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| Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey | |
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Auteur | Message |
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ami de la Miséricorde Martyr du forum
| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Sam 5 Sep 2015 - 5:42 | |
| 2° De la mortification des sens intérieurs
II. Les effets des passions
792. d) Elles souillent l'âme. Quand l'âme, cédant aux passions, s'unit aux créatures, elle s'abaisse à leur niveau et contracte leur malice et leurs souillures ; au lieu d'être l'image fidèle de Dieu, elle se fait à l'image des choses auxquelles elle s'attache : des grains de poussière, des taches de boue viennent ternir sa beauté, et s’opposent à l’union parfaite avec Dieu. « J'ose affirmer, dit S. Jean de la Croix, qu'un seul appétit désordonné, même sans qu’il soit entaché de péché mortel, suffit pour mettre l’âme dans un tel état d'obscurité, de laideur, de malpropreté, qu’elle devient incapable d’une union (intime) quelconque avec Dieu, aussi longtemps qu'elle ne s’en est purifiée. Que dire alors de celle qui a la laideur de toutes ses passions naturelles, qui est livrée à tous ses appétits ? A quelle distance infinie ne sera-t-elle pas de la pureté divine ? Ni paroles, ni raisonnements ne peuvent faire comprendre la variété des souillures que tant d’appétits divers produisent dans une âme… chaque appétit dépose à sa façon sa part spéciale d’immondices et de laideur dans l’âme. » ( l. I, ch. IX).
793. Conclusion. Il faut donc, si on veut arriver à l'union à Dieu, mortifier toutes les passions, mêmes plus petites, en tant qu'elles sont volontaires et désordonnées. L'union parfaite suppose qu'il n'y ait en nous rien de contraire à la volonté de Dieu, aucune attache voulue à la créature et à nous-mêmes : aussitôt que de propos délibéré nous nous laissons égarer par quelque passion, il n’y a plus d'union parfaite entre notre volonté et celle de Dieu. Cela est vrai surtout des passions ou attaches habituelles - elles paralysent la volonté, même lorsqu'elles sont légères. C'est la remarque de S. Jean de la Croix : « qu'un oiseau soit lié à la patte, par un fil mince, ou un fil épais, peu importe : il ne lui sera possible de voler qu'après l'avoir rompu » (La montée du Carmel, l. I, ch. XI).
794. Avantages des passions bien réglées. Quand au contraire les passions sont bien réglées, c'est-à-dire, orientées vers le bien, modérées et soumises à la volonté, elles ont les plus précieux avantages. Ce sont en effet des forces vives, ardentes qui viennent stimuler l'activité de notre intelligence et de notre volonté, et leur prêtent ainsi une aide puissante. (...)
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Dim 6 Sep 2015 - 3:30 | |
| 2° De la mortification des sens intérieurs
II. Les effets des passions
794. (...) a) Elles agissent sur l'intelligence, en excitant notre ardeur au travail, notre désir de connaître la vérité. Quand un objet nous passionne dans le bon sens du mot, nous sommes tout yeux, tout oreilles pour le bien connaître, notre esprit saisit plus facilement la vérité, notre mémoire est plus tenace pour la retenir. Voici, par exemple, un inventeur animé d'un patriotisme ardent : il travaille avec plus d'ardeur, de ténacité et de perspicacité, précisément parce qu'il veut rendre service à sa patrie ; de même, un étudiant, soutenu par la noble ambition de mettre sa science au service de ses compatriotes, fait plus d'efforts et aboutit à des résultats plus appréciables ; mais surtout celui qui aime passionnément Jésus Christ, étudie l'Evangile avec plus d'ardeur, le comprend et le goûte mieux : les paroles du Maître sont pour lui des oracles qui portent en son âme une lumière étincelante.
795. b) Elles agissent aussi sur la volonté pour l'entraîner et décupler ses énergies : ce que l'on fait avec amour est mieux fait, avec plus d'application, de constance, de succès. Que ne tente pas une mère aimante pour sauver son enfant ? Que d'actes héroïques inspirés par l'amour de la patrie ? De même quand un saint est passionné d'amour pour Dieu et pour les âmes, il ne recule devant aucun effort, aucun sacrifice, aucune humiliation pour sauver ses frères. Sans doute, c'est la volonté qui commande ces actes de zèle, mais la volonté inspirée, stimulée, soutenue par une sainte passion. Or quand les deux appétits, sensitif et intellectuel, en d'autres termes quand le cœur et la volonté travaillent dans la même direction et unissent leurs forces, les résultats sont évidemment beaucoup plus importants et durables. Il importe donc de voir comment on peut utiliser les passions.
III. Du bon usage des passions
Après avoir rappelé les principes psychologiques qui peuvent faciliter notre tâche, nous indiquerons comment on résiste aux passions mauvaises, comment on oriente les passions vers le bien et comment on les modère.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Lun 7 Sep 2015 - 4:24 | |
| III. Du bon usage des passions
1° Principes psychologiques à utiliser
796. Pour maîtriser les passions, il faut, avant tout, compter sur la grâce de Dieu, par conséquent sur la prière et les sacrements, mais il faut aussi user d'une sage tactique basée sur la psychologie. a) Toute idée tend à provoquer l'acte correspondant, surtout si elle est accompagnée de vives émotions et de fortes convictions. Ainsi penser au plaisir sensible, en se le représentant vivement par l'imagination, provoque un désir et souvent un acte sensuel ; au contraire penser à de nobles actions, se représenter les heureux effets qu'elles produisent, excite le désir de faire des actes de ce genre. Cela est vrai surtout de l'idée qui ne demeure pas abstraite, froide, incolore, mais qui, étant accompagnée d’images sensibles, devient concrète, vivante, et par là même entraînante ; c'est en ce sens qu'on peut dire que l'idée est une force, une mise en marche, un commencement d'action. Si donc on veut maîtriser les passions mauvaises, il faut écarter avec soin toute pensée, toute imagination qui représente le plaisir mauvais comme attrayant ; si au contraire on veut cultiver les bonnes passions ou les bons sentiments, il faut entretenir en soi des pensées et des images qui montrent le beau côté du devoir, de la vertu, et rendre ces réflexions aussi concrètes et aussi vives que possible.
797. b) L'influence d'une idée se prolonge tant qu'elle n'est pas effacée par une idée plus forte qui la supplante ; ainsi un désir sensuel continue de se faire sentir tant qu'il n'est pas chassé par une pensée plus noble qui s'empare de l'âme. Si donc on veut s'en débarrasser, il faut, par une lecture ou une étude intéressante se livrer à une série de pensées totalement différentes ou contraires ; si au contraire on veut intensifier un bon désir, on le prolonge en méditant sur ce qui peut l'alimenter. c) L'influence d'une idée augmente, si on l'associe à d'autres idées connexes qui l'enrichissent et lui donnent plus d'ampleur ; ainsi la pensée et le désir de sauver son âme devient plus intense et plus efficace si on l'associe à l'idée de travailler à sauver l'âme de ses frères, comme on en voit un exemple chez François Xavier.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Lun 7 Sep 2015 - 19:12 | |
| III. Du bon usage des passions
1° Principes psychologiques à utiliser
798. d) Enfin l'idée atteint son maximum de puissance, quand elle devient habituelle, absorbante, une sorte d'idée fixe qui inspire toutes les pensées et toutes les actions. C'est ce qu'on remarque, au point de vue naturel, chez ceux qui n'ont qu'une idée, par exemple, celle de faire telle ou telle découverte ; et au point de vue surnaturel, chez ceux qui se pénètrent tellement d'une maxime évangélique qu'elle devient la règle de leur vie, par exemple : Vends tout et donne-le aux pauvres ; ou : que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme ; ou encore : ma vie à moi, c'est le Christ. Il faut donc viser à enraciner profondément dans son âme, quelques idées directrices, prenantes, absorbantes, puis les réduire à l'unité par une devise, une maxime qui les concrétise et les tienne sans cesse présentes à l'esprit, par exemple : Deus meus et omnia ! Ad majorem Dei gloriam ! Dieu seul suffit ! Qui a Jésus a tout ! Esse cum Jesu dulcis paradisus ! Avec une devise de ce genre, il sera plus facile de triompher des passions mauvaises, et d'utiliser les bonnes.
