Ancienne Loi, il s'offre lui-même comme hostie pour remplacer toutes les victimes ; toutes ses actions seront immolées par le glaive de l'obéissance, et, après une longue vie, qui n'est qu’un continuel martyre, il meurt sur la croix, victime de son obéissance et de son amour : « factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis ». Mais il veut que ses membres, pour être purifiés de leurs péchés, s'unissent à son sacrifice, et soient victimes expiatrices avec lui : « Pour être le Sauveur du genre humain, il en a voulu être la victime. Mais l'unité de son corps mystique fait que le chef s'étant immolé, tous les membres doivent être aussi des hosties vivantes » (Bossuet). Il est évident en effet que si Jésus, tout innocent qu'il était, a expié nos péchés par une pénitence si rigoureuse, nous qui sommes coupables devons nous associer à son sacrifice avec d'autant plus de générosité que nous avons plus péché.

738. C'est pour nous faciliter ce devoir que Jésus pénitent vient vivre en nous par son divin Esprit, avec ses dispositions d'hostie.

« Ainsi, nous dit M. Olier, il faut, en lisant les psaumes, honorer en David l'esprit de pénitence, et respecter avec grande religion et quiétude les dispositions de l'Esprit intérieur de Jésus-Christ, source de pénitence, répandu en ce Saint. Il faut y demander part avec humiliation de cœur, avec instance, ferveur et persévérance, mais surtout avec une humble confiance que cet Esprit nous sera communiqué » (Introduction, ch. VII). Sans doute nous ne sentirons pas toujours l'opération de ce divin Esprit, car il opère souvent d'une manière insensible ; mais si nous le demandons humblement, nous le recevons, et il agit en nous pour nous rendre conformes à Jésus pénitent, nous faire détester et expier nos péchés avec lui. Alors notre pénitence est beaucoup plus efficace, parce qu'elle participe à la vertu même du Sauveur : ce n'est pas nous seulement qui réparons, c'est Lui qui expie en nous et avec nous. « Toute pénitence extérieure qui ne sort point de l'Esprit de Jésus-Christ, dit M. Olier, n'est pas une pénitence réelle et véritable. (...)

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

Bon été à tous !

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeMer 22 Juil 2015 - 5:12

C. Devoir résultant de notre incorporation au Christ

738. (...) On peut exercer sur soi des rigueurs, et, même très violentes ; mais si elles ne sont point émanées de Notre Seigneur pénitent en nous, elles ne peuvent être des pénitences chrétiennes. C’est par lui seul que l’on fait pénitence ; il l’a commencée ici-bas sur la terre, en sa propre personne, et il la continue en nous, ... animant notre âme des dispositions intérieures d'anéantissement, de confusion, de douleur, de contrition, de zèle contre nous-mêmes, et de force pour accomplir sur nous la peine et la mesure de la satisfaction que Dieu le Père veut recevoir de Jésus-Chris en notre chair ». Cette union à Jésus pénitent ne nous dispense donc pas des sentiments et des œuvres de pénitence, mais leur donne une plus grande valeur.

3° Un devoir de charité

La pénitence est un devoir de charité à l'égard de nous-mêmes comme à l'égard du prochain.

739. A) A l’égard de nous-mêmes : le péché laisse en effet dans notre âme des suites funestes, contre lesquelles il importe de réagir. a) Même alors que la coulpe ou la faute est pardonnée, il nous reste généralement à subir une peine plus ou moins longue selon la gravité et le nombre de nos péchés, comme aussi selon la ferveur de notre contrition au moment de notre retour à Dieu.

Cette peine doit être subie en ce monde ou en l'autre. Or il est beaucoup plus utile de l'expier en cette vie : plus promptement et plus parfaitement nous payons cette dette, et plus notre âme est apte à l'union divine ; d'ailleurs sur terre cette expiation est plus facile, parce que la vie présente est le temps de la Miséricorde ; elle est aussi plus féconde, puisque les actes satisfactoires sont en même temps méritoires (n° 209), C'est donc aimer notre âme que de faire une prompte et généreuse pénitence.

b) Mais de plus le péché laisse en nous une déplorable facilité à commettre de nouvelles fautes, précisément parce qu'il augmente en nous l'amour désordonné du plaisir. Or rien ne corrige mieux ce désordre que la vertu de pénitence : en nous faisant supporter avec vaillance les peines que la Providence nous envoie, en stimulant notre ardeur pour les privations et austérités compatibles avec notre santé, elle affaiblit graduellement l'amour du plaisir, et nous fait redouter le péché qui exige de telles réparations ; en nous faisant pratiquer des actes de vertu contraires à nos mauvaises habitudes, elle nous aide à nous en corriger, et nous donne ainsi plus de sécurité pour l'avenir. C'est donc un acte de charité envers soi-même que de faire pénitence.

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeMer 22 Juil 2015 - 17:54

C. Devoir résultant de notre incorporation au Christ

3° Un devoir de charité


740. B) C'est aussi un acte de charité à l'égard du prochain. a) En vertu de notre incorporation au Christ, nous sommes tous frères, tous solidaires les uns des autres (n° 148).
Et puisque nos œuvres satisfactoires peuvent être utiles aux autres, est-ce que la charité ne nous portera pas à faire pénitence non seulement pour nous-mêmes, mais pour nos frères ? N'est-ce pas le meilleur moyen d'obtenir leur conversion, ou, s'ils sont convertis, leur persévérance ? N'est-ce pas le meilleur service que nous puissions leur rendre, un service mille fois plus utile que tous les biens temporels que nous pourrions leur donner ? N'est-ce pas ainsi répondre à la volonté divine qui, nous ayant tous adoptés pour enfants, nous demande d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, et d'expier ses fautes comme nous expions les nôtres ?

741. b) Ce devoir de la réparation incombe plus particulièrement aux prêtres : c'est pour eux un devoir d'état d'offrir des victimes non seulement pour eux-mêmes, mais encore pour les âmes dont ils sont chargés (Hebr., VII, 27). Mais il est, en dehors du sacerdoce, des âmes généreuses qui, soit dans le cloître, soit dans le monde, se sentent attirées à s'offrir comme victimes pour expier les péchés des autres. C'est là une très noble vocation qui les associe à l'œuvre rédemptrice du Christ, et à laquelle, il est bon de répondre courageusement, en ayant soin de consulter un sage directeur pour déterminer avec lui les œuvres de réparation auxquelles on s'adonnera.

742. Disons en terminant que l'esprit de pénitence n'est pas un devoir imposé seulement aux commençants, et pour un temps assez court. Quand on a compris ce qu’est le péché, quelle offense infinie il inflige à la majesté divine, on se croit obligé à faire pénitence toute sa vie, puisque la vie elle-même est trop courte pour réparer une offense infinie. Il faut donc ne jamais se lasser de faire pénitence.
Ce point est si important que le P. Faber, après avoir longtemps réfléchi sur la cause pour laquelle tant d'âmes font si peu de progrès, en vint à la conclusion que cette cause était « l'absence d'une douleur constante excitée par le souvenir du péché » . (...)

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 5:36

C. Devoir résultant de notre incorporation au Christ

3° Un devoir de charité


742. (...) C’est du reste ce que confirme l'exemple des Saints qui n'ont jamais cessé d'expier les fautes, quelquefois bien légères, qui leur avaient échappé autrefois. La conduite de Dieu à l'égard des âmes qu'il veut élever à la contemplation le montre bien aussi. Quand elles ont travaillé pendant longtemps à se purifier par les exercices actifs de la pénitence, il leur envoie, pour compléter leur purification, ces épreuves passives que nous décrivons dans la voie unitive. Seuls en effet les cœurs parfaitement purs ou purifiés peuvent arriver aux douceurs de l'union divine : « Beati mundo corde quoniam ipsi Deum videbunt » !

