e viens de trouver la citation qui suit, dans "Vers l'invisible", le Journal de J. Green, en octobre 1958. Si je la place ici, c'est qu'elle exprime à peu près exactement ce que j'ai traversé au moment de ma conversion. Fondamentalement, ce que je n'ai jamais bien su exprimer jusqu'à ce jour, je le retrouve ici. En ce qui me concerne, j'écrivais que j'avais vu sur mon crucifix: 'un homme en train de donner sa vie parce qu'Il ne supportait pas que je demeure malheureux à cause du péché'. Je ne mettais pas le péché en évidence, mais sa conséquence - mon sentiment de malheur quasi permanent. Or, voici ce que Julien Green a lu dans un livre de Martin Buber:
"Ce que veut le mauvais instinct, ce n'est pas tellement de nous précipiter dans le péché, mais c'est de nous faire tomber dans le désespoir à travers le péché".
Je trouve cette déclaration vraiment précise et exacte, car la seule différence qui sépare nettement Judas de Pierre, c'est que Pierre a regretté d'avoir renié Jésus trois fois, tandis que Judas s'est laissé entraîner dans le désespoir. De même, sur la croix, ce qui différencie le bon larron du mauvais, c'est que ce dernier raille encore l'Innoncent crucifié à son côté, tandis que l'autre, devant l'ignominie de la mise à mort de Jésus, change de cœur dans l'autre sens : il reconnaît que 'pour nous c'est juste', et il implore le Seigneur. Donc, basculement du 'tout est perdu pour moi' à la demande du salut.