2° Comment combattre les passions déréglées
799. Aussitôt qu'on a conscience que s'élève en notre âme un mouvement désordonné, il faut faire appel à tous les moyens naturels et surnaturels pour l'enrayer et le dominer. a) Dès le début, on se sert du pouvoir d'inhibition de la volonté, aidée de la grâce, pour enrayer ce mouvement. Ainsi on évite les actes ou gestes extérieurs qui ne peuvent que stimuler ou intensifier la passion : si on se sent envahi par la colère, on évite les gestes désordonnés, les éclats de voix, on se tait jusqu'à ce que le calme soit revenu ; s'il s'agit d'une affection trop vive, on évite de rencontrer la personne aimée, de lui parler, et surtout de lui exprimer d'une façon même indirecte l'affection qu'on a pour elle. Ainsi la passion s'affaiblit peu à peu.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mar 8 Sep 2015 - 19:33 | |
| III. Du bon usage des passions
1° Principes psychologiques à utiliser
800. b) Bien plus, s'il s'agit surtout d'une passion de jouissance, on s'efforce d'oublier l'objet de cette passion. Pour y réussir : 1) on applique fortement son imagination et son esprit à toute occupation honnête qui puisse nous distraire de l'objet aimé : on tâche de s'absorber dans l'étude, la solution d'un problème, le jeu, la promenade avec d'autres, la conversation, etc. 2) Quand le calme commence à se faire, on fait appel aux considérations d'ordre moral qui puissent armer la volonté contre l'attrait du plaisir : considérations naturelles, comme les inconvénients, pour le présent et pour l’avenir, d'une liaison dangereuse, d'une amitié trop sensible (n° 603) ; mais surtout considérations surnaturelles, l'impossibilité d'avancer dans la perfection tant qu'on entretient des attaches, les chaînes qu'on se forge, la compromission de son salut, le scandale qu'on peut donner, etc. S'il s'agit des passions combatives, comme la colère, la haine, après avoir fui un moment pour diminuer la passion on peut souvent prendre l'offensive, se mettre en face de la difficulté, se convaincre par la raison et surtout par la foi que s'abandonner à la colère ou à la haine est indigne d'un homme et d'un chrétien ; que demeurer calme, maître de soi, est tout ce qu'il y a de plus noble, de plus honorable, de plus conforme à l’Evangile.
801. c) Enfin on essaiera de faire des actes positifs contraires à la passion. Si on éprouve de l'antipathie pour une personne, on agira comme si on voulait gagner sa sympathie, on s'efforcera de lui rendre service, d'être aimable à son égard, et surtout de prier pour elle : il n'est rien qui adoucisse le cœur comme une prière sincère pour un ennemi. Si au contraire on sent une affection excessive pour une personne, on évite sa compagnie, ou, si on ne le peut, on lui témoigne cette froide courtoisie, cette sorte d'indifférence qu'on a pour le commun des hommes. Ces actes contraires finissent par affaiblir et faire disparaître la passion, surtout si on sait cultiver les bonnes passions.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Jeu 10 Sep 2015 - 3:15 | |
| III. Du bon usage des passions
3° Comment orienter les passions vers le bien
802. Nous avons dit que les passions ne sont pas mauvaises en soi ; elles peuvent donc être orientées vers le bien, et cela sans aucune exception. a) L'amour et la joie peuvent s’orienter vers les affections pures et légitimes de la famille, vers les amitiés bonnes et surnaturelles ; mais surtout vers Notre Seigneur qui est de tous les amis le plus tendre, le plus généreux et le plus dévoué. C'est donc de ce côté qu'il importe de diriger notre cœur, en lisant, en méditant et en pratiquant les deux beaux chapitres de l’Imitation qui ont ravi et ravissent encore tant d'âmes, De amore Jesu super omnia, De familiari amicitia Jesu. b) La haine et l'aversion se tournent vers le péché, le vice et tout ce qui y conduit, pour le détester et le fuir : « Iniquitatem odio habui » (Ps. CXVIII, 163). c) Le désir se transforme en une ambition légitime, l’ambition naturelle d'honorer sa famille et son pays, l'ambition surnaturelle de devenir un saint, un apôtre. d) La tristesse, au lieu de dégénérer en mélancolie, devient une douce résignation en présence des épreuves qui pour le chrétien sont une semence de gloire, ou une tendre compassion à l'égard de Jésus souffrant et offensé ou à l'égard des âmes affligées. e) L'espoir devient espérance chrétienne, confiance inébranlable en Dieu, et décuple nos énergies pour le bien. f) Le désespoir se transforme en une juste méfiance de soi, fondée sur notre impuissance et nos péchés, mais tempéré par la confiance en Dieu. g) La crainte, au lieu d'être un sentiment déprimant qui affaiblit l'âme, est chez le chrétien une source d'énergie : il craint le péché et l'enfer, mais cette crainte légitime l'arme de courage contre le mal ; il craint Dieu surtout, il redoute de l’offenser, et méprise le respect humain. h) La colère, au lieu de nous enlever la maîtrise de nous-mêmes, n'est qu'une juste et sainte indignation, qui nous rend plus forts contre le mal. i) L'audace devient l'intrépidité en face des difficultés et des dangers : plus une chose est difficile, et plus elle nous apparaît digne de nos efforts.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Ven 11 Sep 2015 - 6:12 | |
| III. Du bon usage des passions
3° Comment orienter les passions vers le bien
803. Pour arriver à cet heureux résultat, rien ne vaut la méditation, accompagnée de pieuses affections et de généreuses résolutions. C'est par elle qu'on se forme un idéal et des convictions profondes pour s'en rapprocher chaque jour. Il s'agit en effet de provoquer et d'entretenir dans l'âme des idées et des sentiments conformes aux vertus qu'on veut pratiquer, et d'écarter au contraire les images et impressions conformes aux vices qu'on veut éviter. Or rien de meilleur, pour atteindre ce résultat, que de méditer chaque jour de la façon que nous avons indiquée, n° 679 ss ; dans ce tête-à-tête avec Dieu, l'infinie vérité et l'infinie bonté, la vertu devient chaque jour plus aimable, le vice plus odieux, et la volonté, fortifiée par ces convictions, entraîne les passions vers le bien au lieu de se laisser elle-même entraîner par elles au mal.
4° Comment modérer les passions
804. a) Même quand les passions sont orientées vers le bien, il faut savoir les modérer, c'est-à-dire, les soumettre à la direction de la raison et de la volonté, guidées elles-mêmes par la foi et par la grâce. Sans cela, elles seraient parfois excessives, parce que de leur nature elles sont trop impétueuses. Ainsi le désir de prier avec ferveur peut devenir de la contention, l’amour pour Jésus peut se traduire par des efforts de sensibilité qui usent le corps et l'âme ; le zèle intempestif devient du surmenage, l'indignation de la colère, la joie dégénère en dissipation. Nous sommes tout particulièrement exposés à ces excès en notre siècle, où l'activité fiévreuse de nos contemporains devient contagieuse. Or ces mouvements ardents, même lorsqu'ils se portent vers le bien, fatiguent et usent l'esprit et le corps, et ne peuvent en tout cas durer longtemps, violenta non durant ; et pourtant, ce qui fait le plus de bien, c'est la continuité dans l'effort.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Sam 12 Sep 2015 - 5:41 | |
| 4° Comment modérer les passions
805. b) Il faut donc faire contrôler son activité par un sage directeur, et suivre les conseils de la sagesse.
1) Habituellement, il faut mettre, dans la culture de nos désirs et passions, une certaine modération, une sorte de tranquillité apaisée, et éviter d'être constamment tendu : il est nécessaire de ménager sa monture pour aller jusqu'au terme de la course, et par conséquent d'éviter l'empressement excessif qui use les forces ; notre pauvre machine humaine ne peut pas être constamment sous pression, si nous voulons qu'elle n'éclate pas. 2) Avant un grand effort à donner, ou après une dépense considérable d'énergie, la prudence demande qu'on impose un certain calme, un certain repos aux ambitions les plus légitimes, au zèle le plus ardent et le plus pur. C'est l'exemple que nous a laissé Notre Seigneur ; de temps en temps, il invitait ses disciples au repos : « Venite seorsum ut desertum locum et requiescite pusillium » (Marc, VI, 31). Ainsi dirigées et modérées, les passions, loin d'être un obstacle à la perfection, ne seront que des moyens efficaces pour nous en rapprocher chaque jour ; et la victoire remportée sur elles nous permettra de mieux discipliner nos facultés supérieures.