II. La pratique de la Pénitence

Pour pratiquer la pénitence d'une façon plus parfaite, il faut évidemment s'unir à Jésus pénitent, et lui demander de vivre en nous avec son esprit d'hostie (n° 738) ; puis s'associer à ses sentiments et à ses œuvres de pénitence.

743. Ces sentiments sont fort bien exprimés dans les psaumes et en particulier dans le Miserere. a) C'est tout d'abord le souvenir habituel et douloureux de ses péchés : « peccatum meum contra me est semper » (Ps. L, 5). Il ne convient pas sans doute de les repasser en détail dans son esprit : ce qui pourrait troubler l'imagination et créer de nouvelles tentations. Mais il faut s'en souvenir en gros, et surtout entretenir à leur égard des sentiments de contrition et d'humiliation.
Nous avons offensé Dieu en sa présence « et malum coram te feci » (Ps. L, 6), ce Dieu qui est la sainteté même et qui hait l'iniquité, ce Dieu qui est tout amour et que nous avons outragé en profanant ses dons. Il ne nous reste plus qu'à faire appel à sa Miséricorde pour implorer son pardon, et c'est souvent qu'il faut le faire : « Miserere mei, Deus, secundum magnam misericordiam tuam » (Ps. L, 3). Sans doute, nous avons l'espoir d'avoir été pardonnés ; mais, désireux d'une pureté plus parfaite, nous demandons humblement à Dieu de nous purifier encore plus dans le sang de son Fils : « amplius lava me ab iniquitate mea et a peccato meo munda me » (Ps. L, 4). Pour nous unir à lui plus intimement, nous voulons que nos péchés soient détruits, qu'il n'en reste plus de traces, nous désirons que notre esprit et notre cœur soient renouvelés, et que nous soit rendue la joie de la bonne conscience (Ps. L, 10-14).

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeSam 25 Juil 2015 - 6:15

3° Un devoir de charité

II. La pratique de la Pénitence


744. b) Ce souvenir douloureux est accompagné d'un sentiment de confusion perpétuelle : « operuit confusio faciem meam » (Ps. LXVIII, 8 Cette confusion nous la portons devant Dieu, comme Jésus-Christ qui a porté devant son Père la honte de nos offenses, surtout au jardin de l'agonie et au Calvaire. Nous la portons devant les hommes, honteux de nous voir chargés de crimes dans l'assemblée des saints. Nous la portons devant nous-mêmes, ne pouvant nous souffrir ni nous supporter dans notre honte, disant sincèrement avec le prodigue : « Père, j'ai péché contre le ciel et contre vous » (Luc, XV, 18) ; et avec le publicain : « O Dieu, ayez pitié de moi qui suis un pécheur » (Luc, XVIII, 13).

745. c) De là naît une crainte salutaire du péché, une horreur profonde pour toutes les occasions qui peuvent nous y conduire. Car, malgré notre bonne volonté, nous demeurons exposés à la tentation et aux rechutes.
Nous demeurons donc extrêmement défiants de nous-mêmes, et du fond du cœur nous renouvelons la prière de S. Philippe de Néri : Mon Dieu, méfiez-vous de Philippe ; autrement, il vous trahirait ; et nous ajoutons : « ne nous laissez pas succomber à la tentation, et ne nos inducas in tentationem ». Cette défiance nous fait prévoir les occasions dangereuses où nous pourrions succomber, les moyens positifs d'assurer notre persévérance, et nous rend vigilants pour écarter les moindres imprudences. Mais elle évite avec soin le découragement : plus nous avons conscience de notre impuissance, et plus nous mettons notre confiance en Dieu, convaincus que par l'efficacité de sa grâce nous serons victorieux, surtout si à ces sentiments nous joignons les œuvres de la pénitence.

III. Les œuvres de pénitence


746. Ces œuvres, si pénibles soient-elles, nous paraîtront faciles, si nous avons sans cesse devant les yeux cette pensée : je suis un échappé d'enfer, un échappé de purgatoire, et, sans la Miséricorde Divine, je serais déjà à y subir le châtiment que j'ai trop bien mérité ; donc il n'y a rien de trop humiliant, rien de trop crucifiant pour moi.

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeDim 26 Juil 2015 - 7:41

III. Les œuvres de pénitence

Les principales œuvres de pénitence que nous devons accomplir, sont :

747. 1° L'acceptation d'abord résignée, puis cordiale et joyeuse de toutes les croix que la Providence veut bien nous envoyer. Le concile de Trente nous enseigne que c'est une grande preuve de l'amour de Dieu pour nous que de vouloir bien agréer comme satisfaction pour nos péchés la patience avec laquelle nous acceptons tous les maux temporels qu'il nous inflige Ainsi donc, si nous avons à souffrir des épreuves physiques ou morales, par exemple, les intempéries des saisons, les étreintes de la maladie, des revers de fortune, des insuccès, des humiliations, au lieu de nous plaindre amèrement, comme nous y porte la nature, acceptons toutes ces souffrances avec une douce résignation, persuadés que nous les méritons à cause de nos péchés, et que la patience au milieu des épreuves est un des meilleurs moyens d'expiation. Ce ne sera tout d'abord qu'une simple résignation ; mais en constatant que par là nos douleurs sont adoucies et fécondes, nous en viendrons peu à peu à les supporter vaillamment et même joyeusement, heureux d'abréger ainsi notre purgatoire, de ressembler davantage au divin crucifié, de glorifier Dieu que nous avions outragé. Alors la patience produira tous ses fruits, et purifiera complètement notre âme précisément parce qu'elle sera une œuvre d'amour : « remittuntur ei peccata multa, quoniam dilexit multum » (Matth., IX, 2).

748. 2° A cette patience nous joindrons l'accomplissement fidèle des devoirs d'état en esprit de pénitence et de réparation. Le sacrifice le plus agréable à Dieu c'est celui de l'obéissance : « melior est obedientia quam victimæ » ( I Reg., XV, 22). Or le devoir d'état c'est pour nous l'expression manifeste de la volonté de Dieu. L'accomplir aussi parfaitement que possible, c'est donc offrir à Dieu le sacrifice le plus parfait, l'holocauste perpétuel, puisque ce devoir nous saisit depuis le matin jusqu'au soir. Ceci est vrai assurément pour les personnes vivant en communauté : en obéissant fidèlement à leur règle, générale ou particulière, en accomplissant courageusement ce qui leur est prescrit ou conseillé par leurs supérieurs, ils multiplient les actes d'obéissance, de sacrifice et d'amour, et peuvent redire, avec S. J. Berchmans, que la vie commune est pour elles la meilleure de toutes les pénitences. Mais c'est vrai aussi pour les personnes du monde qui vivent chrétiennement; que d'occasions se présentent aux pères et mères de famille, qui observent tous leurs devoirs d'époux et d'éducateurs, d'offrir à Dieu des sacrifices nombreux et austères qui servent grandement à purifier leurs âmes ? Le tout, c'est d'accomplir ces devoirs chrétiennement, vaillamment, pour Dieu, en esprit de réparation et de pénitence.

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeLun 27 Juil 2015 - 5:51

III. Les œuvres de pénitence

749. 3° Il est aussi d'autres œuvres spécialement recommandées par la Ste Ecriture, comme le jeûne et l'aumône.

A) Le jeûne était, sous l'ancienne Loi, l'un des grands moyens d'expiation ; c'était ce qu'on appelait « affliger son âme » (Lev., XVI, 29, 31 ; XXIII, 27, 32) ; mais, pour obtenir son effet, il devait être accompagné de sentiments de componction et de Miséricorde (Isa., LVIII, 3-7). Sous la Loi nouvelle, le jeûne est une pratique de deuil et de pénitence ; aussi les Apôtres ne jeûnent pas tant, que l'Epoux est avec eux, mais ils jeûneront quand il ne sera plus là (Matth., IX, 14-15). Notre Seigneur, voulant expier nos péchés, jeûne pendant quarante jours et quarante nuits, et enseigne à ses apôtres que certains démons ne peuvent être chassés que par le jeûne et la prière (Matth., XVII, 20). Fidèle à ces enseignements, l'Eglise a institué le jeûne du Carême, des Vigiles et des Quatre-Temps pour donner aux fidèles l'occasion d'expier leurs fautes. Beaucoup de péchés viennent en effet directement ou indirectement de la sensualité, des excès dans le boire et le manger, et rien n'est plus efficace pour les réparer que la privation de nourriture qui va à la racine du mal en mortifiant l'amour du plaisir sensuel. Voilà, pourquoi les Saints l'ont pratiqué si fréquemment en dehors même des temps fixés par l'Eglise ; les chrétiens généreux les imitent ou du moins se rapprochent du jeûne proprement dit en se privant de quelques aliments à chaque repas, pour mater ainsi la sensualité.

750. B) Quant à l'aumône, elle est une œuvre de charité et une privation à ce double titre, elle a une grande efficacité pour racheter nos péchés : « peccata eleemosynis redime » (Dan., IV, 24). Quand on se prive d'un bien pour le donner à Jésus dans la personne du pauvre, Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité, et volontiers il nous remet une partie de la peine due à nos péchés. Plus donc on est généreux, chacun selon ses ressources, plus aussi l'intention avec laquelle on fait l'aumône est parfaite, et plus complètement nos dettes spirituelles sont remises. Ce que nous disons de l'aumône corporelle s'applique à plus forte raison à l'aumône spirituelle, qui tend à faire du bien aux âmes et par là même à glorifier Dieu. Aussi est-ce là une des œuvres de pénitence que promet le Psalmiste, quand il dit au Seigneur que, pour réparer son péché, il enseignera aux pécheurs les voies du repentir : « Docebo iniquos vias tuas et impii ad te convertentur » (Ps. L, 15).
4° Enfin restent les privations et mortifications volontaires que nous nous imposons en expiation de nos fautes, en particulier celles qui vont à la source du mal, en châtiant et disciplinant les facultés qui ont contribué à nous les faire commettre. C'est ce que nous allons exposer en traitant de la mortification.

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeMar 28 Juil 2015 - 6:31

Chapitre III, La mortification

751. La mortification contribue, comme la pénitence, à nous purifier des fautes passées ; mais son but principal est de nous prémunir contre celles du présent et de l'avenir, en diminuant l'amour du plaisir, source de nos péchés. Nous allons donc expliquer sa nature, sa nécessité et sa pratique.

I. Nature de la mortification

Après avoir expliqué les mots bibliques et modernes qui désignent la mortification, nous en donnerons la définition.

752. I. Expressions bibliques pour désigner la mortification. Nous trouvons sept expressions principales dans nos Livres Saints pour désigner la mortification sous ses différents aspects.
1° Le mot renoncement : « qui non renuntiat omnibus quæ possidet non potest meus esse discipulus » (Luc, XIV, 33) nous présente la mortification comme un acte de détachement des biens extérieurs pour suivre le Christ, c'est ce que firent les Apôtres : « relictis omnibus, secuti sunt eum » (Luc, V, 11).
2° C'est aussi une abnégation ou renoncement à soi-même : « Si quis vult post me venire, abneget Semetipsum » (Luc, IX, 23) ; le plus terrible de nos ennemis, c'est en effet l'amour déréglé de soi-même ; et voilà pourquoi il faut se détacher de soi.
3° Mais la mortification a un côté positif : c'est un acte qui blesse et atrophie les tendances mauvaises de la nature : « Mortificate ergo membra vestra » (Col. III, 5)... « Si autem Spiritu facta carnis mortificaveritis, vivetis » (Rom., VIII, 13).
4° Bien plus, c'est un crucifiement de la chair et de ses convoitises, par lequel nous clouons, pour ainsi dire, nos facultés à la loi évangélique, en les appliquant à la prière, au travail : « Qui... sunt Christi, carnem suam crucifixerunt cum vitiis et concupiscentiis » (Gal., V, 24).
5° Ce crucifiement, quand il persévère, produit une sorte de mort et d'ensevelissement, par lequel nous semblons mourir complètement à nous-mêmes et nous ensevelir avec Jésus-Christ, pour vivre avec lui d'une vie nouvelle : « Mortui enim estis vos et vita vestra est abscondita cum Christo in Deo » (Col., III, 3)... « Consepulti enim sumus cum illo per baptismum in mortem » (Rom., VIII, 4).

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeMer 29 Juil 2015 - 5:42

I. Nature de la mortification

753. II. Expressions modernes. Aujourd'hui on aime à employer des expressions adoucies, qui indiquent le but à atteindre plutôt que l'effort à s'imposer. On dit qu'il faut se réformer soi-même, se gouverner soi-même, faire l'éducation de la volonté, orienter son âme vers Dieu.
Ces expressions sont justes pourvu qu'on sache montrer qu'on ne peut se réformer et se gouverner qu'en combattant et mortifiant les mauvaises tendances qui sont en nous ; qu'on ne fait l'éducation de la volonté qu'en mâtant, en disciplinant les facultés inférieures, et qu'on ne peut s'orienter vers Dieu qu'en se détachant des créatures et se dépouillant de ses vices. En d'autres termes, il faut savoir, comme le fait la Ste Ecriture, réunir les deux aspects de la mortification, montrer le but pour consoler, mais ne pas dissimuler l'effort nécessaire pour l'atteindre.

754. III. Définition. On peut donc définir la mortification : la lutte contre les inclinations mauvaises pour les soumettre à la volonté et celle-ci à Dieu. C’est moins une vertu qu'un ensemble de vertus, le premier degré de toutes les vertus, qui consiste à surmonter les obstacles, en vue de rétablir l'équilibre des facultés, leur ordre hiérarchique. Ainsi on voit mieux que la mortification n'est pas un but, mais un moyen : on ne se mortifie que pour vivre d'une vie supérieure, on ne se dépouille des biens extérieurs que pour mieux posséder les biens spirituels, on ne renonce à soi que pour posséder Dieu, on ne lutte que pour jouir de la paix, on ne meurt à soi que pour vivre de la vie du Christ, de la vie de Dieu : c'est donc l'union à Dieu qui est le but de la mortification. Par là on comprend mieux sa nécessité.

II. Nécessité de la mortification

Cette nécessité peut s'étudier à un double point de vue, au point de vue du salut et de la perfection.

1. Nécessité de la mortification pour le salut

Il est des mortifications nécessaires pour le salut, en ce sens que si on ne les fait pas, on s'expose à tomber dans le péché mortel. (...)