§ IV. De la mortification des facultés supérieures
Ces facultés supérieures, qui constituent l'homme en tant qu'homme, sont l'intelligence et la volonté, qui elles aussi ont besoin d'être disciplinées, parce qu'elles aussi ont été atteintes par le péché originel, n° 75.
I. Mortification ou discipline de l'intelligence
806. Notre entendement nous a été donné pour connaître la Vérité, et surtout Dieu et les choses divines. C'est Dieu qui est le vrai soleil des esprits ; il nous éclaire par une double lumière, la lumière de la raison et celle de la foi. Dans l'état présent, nous ne pouvons arriver à la vérité intégrale sans le concours de ces deux lumières ; faire fi de l'une ou de l'autre, c'est s'aveugler soi-même. Il est d'autant plus important de discipliner notre intelligence que c'est elle qui éclaire la volonté et lui permet de prendre son orientation vers le bien ; c'est elle qui, sous le nom de conscience, est la règle de notre vie morale et surnaturelle. Mais pour qu'il en soit ainsi il faut mortifier ses tendances défectueuses, dont les principales sont : l'ignorance, la curiosité et la précipitation, l'orgueil et l'opiniâtreté.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey,Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Dim 13 Sep 2015 - 8:19 | |
| 4° Comment modérer les passions
807. 1° L'ignorance se combat par l'application méthodique et constante à l'étude, et surtout à l'étude de tout ce qui se rapporte à Dieu, notre fin dernière, et aux moyens de l'atteindre. Il serait déraisonnable en effet de s'occuper de toutes les sciences et de négliger celle du salut. Assurément chacun doit étudier, dans les sciences humaines, celles qui se rapportent à ses devoirs d'état ; mais le devoir primordial étant de connaître Dieu pour l'aimer, négliger cette étude serait inexcusable. Et cependant que de chrétiens, très instruits dans telle ou telle branche des sciences, n'ont qu'une connaissance rudimentaire des vérités chrétiennes, des dogmes, de la morale et de l'ascétique ! Un progrès se manifeste aujourd'hui dans l'élite, et il y a des cercles d'étude où l'on étudie avec le plus vif intérêt toutes les questions religieuses, y compris la spiritualité. Dieu en soit béni, et puisse ce mouvement s'étendre!
808. 2° La Curiosité est une maladie de notre esprit qui ne fait qu'augmenter l'ignorance religieuse : elle nous porte en effet avec une ardeur excessive vers les connaissances qui nous plaisent beaucoup plus que vers celles qui nous sont utiles, et nous fait perdre ainsi un temps précieux. Souvent elle est accompagnée d'empressement et de précipitation qui fait que nous nous absorbons dans les études qui flattent la curiosité, au détriment de celles qui sont plus importantes. Pour en triompher, il faut : 1) étudier en premier lieu non ce qui plait, mais ce qui est utile, surtout ce qui est nécessaire : « id prius quod est magis necessarium », dit S. Bernard, et ne s'occuper du reste que par mode de récréation. Par conséquent on ne doit lire qu’avec sobriété ce qui nourrit l'imagination plus que l'esprit, comme la plupart des romans, ou ce qui se rapporte aux nouvelles et aux bruits du monde, comme les journaux et certaines revues. 2) Dans ces lectures, il faut éviter l'empressement excessif, ne pas vouloir dévorer rapidement un volume tout entier. Même quand il s'agit de bonnes lectures, il importe de les faire lentement, pour mieux comprendre et goûter ce qu'on lit (n° 582). 3) C'est ce qui sera plus facile, si on étudie non par curiosité, non pour se complaire en sa science, mais pour un motif surnaturel, pour s'édifier soi-même et édifier les autres ». Car, nous dit avec raison S. Augustin, la science doit être mise au service de la charité. Ceci est vrai même dans l'étude des questions de spiritualité : il en est en effet qui, dans ces études, cherchent plus à satisfaire leur curiosité et leur orgueil qu'à purifier leur cœur et à pratiquer la mortification.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Dim 13 Sep 2015 - 21:14 | |
| 4° Comment modérer les passions
809. 3° L'orgueil doit donc être évité, cet orgueil de l’esprit qui est plus dangereux et plus difficile à guérir que l'orgueil de la volonté, dit Scupoli (Combat spirituel, ch. IX, n°8. )
C'est cet orgueil qui rend difficiles la foi et l'obéissance aux supérieurs : on voudrait se suffire à soi-même, tant on a confiance en sa raison, et on a peine à recevoir les enseignements de la foi, ou du moins on veut les soumettre à la critique et à l'interprétation de sa raison ; de même on a tellement confiance en son jugement, qu'on n'aime guère à consulter les autres, et spécialement ses supérieurs. De là des imprudences regrettables ; de là aussi une opiniâtreté dans ses propres idées, qui nous fait condamner d'un ton tranchant les opinions qui ne sont pas conformes aux nôtres. C'est une des causes les plus fréquentes de ces divisions qu'on remarque entre chrétiens, parfois même entre auteurs catholiques. S. Augustin signalait déjà de son temps ces malheureuses divisions qui détruisent la paix, la concorde et la charité.
810. Pour guérir cet orgueil de l'esprit : 1) il faut avant tout se soumettre, avec une docilité d'enfant, aux enseignements de la foi : sans doute il est permis de chercher cette intelligence de nos dogmes qu'on obtient par une patiente et laborieuse recherche, en utilisant les travaux des Pères et des Docteurs, surtout de S. Augustin et de S. Thomas; mais il faut le faire avec piété et sobriété, nous dit le Concile du Vatican, en s'inspirant de la maxime de S. Anselme : fides quærens intellectum. Alors on évite cet esprit hypercritique qui atténue et minimise nos dogmes, sous prétexte de les expliquer ; alors on soumet son jugement non seulement aux vérités de foi mais aux directions pontificales ; alors aussi, dans les questions librement discutées, on laisse aux autres la liberté qu'on réclame pour ses propres opinions, et on ne traite pas avec un dédain transcendant les opinions contraires aux siennes. C'est ainsi que se fait la paix dans les esprits. 2) Dans les discussions qu'on a avec les autres, il faut chercher, non la satisfaction de son orgueil et le triomphe de ses idées, mais la vérité. Il est rare qu'il n'y ait point, dans les opinions adverses, une part de vérité qui nous avait échappé jusqu'ici : écouter les raisons de nos adversaires avec attention et impartialité, et leur concéder ce qu'il y a de juste dans leurs remarques est encore le meilleur moyen de se rapprocher de la vérité, comme aussi de sauvegarder les lois de l'humilité et de la charité. En résumé, il faut donc, pour discipliner son intelligence, étudier ce qui est plus nécessaire, et le faire avec méthode, constance, et esprit surnaturel, c'est-à-dire avec le désir de connaître, d'aimer et de pratiquer la vérité.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mar 15 Sep 2015 - 6:14 | |
| II. Mortification ou éducation de la volonté
811. 1° Nécessité. La volonté est dans l'homme la faculté maîtresse, la reine de toutes les autres facultés, celle qui les gouverne ; c'est elle qui, étant libre, donne non seulement à ses actes propres (ou élicites), mais encore aux actes des autres facultés qu'elle commande (actes impérés) leur liberté, leur mérite ou leur démérite. Régler la volonté, c'est donc régler 'homme tout entier. Or la volonté est bien réglée si elle est assez forte pour commander aux facultés inférieures, et assez docile pour obéir à Dieu : tel est son double rôle. L’un et l'autre est difficile ; car souvent les facultés inférieures se révoltent contre la volonté, et ne se soumettent à son empire que lorsqu'on sait joindre le tact à la fermeté : la volonté n'a pas en effet un pouvoir absolu sur les facultés sensibles, mais une sorte de pouvoir moral, pouvoir de persuasion pour les amener à la soumission (n° 56). Ce n'est donc qu'avec difficulté, et par des efforts souvent renouvelés qu'on arrive à soumettre à la volonté les facultés sensibles et les passions. Il en coûte aussi de soumettre parfaitement sa volonté à celle de Dieu : nous aspirons à une certaine autonomie, et, comme la volonté divine ne peut nous sanctifier sans nous demander des sacrifices, nous reculons souvent devant l'effort, et préférons nos goûts, nos caprices à la sainte volonté de Dieu. Ici encore par conséquent la mortification s'impose.
812. 2° Moyens pratiques. Pour bien faire l'éducation de la volonté, il faut la rendre assez souple pour obéir à Dieu en toutes choses, et assez forte pour commander au corps et à la sensibilité. Afin d'atteindre ce but, il est nécessaire d'écarter les obstacles et de prendre des moyens positifs. A) Les principaux obstacles : a) intérieurs sont : 1) L’irréflexion : on ne réfléchit pas avant d’agir, et on suit l'impulsion du moment, la passion, la routine, le caprice ; donc réfléchir avant d'agir, et se demander ce que Dieu réclame de nous ; 2) L’empressement fiévreux qui, en produisant une tension trop forte et mal dirigée, use le corps et l'âme en pure perte, et souvent nous fait dévier vers le mal ; donc du calme, de la modération même dans le bien, afin de faire feu qui dure, et non pas un feu de paille ; 3) la nonchalance, ou l'indécision, la paresse, le manque de ressort moral, qui paralyse ou atrophie les forces de la volonté ; donc fortifier ses convictions et ses énergies, comme nous allons le dire ; 4) la peur de l'insuccès, ou le manque de confiance, qui diminue singulièrement nos forces ; il faut au contraire se souvenir qu'avec le secours de Dieu on est sûr d’aboutir à de bons résultats.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mar 15 Sep 2015 - 20:54 | |
| II. Mortification ou éducation de la volonté
813. b) A ces obstacles viennent s'en joindre d'autres du dehors : 1) le respect humain, qui nous rend esclaves des autres, en nous faisant craindre leurs critiques ou leurs railleries ; on le combat en se disant que ce qui compte, c'est le jugement de Dieu, toujours sage, et non celui des hommes, toujours faillible ; 2) les mauvais exemples qui nous entraînent d'autant plus facilement qu'ils correspondent à une propension de notre nature ; se rappeler alors que le seul modèle à imiter, c'est Jésus, notre Maître et notre Chef, n° 136 ss., et que le chrétien doit faire tout le contraire de ce que fait le monde, n° 214.
814. B) Quant aux moyens positifs, ils consistent à combiner harmonieusement le travail de l'intelligence, de la volonté et de la grâce. a) A l'intelligence il appartient de fournir ces convictions profondes, qui seront à la fois un guide et un stimulant pour la volonté. Ces convictions sont celles qui sont propres à déterminer la volonté à choisir ce qui est conforme à la volonté de Dieu. Elles se résument ainsi : Dieu est ma fin et Jésus est la voie que je dois suivre pour aller jusqu'à lui ; je dois donc tout faire pour Dieu, en union avec Jésus Christ ; un seul obstacle s'oppose à ma fin, le péché : je dois donc le fuir, et, si j'ai eu le malheur de le commettre, réparer aussitôt ; un seul moyen est nécessaire et suffit pour éviter le péché, faire constamment la volonté de Dieu : je dois donc viser sans cesse à la connaître et à y conformer ma conduite. Pour y réussir, je me redirai souvent la parole de S. Paul, au moment de sa conversion : Seigneur, que voulez-vous que je fasse, Domine, quid me vis facere ? Et le soir, dans mon examen, je me reprocherai mes moindres défaillances.
815. b) Ces convictions agiront puissamment sur la volonté. Celle-ci de son côté devra agir avec décision, fermeté et constance. 1) Il faut de la décision : quand on a réfléchi et prié, selon l'importance de l'action qu'on va faire, il faut immédiatement se décider, malgré les hésitations qui pourraient persister : la vie est trop courte pour perdre un temps notable à délibérer si longuement : on se décide pour ce qui semble plus conforme à la volonté divine, et Dieu, qui voit notre bonne disposition, bénira notre action. 2) Cette décision doit être ferme il ne suffit pas de dire : je voudrais bien, je désire : ce ne sont là que des velléités. Il faut dire : je veux et je veux à tout prix ; et se mettre aussitôt à l'œuvre, sans attendre demain, sans attendre les grandes occasions : c'est la fermeté dans les petites actions qui assure la fidélité dans les grandes. (...)
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Jeu 17 Sep 2015 - 5:40 | |
| II. Mortification ou éducation de la volonté
815. b) Ces convictions agiront puissamment sur la volonté. Celle-ci de son côté devra agir avec décision, fermeté et constance. 1) Il faut de la décision : quand on a réfléchi et prié, selon l'importance de l'action qu'on va faire, il faut immédiatement se décider, malgré les hésitations qui pourraient persister : la vie est trop courte pour perdre un temps notable à délibérer si longuement : on se décide pour ce qui semble plus conforme à la volonté divine, et Dieu, qui voit notre bonne disposition, bénira notre action. 2) Cette décision doit être ferme il ne suffit pas de dire : je voudrais bien, je désire : ce ne sont là que des velléités. Il faut dire : je veux et je veux à tout prix ; et se mettre aussitôt à l'œuvre, sans attendre demain, sans attendre les grandes occasions : c'est la fermeté dans les petites actions qui assure la fidélité dans les grandes. 3) Toutefois cette fermeté n'est pas la violence : elle est calme, parce qu'elle veut durer, et, pour la rendre constante, on renouvellera souvent ses efforts, sans jamais se laisser décourager par l'insuccès : on n'est vaincu que lorsqu'on abandonne la lutte ; malgré quelques défaillances et même quelques blessures, on doit se regarder comme victorieux, parce qu'appuyé sur Dieu on est en réalité invincible. Si on avait eu le malheur de succomber un moment, on se relève aussitôt : avec le divin médecin des âmes il n'est pas de blessure, il n'est pas de maladie incurable.
816. c) C'est donc, en dernière analyse, sur la grâce de Dieu qu'il faut savoir compter; si nous la demandons avec humilité et confiance, elle ne nous sera jamais refusée, et avec elle nous sommes invincibles. Nous devons donc renouveler souvent nos convictions sur l'absolue nécessité de la grâce, en particulier au commencement de chaque action importante ; la demander avec instance en union avec Notre Seigneur, pour être plus sûr de l'obtenir ; nous rappeler que Jésus est non seulement notre modèle, mais encore notre collaborateur, et nous appuyer avec confiance sur lui, sûrs qu'en lui nous pouvons tout entreprendre et tout réaliser dans l'ordre du salut : « Omnia passum in eo qui me confortat » (Phil., IV, 13). Alors notre volonté sera forte, parce qu'elle participera à la force même de Dieu : Dominus fortitudo mea ; elle sera libre : car la véritable liberté ne consiste pas à s'abandonner aux passions qui nous tyrannisent, mais à assurer le triomphe de la raison et de la volonté sur l'instinct et la sensualité.
817. Conclusion. Ainsi se réalisera le but que nous avions assigné à la mortification : soumettre nos sens et nos facultés inférieures à la volonté, et celle-ci à Dieu. Par là nous pourrons plus facilement combattre et déraciner les sept vices ou péchés capitaux.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Ven 18 Sep 2015 - 3:43 | |
| Chapitre V
Lutte contre les péchés capitaux
818. Cette lutte n'est au fond qu'une sorte de mortification. Pour compléter la purification de l'âme et l'empêcher de retomber dans le péché, il faut s'attaquer à la source du mal en nous, qui est la triple concupiscence. Nous l'avons déjà décrite dans ses traits généraux n° 193-209 ; mais, comme elle est la racine des sept péchés capitaux, il importe de connaître et de combattre ces tendances mauvaises. Ce sont en effet des tendances, plutôt que des péchés ; cependant on les appelle pêchés, parce qu'elles nous portent au péché, et péchés capitaux, parce qu'ils sont la source ou la tête d'une foule d'autres péchés. Voici comment ces tendances se rattachent à la triple concupiscence : de la superbe naissent l’orgueil, l'envie et la colère ; la concupiscence de la chair produit la gourmandise, la luxure et la paresse ; enfin la concupiscence des yeux s'identifie avec l'avarice ou l’amour désordonné des richesses.