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeJeu 30 Juil 2015 - 5:00

1. Nécessité de la mortification pour le salut

(...) 755. 1° Notre Seigneur en parle d'une façon très nette à propos des fautes contre la chasteté : « Quiconque regarde une femme avec convoitise, ad concupiscendam eam, a déjà commis l'adultère avec elle dans son cœur » (Matth., V, 28). Il y a donc des regards gravement coupables, ceux qui sont commandés par de mauvais désirs ; et la mortification de ces regards s'impose sous peine de péché mortel. C'est du reste ce qu’ajoute Notre Seigneur par ces paroles énergiques : « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne » (Matth., V, 29). Il ne s'agit pas ici de se crever les yeux, mais d'arracher son regard à la vue de ces objets qui sont un sujet de scandale. S. Paul nous donne la raison de ces graves prescriptions : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si, par l'Esprit, vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez : si enim secundum carnem vixeritis, moriemini, si autem Spiritu facta carnis mortificaveritis, vivetis» (Rom., VIII, 13).
Nous l'avons dit en effet, n° 193-227, la triple concupiscence qui demeure en nous, excitée par le monde et le démon, nous porte souvent au mal et met notre salut en péril, si nous n'avons soin de la mortifier. De là résulte la nécessité absolue de combattre sans cesse les tendances mauvaises qui sont en nous, de fuir les occasions prochaines de péché, c'est-à-dire ces objets ou ces personnes qui, étant donné notre expérience passée, constituent pour nous un péril sérieux et probable de péché, et de renoncer par là même à beaucoup de plaisirs vers lesquels nous entraîne notre nature. Il y a donc des mortifications nécessaires, sans lesquelles on tomberait dans le péché mortel.

756. 2° Il en est d'autres que l'Eglise prescrit afin de préciser l'obligation générale de se mortifier si souvent rappelée dans l'Evangile : telle est l'abstinence d'aliments gras le vendredi, le jour du Carême, des Quatre-Temps et des vigiles. Ces lois obligent sous peine de faute grave ceux qui n'ont point de légitime excuse. Ici nous tenons à faire une remarque qui a son importance : il en est qui, pour de bonnes raisons, sont dispensés de ces lois ; ils ne sont pas pour autant dispensés de la loi générale de la mortification, et doivent par conséquent la pratiquer sous une autre forme ; sans quoi ils ne tarderont pas à sentir les révoltes de la chair.

757- 3° Outre ces mortifications prescrites par la loi divine et la loi ecclésiastique, il en est d'autres que chacun doit s'imposer, sur l'avis de son directeur, en certaines circonstances particulières, quand les tentations se font plus pressantes ; on les choisit parmi celles que nous allons indiquer (n° 767 ss).

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeVen 31 Juil 2015 - 6:14

2. Nécessité de la mortification pour la perfection

758. Cette nécessité découle de ce que nous avons dit de la nature de la perfection : elle consiste dans l'amour de Dieu poussé jusqu'au sacrifice et à l'immolation de soi, n° 321 - 327, si bien que, selon l'Imitation, la mesure de notre progrès spirituel dépend de la mesure avec laquelle nous nous faisons violence à nous-mêmes (l. I, c. 25). Il suffira donc de rappeler brièvement quelques motifs qui puissent agir sur notre volonté pour l'aider à pratiquer ce devoir ; ils se tirent du côté de Dieu, de Jésus-Christ, de notre sanctification personnelle.

759. A) Le but de la mortification, nous l'avons dit, c'est de nous unir à Dieu. Or nous ne le pouvons faire sans nous détacher de l’amour désordonné des créatures. Comme le dit avec raison S. jean de la Croix, « l'âme attachée à la créature devient semblable à elle ; plus l'affection grandit, plus l'identité s'affirme, car l'amour établit un rapport d'égalité entre ce qui aime et ce qui est aimé... Donc celui qui aime une créature, s'abaisse à son niveau, et même au-dessous, parce que l'amour ne se contente pas de niveler, mais établit un esclavage. C'est pour ce motif qu'une âme esclave d'un objet hors de Dieu, devient incapable de pure union et de transformation en Dieu, car la bassesse de la créature est plus distante de la souveraineté du Créateur que les ténèbres de la lumière. « Or l'âme qui ne se mortifie pas s'attache vite aux créatures d'une façon désordonnée : elle se sent en effet, depuis la chute originelle, attirée vers elles, captivée par leurs charmes, et, au lieu de s'en servir comme d’échelons pour aller jusqu'au Créateur, elle se complait en elles et les considère comme une fin. Pour briser ce charme, pour échapper à cette emprise, il est absolument nécessaire de se détacher de tout ce qui n'est pas Dieu, ou du moins de tout ce qui n'est pas envisagé comme un moyen d'aller à lui. Voilà pourquoi M. Olier, comparant la condition des chrétiens à celle d'Adam innocent, dit qu'il y a une grande différence entre les deux : « Adam cherchait Dieu, le servait et l'adorait dans ses créatures ; et, au contraire, les chrétiens sont obligés de chercher Dieu par la foi, de le servir et de l'adorer retiré en lui-même et en sa sainteté, séparé de toute créature. » (Cat. Chrétien, I. P., leç. IV). C'est en cela que consiste la grâce du baptême.

760. B) Au jour de notre baptême s'est formé entre Dieu et nous un véritable contrat. a) De son côté, Dieu nous a purifiés de la tache originelle et adoptés pour enfants, nous a communiqué une participation à sa vie, et s'est engagé à nous donner toutes les grâces nécessaires pour la conserver et l'accroître. (...)

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeSam 1 Aoû 2015 - 5:15

2. Nécessité de la mortification pour la perfection

760. (...) Nous savons avec quelle libéralité il a tenu ses promesses. b) De notre côté, nous nous sommes engagés à vivre en vrais fils de Dieu, à nous rapprocher de la perfection de notre Père céleste, en cultivant cette vie surnaturelle. Or, nous ne le pouvons faire qu'autant que nous pratiquons la mortification. Car, d'un côté, le Saint Esprit qui nous a été donné au baptême, « nous porte au mépris, à la pauvreté, aux souffrances, et de l'autre, notre chair désire l'honneur, le plaisir, les richesses » (leç., VII). Il y a donc en nous un conflit, une lutte incessante ; et nous ne pouvons être fidèles à Dieu qu'en renonçant à l'amour désordonné de l'honneur, du plaisir des richesses. C'est pour cela que le prêtre, en nous baptisant, trace deux croix, l’une sur le cœur, pour imprimer en nous l’amour de la croix, l’autre sur les épaules, pour nous donner la force de la porter. Nous manquerions donc aux promesses de notre baptême, si nous ne portions notre croix en combattant le désir de l’honneur par l’humilité, l’amour du plaisir par la mortification, la soif des richesses par la pauvreté.

2° Du côté de Jésus-Christ

761. A) Nous lui sommes incorporés par le baptême, et, comme tels, devons recevoir de lui le mouvement et les inspirations, et par suite nous conformer à lui. Or, nous dit l'Imitation, sa vie tout entière n'a été qu'un long martyre : Tota vita Christi crux fuit et martyrium. La nôtre ne peut donc pas être une vie de plaisir et d'honneurs, mais une vie mortifiée. C'est du reste ce que nous dit clairement notre divin Chef : « Si quis vuit post me venire, abneget semetipsum, et tollat crucem suam quotidie et sequatur me » (Luc, IX, 23). S'il est quelqu'un qui doit suivre Jésus, c'est bien celui qui tend à la perfection. Or comment suivre Jésus, qui, dès son entrée dans le monde a embrassé la croix, qui a soupiré toute sa vie après la souffrance et l'humiliation, qui a épousé la pauvreté à la crèche et l'a eue pour compagne jusqu'au Calvaire, si on aime le plaisir, les honneurs, les richesses, si on ne porte sa croix de chaque jour, celle que Dieu lui-même nous choisit et nous envoie ? C'est une honte, nous dit S. Bernard, que sous un chef couronné d'épines, nous soyons des membres délicats, effrayés des moindres souffrances. Pour être conformes à Jésus-Christ, et nous rapprocher de sa perfection, il faut donc que nous portions notre croix comme lui.