819. La lutte contre les sept péchés capitaux a toujours tenu une grande place dans la spiritualité chrétienne. Cassien en traite au long dans ses Conférences et ses Institutions ; il en distingue huit au lieu de sept, parce qu'il met à part l'orgueil et la vaine gloire. S. Grégoire le Grand distingue nettement les sept péchés capitaux qu'il fait tous découler de l’orgueil. S. Thomas les rattache aussi à l'orgueil, et montre comment on peut les classer philosophiquement, en tenant compte des fins spéciales vers lesquelles l'homme se porte. La volonté peut se porter vers un objet par un double mouvement : la recherche d'un bien apparent ou l'éloignement d'un mal apparent. Or le bien apparent recherché par la volonté, peut être : 1) la louange ou l'honneur, biens spirituels poursuivis d'une façon désordonnée : c'est la fin spéciale du vaniteux ; 2) les biens corporels, ayant pour but la conservation de l'individu ou celle de l'espèce, recherchés d'une façon excessive, sont les fins respectives du gourmand et du luxurieux ; 3) les biens extérieurs, aimés d'une manière déréglée, sont la fin de l'avare. Le mal apparent qu'on fuit, peut être : 1) l'effort nécessaire pour l'acquisition du bien, effort que fuit le paresseux ; 2) la diminution de l'excellence personnelle que redoutent et fuient le jaloux et le coléreux, quoique d'une manière différente. Ainsi la distinction des sept péchés capitaux se tire des sept fins spéciales que poursuit le pécheur. En pratique nous suivrons la division qui rattache les vices capitaux à la triple concupiscence, comme étant plus simple.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Ven 18 Sep 2015 - 20:55 | |
| Chapitre V
L'orgueil et les vices qui s'y attachent
I. L'orgueil lui-même
820. L'orgueil est une déviation de ce sentiment légitime qui nous porte à estimer ce qu'il y a de bon en nous, et à rechercher l'estime des autres dans la mesure où elle est utile aux bonnes relations que nous devons avoir avec eux. Assurément on peut et on doit estimer ce que Dieu a mis de bon en nous, en reconnaissant qu'il en est le premier principe et la dernière fin : c'est un sentiment qui honore Dieu, et qui nous porte à nous respecter nous-mêmes. On peut aussi désirer que les autres voient ce bien, l'apprécient, et en rendent gloire à Dieu, de même que nous devons reconnaître et estimer les qualités du prochain : cette estime mutuelle ne fait que favoriser les bonnes relations qui existent entre les hommes. Mais il peut y avoir déviation ou excès dans ces deux tendances. On oublie parfois que Dieu est l'auteur de ces dons, et on se les attribue à soi-même : ce qui est un désordre, puisque c'est nier au moins implicitement que Dieu soit notre premier principe. De même on est tenté d'agir pour soi, ou pour gagner l'estime des autres au lieu d'agir pour Dieu, et de lui rapporter tout l'honneur de ce que nous faisons : c'est un désordre, puisque c'est nier, implicitement du moins, que Dieu soit notre dernière fin. Tel est le double désordre qui se trouve dans ce vice. On peut donc le définir : un amour désordonné de soi-même qui fait qu'on s'estime, explicitement ou implicitement, comme si on était son premier principe ou sa dernière fin. C'est une sorte d'idolâtrie, parce qu'on se regarde comme son dieu, ainsi que le fait remarquer Bossuet, n° 204. Pour mieux combattre l'orgueil, nous exposerons : 1° ses formes principales ; 2° les défauts qu'il engendre ; 3° sa malice ; 4° ses remèdes.
I. Les principales formes de l'orgueil
821. 1° La première forme consiste à se regarder soi-même, explicitement ou implicitement, comme son premier principe. A) Il en est peu qui explicitement s'aiment d'une façon assez désordonnée pour se regarder comme leur premier principe. a) C'est le péché des athées qui volontairement rejettent Dieu, parce qu'ils ne veulent pas de maître : ni Dieu ni Maître ; c’est d'eux que parle le Psalmiste quand il dit : « L'insensé a dit en son cœur : il n’y a pas de Dieu, Dixit insipiens in cordo suo : non est Deus » (Ps. XIII, 1). (...)
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Dim 20 Sep 2015 - 3:41 | |
| I. Les principales formes de l'orgueil
821. 1° La première forme consiste à se regarder soi-même, explicitement ou implicitement, comme son premier principe. A) Il en est peu qui explicitement s'aiment d'une façon assez désordonnée pour se egarder comme leur premier principe. a) C'est le péché des athées qui volontairement rejettent Dieu, parce qu'ils ne veulent pas de maître : ni Dieu ni Maître ; c’est d'eux que parle le Psalmiste quand il dit : « L'insensé a dit en son cœur : il n’y a pas de Dieu, Dixit insipiens in cordo suo : non est Deus » (Ps. XIII, 1). b) Ce fut équivalemment le péché de Lucifer, qui, voulant être autonome, refusa de se soumettre à Dieu ; de nos premiers parents, qui, désirant être comme des dieux, voulurent connaître par eux-mêmes le bien et le mal ; des hérétiques, qui, comme Luther, refusèrent de reconnaître l'autorité de l'Eglise établie par Dieu ; c'est celui des rationalistes, qui, fiers de leur raison, ne veulent pas la soumettre à la foi. C'est aussi le péché de certains intellectuels, qui, trop orgueilleux pour accepter l'interprétation traditionnelle des dogmes, les atténuent et les déforment pour les harmoniser avec leurs exigences.
822. B) Un plus grand nombre tombent implicitement dans ce défaut, en agissant comme si les dons naturels et surnaturels dont Dieu nous a gratifiés, étaient complètement nôtres. Sans doute on reconnaît en théorie que Dieu est notre premier principe ; mais en pratique, on s'estime démesurément comme si on était soi-même l'auteur des qualités qui sont en nous. a) Il en est qui se complaisent dans leurs qualités et leurs mérites, comme s'ils en étaient les seuls auteurs : « L'âme se voyant belle, dit Bossuet, s'est délectée en elle-même, et s'est endormie dans la contemplation de son excellence : elle a cessé un moment de se rapporter à Dieu : elle a oublié sa dépendance ; elle s’est premièrement arrêtée et ensuite livrée à elle-même. Mais en cherchant d'être libre jusqu'à s'affranchir de Dieu et des lois de la justice, l'homme est devenu captif de son péché » (Tr. de la concupiscence, ch. XI).
823. b) Plus grave est l'orgueil de ceux qui s'attribuent à eux-mêmes la pratique de la vertu, comme les Stoïciens ; ou qui s'imaginent que les dons gratuits de Dieu sont le fruit de nos mérites, que nos bonnes œuvres nous appartiennent plus qu'à Dieu, alors qu'en réalité il en est la cause principale ; qu'on y prend ses complaisances comme si elles étaient uniquement nôtres.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Lun 21 Sep 2015 - 5:16 | |
| I. Les principales formes de l'orgueil
824. C) C'est ce même principe qui fait qu'on exagère ses qualités personnelles.
a) On ferme les yeux sur ses défauts, on regarde ses qualités avec des verres grossissants ; on en vient à s'attribuer des qualités qu'on n'a pas, ou du moins qui n'ont que l'apparence de la vertu : ainsi on fait l’aumône par ostentation et on croit être charitable, alors qu'on est orgueilleux ; on s'imagine être un saint, parce qu'on a des consolations sensibles, ou parce qu'on a écrit de belles pensées ou de bonnes résolutions, et en réalité on est encore aux premiers échelons de la perfection. D'autres croient avoir l'esprit large, parce qu’ils font peu de cas des petites règles, voulant se sanctifier par les grands moyens. b) De là à se préférer injustement aux autres il n'y a qu'un pas : on examine les défauts des autres à la loupe, et c'est à peine si on prend conscience de ses propres défauts ; on voit la paille qui est dans l'œil du voisin, mais non la poutre qui est dans le nôtre. Parfois on en vient, comme le Pharisien, à mépriser ses frères ; d’autres fois, sans aller aussi loin, on les rabaisse injustement dans son estime et on se croit meilleur qu'eux, alors qu'en réalité on leur est inférieur. C'est en vertu du même principe qu'on cherche à les dominer, à faire reconnaître sa supériorité sur eux. c) Par rapport aux Supérieurs, cet orgueil se traduit par un esprit critique et frondeur, qui fait qu'on épie leurs moindres gestes ou démarches pour les blâmer : on veut tout juger, tout contrôler. Par là on se rend l'obéissance beaucoup plus difficile, on a peine à se soumettre à leur autorité, à leurs décisions, à leur demander des permissions, on aspire à l'indépendance, c'est à dire, au fond, à être son premier principe.