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeLun 24 Aoû 2015 - 5:01

3° Du côté de notre sanctification

763. A) (...) La pente est tellement glissante qu'en matière de sensualité surtout, il est facile de tomber dans l'abîme, attiré par une sorte de vertige. Et même, quand il s'agit de l'orgueil, la pente est plus rapide qu'on ne le croit : on ment en matière légère pour s'excuser, pour éviter une humiliation ; et, quand on arrive au saint tribunal, on est exposé à manquer de sincérité par peur d'un aveu humiliant. Notre sécurité demande donc la lutte contre l'amour-propre aussi bien que contre la sensualité et la cupidité.

764. B) Ce n'est pas assez que d'éviter le péché ; il faut avancer dans la perfection. Or quel est ici encore le grand obstacle, sinon l'amour du plaisir et l'horreur de la croix ? Combien désireraient être meilleurs, tendre à la sainteté, s'ils ne craignaient l'effort nécessaire pour avancer, les épreuves que Dieu envoie à ses meilleurs amis ? Il faut donc leur rappeler ce que S. Paul redisait souvent aux premiers chrétiens, à savoir que la vie est un combat, que nous devons rougir d'être moins courageux que ceux qui luttent pour une récompense terrestre, et qui, pour se préparer à la victoire, se privent de beaucoup de plaisirs permis et s'imposent de rudes et pénibles exercices, et cela pour une couronne périssable, tandis que la couronne qui nous est promise est immortelle, « et illi quidem ut corruptibilem coronam accipiant, nos autem incorruptam » (I Cor., IX, 25).
Nous avons peur de la souffrance, mais songeons-nous à ces souffrances terribles du Purgatoire, (n° 734) qu'il nous faudra subir pendant de longues années, si nous voulons vivre dans l'immortification et nous accorder tous les plaisirs qui nous flattent ? Combien plus prudents sont les hommes du siècle ? Beaucoup s'imposent de rudes travaux, et parfois des démarches humiliantes pour gagner un peu d'argent et s'assurer une retraite honorable ; et nous ne voudrions pas nous imposer des mortifications pour nous assurer une retraite éternelle dans la cité du ciel ! Est-ce raisonnable ?
Il faut donc se persuader qu'il n'est point de perfection, de vertu possible sans la mortification. Comment être chaste sans mortifier cette sensualité qui nous incline si fortement aux plaisirs dangereux et mauvais ? Comment être tempérant, sinon en réprimant la gourmandise ? Comment pratiquer la pauvreté et même la justice si on ne combat la cupidité ? (...)

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeMar 25 Aoû 2015 - 4:44

3° Du côté de notre sanctification

764. B) (...) Comment être humble, doux et charitable sans maîtriser ces passions d'orgueil, de colère, d'envie et de jalousie qui sommeillent au fond de tout cœur humain? Il n'est pas une seule vertu qui, dans l'état de nature déchue, puisse se pratiquer longtemps sans effort, sans lutte et par là même sans mortification. On peut donc dire, avec M. Tronson, que « comme l'immortification est l'origine des vices et la cause de tous nos maux, la mortification est le fondement des vertus et la source de tous nos biens. » (Examens particuliers).

765. C) On peut même ajouter que la mortification, malgré les privations et les souffrances qu'elle impose, est, même sur terre, la source des plus grands biens, et qu'au fond les chrétiens mortifiés sont plus heureux dans l'ensemble que les mondains qui se livrent à tous les plaisirs. C'est ce qu'enseigne Notre Seigneur lui-même, lorsqu'il nous dit que ceux qui quittent tout pour le suivre, reçoivent en retour le centuple même en cette vie : « Qui reliquerit domum vel fratres... centuplum accipiet, et vitam æternam possidebit » (Matth., XIX, 29 ; Marc, X, 29-30). S. Paul ne tient pas un autre langage, lorsqu'après avoir parlé de la modestie, c'est-à-dire, de la modération en toutes choses, il ajoute que celui qui la pratique jouit de cette paix véritable qui surpasse toute consolation : « pax Dei quæ exsuperat omnem sensum custodiat corda vestra et intelligentias vestras ». N'en est-il pas lui-même un vivant exemple ? Il eut certes beaucoup à souffrir, et il décrit longuement les épreuves terribles qu'il eut à souffrir dans la prédication de l'Evangile, comme aussi dans la lutte contre lui-même ; mais il ajoute qu'il abonde et surabonde de joie au milieu de ses tribulations : « superabundo, gaudio in omni tribulatione nostra » (II Cor., VII, 4).

Tous les Saints en sont là : sans doute ils ont eu eux aussi à subir de longues et douloureuses tribulations ; mais les martyrs, au milieu de leurs tortures, disaient qu'ils n'avaient jamais été à pareil festin, « nunquam tam jucunde epulati sumus » ; et, en lisant la vie des Saints, deux choses nous frappent, les terribles épreuves qu'ils ont subies, les rnortifications qu’ils se sont librement imposées ; et d'un autre côté leur patience, leur joie, leur sérénité au milieu de ces souffrances. Ils en arrivent à aimer la croix, à cesser de la redouter, à soupirer même après elle, à compter comme perdues les journées où ils n’ont eu presque rien à souffrir. C'est là un phénomène psychologique qui étonne les mondains, mais qui console les âmes de bonne volonté. Sans doute on ne peut demander à des commençants cet amour de la croix ; mais on peut, en citant les exemples des Saints, leur faire comprendre que l’amour de Dieu et des âmes allège considérablement la souffrance et la mortification, et que s'ils consentent à entrer généreusement dans la pratique des petits sacrifices, qui sont à leur portée, ils en viendront un jour eux-mêmes à aimer, à désirer la croix, et à y trouver de véritables consolations spirituelles.

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeMer 26 Aoû 2015 - 5:29

3° Du côté de notre sanctification

766. C'est bien ce que remarque l'auteur de l’Imitation, dans un texte qui résume fort bien les avantages de la mortification : « In cruce salus, in cruce vita, in cruce protectio ab hostibus, in cruce infusio superne suavitatis, in cruce robur mentis, in cruce gaudium spiritus, in cruce virtutis summa, in cruce perfectio sanctitatis » (l. II, C. 12). L'amour de la croix, c'est en effet l'amour de Dieu poussé jusqu'à l’immolation ; or, nous l'avons dit, cet amour est bien le résumé de toutes les vertus, l'essence même de la perfection, et par là même le bouclier le plus puissant contre nos ennemis spirituels, une source de force et de consolation, le meilleur moyen d'augmenter en nous la vie spirituelle et d'assurer notre salut.

III. Pratique de la mortification

767. Principes. 1° La mortification doit embrasser l'homme tout entier, corps et âme, car c'est l'homme tout entier qui, s'il n'est pas bien discipliné, est une occasion de péché. Sans doute il n'y a, à vrai dire, que la volonté qui pèche ; mais elle a pour complices et instruments notre corps avec ses sens extérieurs et notre âme avec toutes ses facultés : c'est donc tout l'homme qui doit être discipliné ou mortifié.