825. 2° La seconde forme de l'orgueil consiste à se regarder soi-même explicitement ou implicitement comme sa dernière fin, en faisant ses actions sans les rapporter à Dieu, et en désirant être loué comme si elles étaient complètement nôtres. Ce défaut découle du premier ; car qui se regarde comme son premier principe veut aussi en être la dernière fin. Ici il faudrait renouveler les distinctions que nous avons déjà faites.
A) Bien peu se regardent explicitement comme leur dernière fin, sauf les athées et les incroyants.
B) Mais beaucoup agissent en pratique comme s'ils participaient à cette erreur. a) Ils veulent être loués, complimentés sur leurs bonnes œuvres, comme s'ils en étaient les principaux auteurs, et comme s'ils avaient le droit d’agir pour leur propre compte, pour satisfaire leur vanité. Au lieu de tout rapporter à Dieu, ils entendent bien qu'on les félicite de leurs prétendus succès, comme s'ils avaient droit à tout l'honneur qui en revient. b) Ils agissent par égoïsme, pour leurs propres intérêts, se souciant fort peu de la gloire de Dieu, et encore moins du bien de leur prochain. Ils en viennent même à cet excès qu'ils s'imaginent en pratique que les autres doivent organiser leur vie pour leur plaire ou leur rendre service ; ils se font ainsi le centre des autres, et, pour ainsi dire, leur fin. N'est-ce pas là usurper inconsciemment les droits de Dieu. (...)
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Lun 21 Sep 2015 - 19:46 | |
| I. Les principales formes de l'orgueil
825. 2° (...) c) Sans aller aussi loin, des personnes pieuses se recherchent elles-mêmes dans la piété, se plaignent de Dieu quand il ne les inonde pas de consolations, se désolent quand elles sont dans la sécheresse, et s'imaginent ainsi faussement que le but de la piété c'est de jouir des consolations tandis qu'en réalité la gloire de Dieu doit être notre fin suprême en toutes nos actions, mais surtout dans la prière et les exercices spirituels.
826. Il faut donc l'avouer, l'orgueil, sous une forme ou sous une autre, est un défaut très commun, même parmi ceux qui s'adonnent à la perfection, et un défaut qui nous suit à travers toutes les étapes de la vie spirituelle, et qui ne meurt qu'avec nous. Les commençants n'en ont guère conscience, parce qu'ils ne s'étudient pas d'une façon assez profonde. Il importe d'attirer leur attention sur ce point, de leur signaler les formes les plus ordinaires de ce défaut, pour en faire le sujet de leur examen particulier.
II. Les défauts qui naissent de l'orgueil
Les principaux sont la présomption, l'ambition et la vaine gloire. 827. 1° La présomption est le désir et l'espoir désordonné de vouloir faire des choses au-delà de ses forces. Elle naît de ce que l'on a trop bonne opinion de soi-même, de ses facultés naturelles, de sa science, de ses forces, de ses vertus. a) Au point de vue intellectuel on se croit capable d'aborder et de résoudre les plus difficiles problèmes, les questions les plus ardues, ou du moins d'entreprendre des études disproportionnées à ses talents. On se persuade facilement qu'on a beaucoup de jugement et de sagesse, et, au lieu de savoir douter, on tranche avec aplomb les questions les plus controversées. b) Au point de vue moral, on s'imagine qu'on a assez de lumière pour se conduire, et qu'il n'est guère utile de consulter un directeur. On se persuade que, malgré ses fautes passées, on n'a pas de rechutes à craindre, et on se jette imprudemment dans des occasions de péché, où l'on succombe ; de là des découragements et des dépits qui sont souvent la cause de nouvelles chutes. c) Au point de vue spirituel, on n'a que peu de goût pour les vertus cachées et crucifiantes, on préfère les vertus d'éclat ; et, au lieu de bâtir sur le fondement solide de l'humilité, on rêve de grandeur d'âme, de force de caractère, de magnanimité, de zèle apostolique et de succès imaginaires qu'on escompte pour l'avenir. Mais aux premières graves tentations on s'aperçoit vite combien la volonté est encore faible et chancelante. Parfois aussi on méprise les oraisons communes et ce qu'on appelle les petites pratiques de piété ; on aspire à des grâces extraordinaires, alors qu'on est encore aux débuts de la vie spirituelle.
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mar 22 Sep 2015 - 20:32 | |
| II. Les défauts qui naissent de l'orgueil
828. 2° Cette présomption, jointe à l'orgueil, engendre l'ambition, c'est-à-dire l'amour désordonné des honneurs, des dignités, de l'autorité sur les autres. Parce qu'on présume trop de ses forces, et qu'on se juge supérieur aux autres, on veut les dominer, les gouverner, leur imposer ses propres idées. Le désordre de l'ambition peut se manifester de trois manières, nous dit S. Thomas (Sum. theol. IIa IIæ, q. 131, a. 1) : 1) on recherche les honneurs qu'on ne mérite pas, et qui dépassent nos moyens ; 2) on les recherche pour soi, pour sa propre gloire, et non pour la gloire de Dieu ; 3) on s'arrête à la jouissance des honneurs pour eux-mêmes, sans les faire servir au bien des autres, contrairement à l'ordre établi par Dieu, qui demande que les supérieurs travaillent au bien de leurs inférieurs. Cette ambition se porte dans tous les domaines : 1) dans le domaine politique, où l'on aspire à gouverner les autres, et cela parfois au prix de bien des bassesses, de bien des compromissions, de bien des lâchetés qu'on commet pour obtenir les suffrages des électeurs ; 2) dans le domaine intellectuel, en cherchant avec obstination à imposer aux autres ses idées, même dans les questions librement controversées ; 3) dans la vie civile, où l'on recherche avec avidité les premières places, les fonctions d'éclat, les hommages de la foule ; 4) et même dans la vie ecclésiastique, car, comme le dit Bossuet, « combien a-t-il fallu prendre de précautions pour empêcher dans les élections, même ecclésiastiques et religieuses, l'ambition, les cabales, les brigues, les secrètes sollicitations, les promesses et les pratiques les plus criminelles, les pactes simoniaques, et les autres dérèglements trop communs en cette matière, sans qu'on puisse se vanter d'avoir peut-être fait autre chose que de couvrir ou pallier ces vices, loin de les avoir entièrement déracinés » (Tr. Concup., ch. XVI). Et, comme le remarque S. Grégoire, n'en est-il pas aussi, même dans le clergé, qui veulent être appelés docteurs, et recherchent avidement les premières places et les compliments. C'est donc un défaut plus commun qu'on ne le croirait tout d'abord, et qui se rattache aussi à la vanité.
829. 3° La vanité est l'amour désordonné de l'estime des autres. Elle se distingue de l'orgueil qui se complaît dans sa propre excellence. Mais généralement elle découle de celui-ci : quand on s'estime soi-même d'une façon excessive, on désire naturellement être estimé des autres.
830. A) Malice de la vanité. Il y a un désir d'être estimé qui n'est pas un désordre : si l'on désire que nos qualités, naturelles ou surnaturelles, soient reconnues pour que Dieu en soit glorifié, et que notre influence pour faire le bien en soit augmentée, il n'y a pas là en soi un péché ; il est en effet dans l'ordre que ce qu'il y a de bon soit estimé, pourvu qu'on reconnaisse que Dieu en est l'auteur et que lui seul doit en être loué. Tout au plus peut-on dire qu'il est dangereux d'arrêter sa pensée à des désirs de ce genre, parce qu'on risque de désirer l'estime des autres pour des fins égoïstes. (...)
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Mer 23 Sep 2015 - 19:52 | |
| II. Les défauts qui naissent de l'orgueil
830. (...) Le désordre consiste donc à vouloir être estimé pour soi-même, sans renvoyer cet honneur à Dieu qui a mis en nous tout ce qu'il y a de bon ; ou à vouloir être estimé pour des choses vaines qui ne méritent pas la louange ; ou enfin à rechercher l'estime de ceux dont le jugement n'a pas de valeur, des mondains, par exemple, qui n'apprécient que les choses vaines. Nul n'a mieux décrit ce défaut que S. François de Sales : « Nous appelons vaine la gloire qu'on se donne, ou pour ce qui n'est pas en nous, ou pour ce qui est en nous, mais non pas à nous, ou pour ce qui est en nous et à nous, mais qui ne mérite pas qu'on s'en glorifie. La noblesse de la race, la faveur des grands, l'honneur populaire, ce sont choses qui ne sont pas en nous, mais ou en nos prédécesseurs, ou en l'estime d'autrui. Il y en a qui se rendent fiers et morgans pour être sur un bon cheval, pour avoir un pennache en leur chapeau, pour être habillés somptueusement ; mais qui ne voit cette folie ? Car s'il y a de la gloire pour cela, elle est pour le cheval, pour l'oyseau et pour le tailleur ... Les autres se prisent et regardent pour des moustaches relevées, pour une barbe bien peignée, pour des cheveux crespés, pour des mains douillettes, pour savoir danser, jouer, chanter ; mais ne sont-ils pas lâches de courage, de vouloir enchérir leur valeur et donner du surcroît à leur réputation par des choses si frivoles et si folâtres ? Les autres, pour un peu de science, veulent être honorés et respectés du monde, comme si chacun devait aller à l'école chez eux et les tenir pour maîtres ; c'est pourquoi on les appelle pédants. Les autres se pavonnent sur la considération de leur beauté, et croient que tout le monde, les muguette. Tout cela est extrêmement vain, sot et impertinent, et la gloire qu'on prend de si faibles sujets s'appelle vaine, sotte et frivole ».
831. B) Défauts qui découlent de la vanité. La vanité produit plusieurs défauts, qui en sont comme la manifestation extérieure, en particulier la vantardise, l’ostentation et l'hypocrisie. 1) La vantardise ou jactance est l'habitude de parler de soi ou de ce qui peut tourner à son avantage en vue de se faire estimer. Il en est qui parlent d’eux-mêmes, de leur famille, de leurs succès avec une candeur qui fait sourire les auditeurs ; d'autres qui habilement font glisser la conversation sur un sujet où ils peuvent briller ; d'autres encore qui timidement parlent de leurs défauts avec l'espoir secret qu'on les excusera en relevant leurs bonnes qualités. Celui qui se blâme, dit S. Fr. de Sales (Esprit, c. XIX) cherche indirectement la louange, et fait comme celui qui rame, lequel tourne le dos au lieu où il tend de toutes ses forces. Il serait bien fâché que l'on croie le mal qu'il dit de lui, et c'est par orgueil qu'il veut être estimé humble. » 2) L'ostentation consiste à attirer sur soi l'attention par certaines manières d'agir, par le faste qu'on déploie, par les singularités qu'on se permet. 3) L'hypocrisie prend les dehors ou les apparences de la vertu, tout en cachant là-dessous des vices secrets très réels.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Jeu 24 Sep 2015 - 20:47 | |
| III. La malice de l’orgueil
Pour bien juger de cette malice, on peut considérer l'orgueil en lui-même ou dans ses effets.
832. 1° En lui-même : A) l'orgueil proprement dit, celui qui consciemment et volontairement usurpe, même implicitement, les droits de Dieu, est un péché grave, le plus grave même des péchés, dit S. Thomas, parce qu'il ne veut pas se soumettre au souverain domaine de Dieu. a) Ainsi vouloir être indépendant, refuser d’obéir à Dieu ou à ses représentants légitimes en matière grave, est un péché mortel, puisque par là on se révolte contre Dieu, notre légitime souverain. b) C'est une faute grave aussi que de s'attribuer à soi-même ce qui manifestement vient de Dieu, et surtout les dons de la grâce : car c'est nier implicitement que Dieu soit le premier principe de tout le bien qui est en nous. Plusieurs cependant le font, en disant, par exemple : je suis le fils de mes œuvres. c) On pèche encore gravement quand on veut agir pour soi, à l'exclusion de Dieu ; c'est en effet nier son droit d'être notre fin dernière.
833. B) L'orgueil atténué, qui tout en reconnaissant Dieu comme premier principe ou dernière fin, ne lui rend pas tout ce qui lui est dû, et lui dérobe implicitement une portion de sa gloire, est une faute vénielle bien caractérisée. Tel est le cas de ceux qui se glorifient de leurs bonnes qualités ou de leurs vertus, comme s'ils étaient persuadés que tout cela leur appartient en propre ; ou bien de ceux qui sont présomptueux, vaniteux, ambitieux, sans rien faire cependant qui soit contraire à une loi divine ou humaine en matière grave. Toutefois ces péchés peuvent devenir mortels, s'ils poussent à des actes gravement répréhensibles. Ainsi la vanité, qui en soi n'est que faute vénielle, devient faute grave, quand elle fait contracter des dettes qu'on ne pourra pas payer, ou quand on cherche à exciter dans les autres un amour désordonné. Il faut donc aussi examiner l'orgueil dans ses résultats.
834. 2° Dans ses effets : A) l'orgueil qui n'est pas réprimé, aboutit parfois à des effets désastreux. Que de guerres ont été suscitées par l'orgueil des gouvernants et quelquefois des peuples eux-mêmes ? Sans aller aussi loin, que de divisions dans les familles, que de haines entre particuliers doivent être attribuées à ce vice ? Les Pères enseignent avec raison qu'il est la racine de tous les autres vices, et que de plus il corrompt beaucoup d'actes vertueux, parce qu'il nous les fait accomplir avec une intention égoïste.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Sam 26 Sep 2015 - 3:10 | |
| III. La malice de l’orgueil
835. B) Si nous nous plaçons au point de vue de la perfection, qui est celui qui nous occupe, on peut dire que l'orgueil est le grand ennemi de la perfection, parce qu'il produit en notre âme une désolante stérilité et est la source de nombreux péchés. a) Il nous prive en effet de beaucoup de grâces et de beaucoup de mérites : 1) De beaucoup de grâces, parce que Dieu, qui donne avec libéralité sa grâce aux humbles, la refuse aux superbes : « Deus superbis resistit, humilibus autem dat gratiam » (Jac., IV, 6). Pesons bien ces paroles : Dieu résiste aux superbes, parce que, nous dit M. Olier, le superbe s'attaquant directement à Dieu, et en voulant à sa propre personne, il résiste à ses prétentions insolentes et horribles ; et comme il se veut conserver en ce qu'il est, il abat et détruit ce qui s'élève contre lui ». 2) De beaucoup de mérites : l'une des conditions essentielles du mérite, c'est la pureté d'intention ; or l'orgueilleux agit pour soi, ou pour plaire aux hommes, au lieu d'agir pour Dieu, et il mérite ainsi le reproche adressé aux Pharisiens qui faisaient leurs bonnes œuvres avec ostentation, pour être vus des hommes, et qui, pour cette raison, ne pouvaient attendre d'être récompensés par Dieu (Matth., VI, 1-2).
836. b) C'est aussi une source de nombreuses fautes : 1) fautes personnelles : par présomption on s'expose au danger et on y succombe ; par orgueil, on ne demande pas instamment les grâces dont on a besoin, et on tombe ; puis on se décourage, et on est exposé à dissimuler ses péchés en confession ; 2) fautes contre le prochain : par orgueil, on ne veut pas céder même quand on a tort, on est mordant en conversation, on s'y livre à des discussions âpres et violentes qui amènent des dissensions et des discordes ; de là des paroles amères, injustes même contre ses rivaux pour les abaisser, des critiques acerbes contre les Supérieurs et refus d'obéir à leurs ordres.
837. e) C'est enfin une cause de malheur pour qui s'adonne habituellement à l'orgueil : comme il veut être grand en tout et dominer ses semblables, il n'y a plus pour lui ni paix ni repos. Il n'est pas tranquille en effet tant qu'il n'a pu triompher de ses rivaux, et comme il n'y arrive jamais complètement, il est troublé, agité, malheureux. Il importe donc de chercher un remède à ce vice si dangereux.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Sam 26 Sep 2015 - 18:45 | |
| IV. Les remèdes de l'orgueil
838. Nous avons déjà dit (n° 207) que le grand remède de l'orgueil, c'est de reconnaître que Dieu est l'auteur de tout bien, et que par conséquent à lui seul appartient tout honneur et toute gloire. De nous-mêmes nous ne sommes que néant et péché, et ne méritons par conséquent que l'oubli et le mépris (n° 208).