768. 2° La mortification s'attaque au plaisir. Sans doute le plaisir en soi n'est pas un mal ; c'est même un bien, quand il est subordonné à la fin pour laquelle Dieu l'a institué. Or Dieu a voulu attacher un certain plaisir à l'accomplissement du devoir, afin d’en faciliter la pratique : ainsi nous trouvons un certain plaisir dans le manger et le boire, dans le travail, et d'autres devoirs de ce genre. Ainsi donc, dans le plan divin, le plaisir n'est pas une fin mais un moyen. Goûter le plaisir en vue de mieux faire son devoir n'est donc pas défendu : c'est l'ordre établi par Dieu. Mais vouloir le plaisir pour lui-même, comme fin, sans aucun rapport avec le devoir, c'est au moins dangereux, puisqu'on s'expose à glisser des plaisirs permis dans les plaisirs coupables ; goûter le plaisir en excluant le devoir, c'est un péché plus ou moins grave, parce que c'est la violation de l'ordre voulu par Dieu. La mortification consistera donc à se priver des plaisirs mauvais, contraires à l'ordre providentiel, ou à la loi de Dieu ou de l'Eglise ; à renoncer même aux plaisirs dangereux, afin de ne pas s'exposer au péché ; et même à s'abstenir de quelques plaisirs licites, afin d'assurer davantage l'empire de la volonté sur la sensibilité. C'est dans ce même but que non seulement on se privera de quelques plaisirs, mais qu'on s'infligera quelques mortifications positives : car c'est un fait d'expérience qu'il n'est rien de plus efficace pour mater l'attrait au plaisir que de s'imposer quelque travail ou quelque souffrance de surérogation.

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeMer 26 Aoû 2015 - 19:49

3° Du côté de notre sanctification

769. 3° Mais la mortification doit se pratiquer avec prudence ou discrétion : elle doit être proportionnée aux forces physiques et morales de chacun et à l'accomplissement des devoirs d’état : 1) il faut ménager ses forces physiques ; car, selon S.François de Sales, « nous sommes exposés à de grandes tentations en deux états, savoir, quand le corps est trop nourri, et quand il est trop abattu » (Vie dévote, IIIe P, ch. XXIII) ; dans ce dernier cas en effet on tombe facilement dans la neurasthénie, qui oblige ensuite à des ménagements dangereux. 2) Il faut ménager ses forces morales, c'est-à-dire, ne pas s'imposer au début des privations excessives qu'on ne pourra continuer longtemps, et qui, au moment où on les abandonne, peuvent conduire au relâchement. 3) Il importe surtout qu'elles soient en harmonie avec les devoirs d'état, puisque ceux-ci, étant obligatoires, passent avant les pratiques de surérogation. Ainsi ce serait mauvais pour une mère de famille de pratiquer des austérités qui l'empêcheraient d'accomplir ses devoirs à l'égard de son mari et de ses enfants.

770. 4° Il y a une hiérarchie dans les mortifications : celles qui sont intérieures valent mieux évidemment que celles qui sont extérieures, parce qu'elles s'attaquent plus directement à la racine du mal. Mais il ne faut pas oublier que celles-ci facilitent beaucoup la pratique de celles-là, qui voudrait discipliner son imagination sans mortifier ses yeux, n'y réussirait guère, précisément parce que ceux-ci fournissent à celle-là les images sensibles qui font sa pâture. Ce fut une erreur des modernisants que de railler les austérités des siècles chrétiens. En fait les Saints de toutes les époques, ceux qui ont été béatifiés en ces derniers temps aussi bien que les autres, ont châtié rudement leur corps et leurs sens extérieurs, bien persuadés que c'est l'homme tout entier qui doit être mortifié, dans l'état de nature déchue, pour appartenir tout entier à Dieu.
Nous allons donc parcourir successivement tous les genres de mortification, en commençant par les extérieures pour arriver aux plus intérieures : c'est là l'ordre logique ; mais en pratique il faut savoir mélanger et doser les unes et les autres.

1° De la mortification du corps et des sens extérieurs

771. 1° Sa raison d'être. a) Notre Seigneur avait recommandé à ses disciples la pratique modérée du jeûne et de l'abstinence, la mortification du regard et du toucher. S. Paul comprenait si bien la nécessité de mater le corps, qu'il le châtiait sévèrement pour échapper au péché et à la réprobation. L'Eglise est elle-même intervenue pour prescrire aux fidèles certains jours de jeûne et d'abstinence.

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeJeu 27 Aoû 2015 - 19:34

1° De la mortification du corps et des sens extérieurs

771. (...) b) Quelle en est la raison ? Sans doute le corps, bien discipliné, est un serviteur utile, nécessaire même, dont il faut ménager les forces pour les mettre au service de l'âme. Mais, dans l'état de nature déchue, le corps cherche des jouissances sensuelles sans tenir compte de ce qui est permis ou défendu ; il a même un attrait spécial pour les plaisirs illicites, et parfois se révolte contre les facultés supérieures qui veulent les lui interdire. C'est un ennemi d'autant plus dangereux qu'il nous accompagne partout, à table, au lit, dans nos courses, et qu'il rencontre souvent des complices, prêts à exciter sa sensualité et sa volupté. Ses sens sont en effet autant de portes ouvertes par lesquelles se glisse, s'insinue le subtil poison du plaisir défendu. Il est donc absolument nécessaire de veiller sur lui, de le maîtriser, de le réduire en servitude : faute de quoi, il nous trahira.

772. 2° Modestie du corps. Pour mater notre corps, commençons par bien observer les règles de la modestie et de la bonne tenue : il y a là une abondante matière à mortification. Le principe qui doit nous servir de règle, c'est celui de S. Paul : « Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ? Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous ? Nescitis quoniam corpora vestra membra sunt Christi ?... Membra vestra templum sunt Spiritus Sancti. » (I Cor., VI, 15, 19).
A) Il faut donc respecter notre corps comme un temple saint, comme un membre du Christ ; point de ces costumes plus ou moins indécents qui ne sont faits que pour provoquer la curiosité et la volupté. Que chacun porte le vêtement que requiert sa condition, simple et modeste, mais toujours propre et décent.
Rien de plus sage que les avis de S. François de Sales à ce sujet : « Soyez propre, Philothée, et qu'il n'y ait rien sur vous de traînant et de mal agencé… ; mais gardez-vous bien des vanités et des affêteries, des curiosités et folâtreries ; tenez-vous, tant qu’il sera possible, du côté de la simplicité et de la modestie, qui est sans doute le plus grand ornement de la beauté et la meilleure excuse pour la laideur... les femmes vaines font douter de leur chasteté ; au moins si elles en ont, elle n'est pas visible parmi tant de fatras et de bagatelles. » (Vie dévote, IIIe Part., ch. XXV). Saint Louis dit en un mot, « que l’on se doit vestir selon son état, en sorte que les personnes sages et les gens de bien ne puissent dire : vous en faites trop, ni les jeunes gens : vous en faites trop peu. »
Quant aux religieux et religieuses, ainsi qu'aux ecclésiastiques, ils ont sur la forme et la matière de leurs vêtements des règles auxquelles ils doivent se conformer : inutile de dire que la mondanité et la coquetterie seraient complètement déplacées chez eux et ne pourraient que scandaliser les mondains eux-mêmes.

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeSam 29 Aoû 2015 - 5:29

1° De la mortification du corps et des sens extérieurs

773. B) La bonne tenue est aussi une excellente mortification à la portée de tous : éviter avec soin les tenues molles et efféminées, tenir le corps droit, sans contrainte et sans affectation, ni courbé ni penché d'un côté ou de l'autre ; ne point changer trop souvent de posture ; ne croiser ni les pieds ni les jambes ; ne point s'appuyer mollement sur sa chaise ou son prie-Dieu ; éviter les mouvements brusques et les gestes désordonnés : ce sont là, entre cent autres, des moyens de se mortifier sans péril pour notre santé, sans attirer l'attention, et qui nous donnent sur notre corps une grande maîtrise.

774. C) Il y a d'autres mortifications positives que les pénitents généreux aiment à s'imposer pour mater leur corps, calmer ses ardeurs intempestives, et stimuler leur désir de piété : les plus communes sont ces petits bracelets de fer qu'on se passe au bras, ces chaînes qu'on met autour de ses reins, des ceintures ou scapulaires de crin, ou quelques bons coups de discipline, quand on peut se les donner sans attirer l'attention. En tout cela, il faut prendre soigneusement l'avis de son directeur, éviter tout ce qui sentirait la singularité ou flatterait la vanité, sans parler de ce qui serait contraire à l'hygiène et à la propreté ; le directeur ne permettra ces choses qu'avec discrétion, à l’essai pour un temps seulement, et s'il remarque quelques inconvénients d'un genre ou d'un autre, il les supprimera.