839. 1° Nous ne sommes que néant. C'est ce dont les commençants doivent se convaincre dans la méditation, en ruminant lentement, à la lumière divine, les pensées suivantes : je ne suis rien, je ne puis rien, je ne vaux rien. A) Je ne suis rien : sans doute il a plu à la bonté divine de me choisir entre des milliards de possibles pour me donner l'existence, la vie, une âme spirituelle et immortelle, et je dois l'en bénir tous les jours. Mais : a) je sors du néant, et de mon propre poids je tends au néant, et j'y retomberais infailliblement si mon Créateur ne me conservait par son action incessante ; mon être ne m'appartient donc pas, mais est tout entier à Dieu, et c'est à lui que je dois en faire hommage. b) Cet être que Dieu m’a donné est une réalité vivante, un immense bienfait, dont je ne saurais trop le remercier; mais, si admirable soit-il, cet être comparé à l'Etre divin, est comme un néant, « Tanquam nihilum ante te » (Ps. XXXVIII, 6), tant il est imparfait : 1) c'est un être contingent, qui pourrait disparaître sans que rien ne manquât à la perfection du monde ; 2) c'est un être d'emprunt, qui ne m'est donné que sous la réserve expresse du souverain domaine de Dieu ; 3) c'est un être fragile, qui ne peut subsister par lui-même et qui a besoin d'être soutenu à chaque instant par celui qui l'a créé. C'est donc un être essentiellement dépendant de Dieu et qui n'a d'autre raison d'exister que pour rendre gloire à son auteur. Oublier cette dépendance, agir comme si nos qualités étaient complètement nôtres, et nous en vanter, est donc une erreur inconcevable, une folie et une injustice.
840. Ce que nous disons de l'homme dans l'ordre de la nature est plus vrai encore dans l'ordre de la grâce : cette participation à la vie divine, qui fait ma noblesse et ma grandeur, est un don essentiellement gratuit, que je tiens de Dieu et de Jésus Christ, que je ne puis garder longtemps sans la grâce divine, qui ne grandit en moi que par le concours surnaturel de Dieu (n° 126-128), et c'est donc le cas de dire « gratias Deo super inenarrabili dono ejus » (II Cor., IX, 15). Quelle ingratitude et quelle injustice que de s'attribuer à soi-même la moindre parcelle de ce don essentiellement divin ? (I Cor., IV, 7).
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Lun 28 Sep 2015 - 4:58 | |
| IV. Les remèdes de l'orgueil
841. B) Je ne puis rien par moi-même : sans doute j'ai reçu de Dieu des facultés précieuses qui me permettent de connaître et aimer la vérité et la bonté ; ces facultés ont été perfectionnées par les vertus surnaturelles et les dons du Saint Esprit ; et nous ne saurions trop admirer ces dons de la nature et de la grâce qui se complètent et s'harmonisent si bien. Mais de moi-même, de ma propre initiative, je ne puis rien pour le mettre en marche et le perfectionner ; rien dans l'ordre naturel sans le concours de Dieu ; rien dans l'ordre surnaturel sans la grâce actuelle, pas même former une bonne pensée salutaire, un bon désir surnaturel. Et, le sachant, je pourrais m'enorgueillir de ces facultés naturelles et surnaturelles, comme si elles étaient entièrement ma propriété ? Ici encore ce serait ingratitude, folie, injustice.
842. C) Je ne vaux rien : sans doute si je considère ce que Dieu a mis en moi, ce qu'il y opère par sa grâce, je suis d'un grand prix, je suis une valeur (I Cor., VI, 20) : je vaux ce que j'ai coûté, et j'ai coûté le sang d'un Dieu ! Mais est-ce que l'honneur de ma rédemption et de ma sanctification revient à moi ou à Dieu ? La réponse ne saurait être douteuse. Mais enfin, dit l’amour-propre vaincu, j'ai cependant quelque chose qui est à moi et me donne de la valeur, c’est mon libre consentement au concours et à la grâce de Dieu ? Assurément nous y avons quelque part, mais non la principale : ce libre consentement n'est que l'exercice des facultés que Dieu nous a gratuitement données, et, au moment même où nous le donnons, c'est Dieu qui l'opère en nous comme cause principale : « operatur in vobis et velle et perficere » (Phil., II, 13). Et, pour une fois que nous consentons à suivre l'impulsion de la grâce, que de fois nous lui avons résisté, que de fois nous n'y coopérons qu'imparfaitement ? Vraiment il n'y a pas là de quoi nous vanter, mais nous humilier. Quand un grand maître a peint un chef-d'œuvre, c'est à lui qu'on l'attribue, et non aux artistes de troisième ou de quatrième ordre qui ont été ses collaborateurs. A plus forte raison devons-nous attribuer nos mérites à Dieu, comme cause première et principale, si bien que, comme le chante l'Eglise après S. Augustin, Dieu couronne ses dons quand il couronne nos mérites : « coronando merita coronas dona tua ». Ainsi donc de quelque côté que nous nous considérions, et quel que soit le prix immense des dons qui sont en nous, de nos mérites eux-mêmes, nous n'avons pas le droit de nous en vanter, mais le devoir d'en faire hommage à Dieu et de l'en remercier du fond du cœur. Nous avons aussi à lui demander pardon du mauvais usage que nous avons fait de ces dons.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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| Sujet: Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey Lun 28 Sep 2015 - 20:28 | |
| IV. Les remèdes de l'orgueil
843. 2° Je suis pécheur, et, comme tel, je mérite le mépris, tous les mépris dont il plaira à Dieu de m'accabler. Pour nous en convaincre, il suffit de se rappeler ce que nous avons dit du péché mortel et véniel. A) Si j'ai eu le malheur de commettre un seul péché mortel, je mérite d'éternelles humiliations, puisque j'ai mérité l'enfer. Sans doute j'ai la douce confiance que Dieu m'a pardonné ; mais il n'en reste pas moins vrai que j’ai commis un crime de lèse majesté divine, une sorte de déicide, une sorte de suicide spirituel, n° 719, et que, pour expier l'offense à la majesté divine, je dois être prêt à accepter, à désirer même toutes les humiliations possibles, les médisances, les calomnies, les injures, les insultes : tout cela est bien au-dessous de ce que mérite celui qui une seule fois a offensé l'infinie majesté de Dieu. Et si je l'ai offensée un grand nombre de fois, quelle ne doit pas être ma résignation, ma joie même quand j'ai l'occasion d'expier mes péchés par des opprobres de courte durée ?
844. B) Nous avons tous commis des péchés véniels, et sans doute, de propos délibéré, préférant volontairement notre volonté et notre plaisir à la volonté et à la gloire de Dieu. C'est là, avons-nous dit, n° 715, une offense à la majesté divine, offense qui mérite des humiliations si profondes que, malgré toute une vie passée dans la pratique de l'humilité, nous ne pourrions de nous-mêmes rendre à Dieu toute la gloire dont nous l'avons injustement dépouillé. Si ce langage paraît exagéré, qu'on se rappelle les larmes et la pénitence austère des Saints qui n'avaient commis que des fautes vénielles, et qui ne croyaient jamais en faire assez pour purifier leur âme et réparer les outrages infligés à la majesté divine. Ces Saints y voyaient plus clair que nous, et si nous pensons autrement qu'eux, c'est que nous sommes aveuglés par notre orgueil. Nous devons donc, comme pécheurs, non seulement ne pas rechercher l'estime des autres, mais nous mépriser nous-mêmes et accepter toutes les humiliations qu'il plaira à Dieu de nous envoyer.
II. L'Envie
845. L'envie est à la fois une passion et un vice capital. Comme passion, c'est une sorte de tristesse profonde qu'on éprouve dans la sensibilité à la vue du bien qu'on remarque chez les autres ; cette impression est accompagnée d'un resserrement de cœur qui diminue son activité et produit un sentiment d'angoisse. Ici nous nous occupons surtout de l'envie en tant que vice capital, et nous exposerons : 1° sa nature ; 2° sa malice ; 3° ses remèdes.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey, Desclée and Co, 1923
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