775. 3° Modestie des yeux. A) Il y a des regards gravement coupables, qui offensent non seulement la pudeur, mais la chasteté elle-même (Matth., V, 28), et dont il faut évidemment s'abstenir. Il en est qui sont dangereux, lorsqu'on fixe sa vue sans raison sur des personnes ou des objets qui sont de nature à susciter des tentations : ainsi la Ste Ecriture nous avertit de ne pas arrêter nos regards sur une jeune personne, pour que sa beauté ne soit pas pour nous un sujet de scandale : « Virginem ne conspicias, ne forte scandalizeris in decore illius » (Eccli., IX, 5). Et, aujourd'hui, où la licence des étalages et l'immodestie des costumes, où les exhibitions malsaines des théâtres et de certains salons créent tant de dangers, de quelle réserve ne faut-il pas s'armer pour ne point s'exposer au péché ?

776. B) Aussi le chrétien sincère, qui veut sauver son âme à tout prix, va plus loin, et, pour être sûr de ne pas succomber à la sensualité, mortifie la curiosité des yeux, évitant, par exemple, de regarder à la fenêtre pour voir les passants, tenant les yeux modestement baissés, sans affectation, dans ses courses d'affaires ou ses promenades. Il aime au contraire à les reposer sur quelque objet, image pieuse, clocher, croix, statue, pour s'exciter à l'amour de Dieu et des Saints.

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeSam 29 Aoû 2015 - 19:38

1° De la mortification du corps et des sens extérieurs

777. 4° Mortification de l'ouïe et de la parole. A) Elle demande qu'on ne dise et qu'on n'entende rien qui soit contraire à la charité, à la pureté, à l'humilité et aux autres vertus chrétiennes ; car, nous dit S. Paul, les conversations mauvaises corrompent les bonnes mœurs (I Cor., XV, 33). Et que d'âmes en effet ont été perverties pour avoir écouté des conversations déshonnêtes ou contraires à la charité. Les paroles lubriques excitent une curiosité morbide, soulèvent les passions, allument des désirs et provoquent au péché. Les paroles peu charitables suscitent des divisions jusque dans les familles, des défiances, des inimitiés et des rancunes. Il faut donc veiller sur ses moindres paroles pour éviter de tels scandales, et, savoir fermer l'oreille à tout ce qui peut troubler la pureté, la charité et la paix.

778. B) Mais, pour y mieux réussir, on mortifiera parfois sa curiosité, en évitant d'interroger sur ce qui peut la flatter, ou en réprimant cette démangeaison de causer qui, entraîne en des bavardages non seulement inutiles, mais dangereux : « in multiloquio non deerit peccatum » (Prov., X, 19).
C) Et, comme les moyens négatifs ne suffisent pas, on aura soin de diriger la conversation vers des sujets non seulement inoffensifs, mais bons, honnêtes et parfois édifiants, sans toutefois se rendre à charge aux autres par des remarques trop sérieuses qui ne sont pas amenées naturellement.

779. 5° Mortification des autres sens. Ce que nous avons dit de la vue, de l'ouïe et de la parole, s'applique aux autres sens ; nous reviendrons sur le goût en parlant de la gourmandise, sur le toucher à propos de la chasteté. Quant à l'odorat, qu’il suffise de dire que l'usage immodéré des parfums n'est souvent qu'un prétexte pour satisfaire la sensualité et parfois pour exciter la volupté ; qu'un chrétien sérieux n'en use qu'avec modération, pour des raisons de grande utilité ; et que les religieux et les ecclésiastiques se font une règle de n'en jamais user.

2° De la mortification des sens intérieurs


Les deux sens intérieurs qu'il faut mortifier sont l'imagination et la mémoire, qui généralement agissent de concert, le travail de la mémoire étant accompagné d'images sensibles. (...)

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeDim 30 Aoû 2015 - 19:37

2° De la mortification des sens intérieurs

Les deux sens intérieurs qu'il faut mortifier sont l'imagination et la mémoire, qui généralement agissent de concert, le travail de la mémoire étant accompagné d'images sensibles.

780. 1° Principe. Ce sont là deux facultés précieuses, qui non seulement fournissent à l'intelligence les matériaux dont elle a besoin pour travailler, mais lui permettent d'exposer la vérité avec des images et des faits qui la rendent plus saisissable, plus vivante, et par là même plus intéressante : un résumé pâle et froid n'aurait que peu d'attraits pour le commun des mortels. Il ne s'agit donc pas d'atrophier ces facultés, mais de les discipliner, et de subordonner leur activité à l'empire de la raison et de la volonté ; autrement, laissées à elles-mêmes, elles peuplent l'âme d'une foule de souvenirs et d'images qui la dissipent, gaspillent ses énergies, lui font perdre un temps précieux dans la prière et dans le travail, et créent mille tentations contre la pureté, la charité, l'humilité et les autres vertus. Il est donc nécessaire de les discipliner et de les mettre au service des facultés supérieures.

781. 2° Règles à suivre. A) Pour réprimer les écarts de la mémoire et de l'imagination, on s'appliquera tout d'abord à chasser impitoyablement, dès le début, c'est-à-dire aussitôt qu'on s'en aperçoit, les images ou souvenirs dangereux, qui, en nous rappelant un passé scabreux, du en nous transportant au milieu des séductions du présent ou de l'avenir, seraient pour nous une source de tentations. Mais, comme il y a souvent une sorte de déterminisme psychologique, qui nous fait passer des vaines rêveries à celles qui sont périlleuses, on se prémunira contre cet engrenage en mortifiant les pensées inutiles, qui nous font déjà perdre un temps précieux et qui préparent la voie à d'autres plus dangereuses encore : la mortification des pensées inutiles, disent les Saints, est la mort des pensées mauvaises.

782. B) Pour y mieux réussir, le moyen positif le meilleur, c'est d'appliquer notre âme tout entière au devoir présent, à nos travaux, à nos études, à nos occupations habituelles. C'est du reste le meilleur moyen de réussir à bien faire ce qu'on fait, en concentrant toute son activité sur l'action présente : age quod agis. Que les jeunes hommes se rappellent que, pour progresser dans leurs études comme dans leurs autres devoirs d'état, il faut donner plus de place au travail de l'intelligente et de la réflexion, et moins aux facultés sensibles : ainsi tout, en assurant leur avenir, ils éviteront les rêveries dangereuses.

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeMar 1 Sep 2015 - 6:01

2° De la mortification des sens intérieurs

783. C) Enfin il est très utile de se servir de l'imagination et de la mémoire pour nourrir sa piété, en cherchant dans nos Saints Livres, nos prières liturgiques et les auteurs spirituels
les plus beaux textes, les plus belles comparaisons et images ; en se servant de l'imagination pour se mettre en la présence de Dieu, et pour se représenter dans le détail les mystères de Notre Seigneur et de la Sainte Vierge. Ainsi, au lieu d'atrophier son imagination, on la peuplera de pieuses représentations qui banniront celles qui seraient dangereuses, et nous mettront à même de mieux comprendre et de mieux expliquer à nos auditeurs les scènes évangéliques.

3° De la mortification des passions

784. Les passions, au sens philosophique du mot, ne sont pas nécessairement et absolument mauvaises : ce sont des forces vives, souvent impétueuses, qu'on peut utiliser pour le bien comme pour le mal, pourvu qu'on sache les discipliner et les orienter vers une noble fin. Mais, dans le langage populaire, et chez certains auteurs spirituels, ce mot s'emploie au sens péjoratif, pour désigner les passions mauvaises. Nous allons donc : 1° rappeler les principales notions psychologiques sur les passions ; 2° indiquer leurs bons et leurs mauvais effets ; 3° tracer des règles pour le bon usage des passions.

I. La psychologie des passions

Nous ne faisons ici que rappeler ce que l'on expose plus longuement en psychologie.

785. 1° Notion. Les passions sont des mouvements impétueux de l’appétit sensitif vers le bien sensible avec un retentissement plus ou moins fort sur l’organisme. (...)

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeMer 2 Sep 2015 - 5:55

2° De la mortification des sens intérieurs

I. La psychologie des passions


785. (...) 6) Précisément parce qu'ils sont impétueux et agissent fortement sur l'appétit sensitif, ils ont leur retentissement jusque dans l'organisme physique, à cause de l'étroite union entre le corps et l'âme. Ainsi la colère fait affluer le sang au cerveau et tend les nerfs, la peur fait pâlir, l'amour dilate le cœur, et la crainte le resserre. Toutefois ces effets physiologiques ne se présentent pas au même degré chez tous : ils dépendent du tempérament de chacun et de l'intensité de la passion, comme aussi de la maîtrise qu'on acquiert sur soi-même.

786. Les passions diffèrent donc des sentiments qui sont des mouvements de la volonté, qui supposent par conséquent une connaissance de l'intelligence, et qui, tout en étant forts, n'ont pas la violence des passions. Ainsi il y a un amour-passion et un amour-sentiment, une crainte passionnelle et une crainte intellectuelle. Ajoutons que dans l'homme, animal raisonnable, les passions et les sentiments se mélangent souvent, presque toujours, à des doses très variées, et que c'est par la volonté, aidée de la grâce, que nous parvenons à transformer en nobles sentiments les passions les plus ardentes, en subordonnant celles-ci à ceux-là.

787. 2° Leur nombre. On en compte généralement onze, qui toutes découlent de l’amour, comme le montre excellemment Bossuet : « Nos autres passions se rapportent au seul amour qui les enferme ou les excite toutes » (De la connaissance de Dieu et de soi-même, ch. I, n. VI).
1) L'amour est une passion de s'unir à une personne ou à une chose qui plaît : on veut l'avoir en sa possession.
2) La haine est une passion d'éloigner de nous quelque chose qui nous déplaît ; elle naît de l'amour, en ce sens que nous haïssons ce qui s'oppose à ce que nous aimons : je ne hais la maladie que parce que j'aime la santé, je ne hais une personne que parce qu'elle met un obstacle à posséder ce que j'aime.
3) Le désir est la recherche du bien absent, et naît de ce que nous aimons ce bien.
4) L'aversion (ou fuite) nous fait écarter le mal qui s'approche de nous.
5) La joie n'est que la jouissance du bien présent.
6) La tristesse au contraire s'afflige et s'éloigne du mal présent. (...)

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeJeu 3 Sep 2015 - 7:17

2° De la mortification des sens intérieurs

I. La psychologie des passions


787. (...) 7) L’audace (hardiesse ou courage) s'efforce de s'unir à l’objet aimé dont l'acquisition est difficile.
8 La crainte nous pousse à nous éloigner d'un mal difficile à éviter.
9) L'espérance se porte avec ardeur vers l'objet aimé, dont l'acquisition est possible quoique difficile.
10) Le désespoir naît en l'âme quand l'acquisition de l'objet aimé paraît impossible.
11) La colère repousse violemment ce qui nous fait du mal et excite le désir de se venger.
Les six premières passions, qui prennent leur origine dans l'appétit concupiscible, sont appelées communément par les modernes passions de jouissance ; les cinq autres, qui se rapportent à l'appétit irascible, se nomment passions combatives.

II. Les effets des passions

788. Les Stoïciens prétendaient que les passions sont radicalement mauvaises et doivent être supprimées ; les Epicuriens déifient les passions et proclament bien haut qu'il faut les suivre : c'est ce que nos épicuriens modernes appellent : vivre sa vie. Le christianisme tient le milieu entre ces deux excès : rien de ce que Dieu a mis dans la nature humaine n'est mauvais ; Jésus lui-même a eu des passions bien réglées : il a aimé, non seulement par la volonté, mais par le cœur, et a pleuré sur Lazare et sur Jérusalem infidèle ; il s'est laissé aller à une sainte colère, a subi la crainte, la tristesse, l'ennui ; mais il a su tenir ces passions sous l'empire de la volonté et les subordonner à Dieu. Quand les passions sont au contraire déréglées, elles produisent les plus pernicieux effets ; il faut donc les mortifier et les discipliner.

789. Effets des passions déréglées. On appelle déréglées les passions qui se portent vers un bien sensible défendu, ou même vers un bien permis, mais avec trop d'empressement et sans le rapporter à Dieu. Or ces passions désordonnées : a) Aveuglent l’âme : elles se portent en effet vers leur objet avec impétuosité, sans consulter la raison, se laissant guider par l'attrait ou le plaisir. (...)

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey,
Desclée and Co, 1923

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MessageSujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey    Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 18 Icon_minitimeVen 4 Sep 2015 - 4:42

2° De la mortification des sens intérieurs

II. Les effets des passions


789. (...) Or c'est là un élément perturbateur qui tend à fausser le jugement, et à obscurcir la droite raison : l'appétit sensitif est aveugle, par nature, et si l'âme se laisse guider par lui, elle est elle-même aveuglée : au lieu de se laisser conduire par le devoir, elle se laisse éblouir par le plaisir du moment ; c'est comme un nuage qui empêche de voir la vérité ; aveuglée par les poussières que soulèvent les passions, l'âme ne voit plus clairement la volonté divine, le devoir qui s'impose à elle : elle n'est plus apte à porter un jugement sain.

790. b) Elles fatiguent l'âme et la font souffrir.
1) Les passions, nous dit S. jean de la Croix, « sont comme les petits enfants impatients, et qu'on ne saurait contenter ; ils demandent à leur mère tantôt ceci et tantôt cela, et ne sont jamais satisfaits. Un avare se lasse de creuser en vain pour posséder un trésor ; ainsi l’âme se fatigue à vouloir atteindre ce que demandent ses appétits. Si l'un est satisfait, d'autres renaissent et engendrent la fatigue, parce que rien ne peut les satisfaire… Les appétits fatiguent et affligent l'âme ; elle est navrée, agitée et troublée par eux, comme les flots par le vent » (La montée du Carmel, l. I, ch. VI).
2) De là une souffrance d'autant plus intense que les passions sont plus vives : car elles tourmentent notre pauvre âme jusqu'à ce qu'elles soient satisfaites, et, comme l'appétit vient en mangeant, elles demandent toujours davantage ; si la conscience regimbe, elles s'impatientent, elles s'agitent, elles sollicitent la volonté pour qu'elle cède à leurs désirs sans cesse renaissants : c'est une torture indicible.

791. c) Elles affaiblissent la volonté : tiraillée en sens divers par ces passions rebelles, la volonté est obligée de disperser ses forces, et par là même de les affaiblir. Tout ce qu'elle cède aux passions augmente leurs prétentions et diminue ses énergies. Pareils aux rejetons inutiles et gourmands qui poussent autour du tronc d'un arbre, les appétits qu'on ne maîtrise pas, vont en se développant, et enlèvent de la force à l'âme, comme les rejetons parasites à l'arbre. Le moment vient où l'âme affaiblie tombe dans le relâchement et la tiédeur, prête à toutes les capitulations. (...)

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey,
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