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| La foi et le doute | |
| | Auteur | Message |
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boisvert Martyr du forum
| Sujet: La foi et le doute Jeu 10 Fév 2011 - 11:01 | |
| Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 7,24-30. Jésus se rendit dans la région de Tyr. Il était entré dans une maison, et il voulait que personne ne sache qu'il était là; mais il ne réussit pas à se cacher. En effet, la mère d'une petite fille possédée par un esprit mauvais avait appris sa présence, et aussitôt elle vint se jeter à ses pieds. Cette femme était païenne, de nationalité syro-phénicienne, et elle lui demandait d'expulser le démon hors de sa fille. Il lui dit : « Laisse d'abord les enfants manger à leur faim, car il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. » Mais elle lui répliqua : « C'est vrai, Seigneur, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des petits enfants. » Alors il lui dit : « A cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. » Elle rentra à la maison, et elle trouva l'enfant étendue sur le lit : le démon était sorti d'elle. Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
De nouveau, dans cet Évangile, un merveilleux dialogue en vue d'un guérison merveilleuse. A la demande de cette mère, Jésus oppose le fait qu'il a d'abord été envoyé aux Juifs pour obtenir leur conversion. Or, à cette époque, les chiens étaient des animaux méprisés et les étrangers s'entendaient traiter de petits chiens.
Ce que je trouve merveilleux, c'est que Jésus, selon ce que je ressens, a senti comment éveiller la foi de cette 'païenne'. L'argumentation qu'il lui oppose prépare la sienne et l'on dirait quasiment une partition à deux voix. Je note également que les étrangers dans l'Évangile sont souvent plus prompts à adhérer à la foi que le peuple à qui la promesse de la venue du Messie avait été faite depuis de très nombreuses générations, et qui donc, guidé en cela par les scribes, auraient dû accueillir Jésus dès son apparition. Mais non, celui qui est proposé comme modèle de foi à l'Église, ce sera le centurion romain, lui qui d'emblée va croire à la guérison, à distance, sur un simple mot, de son serviteur.
Comparer ces deux rencontres de Jésus (celle avec le centurion romain, et ici la syro-phénicienne) nous conduirait à constater que dans l'épisode de la guérison du serviteur du centurion, il y a également une intercession, mais la déclaration de foi sort d'emblée de la bouche du demandeur: "Il est inutile que tu entres chez moi: dis seulement un mot et mon serviteur se remettra".
Dans l'épître aux Hébreux (chap 11), saint Paul dit clairement: "en Hébreux 11: "La foi est une ferme assurance des choses qu'on espère, Une démonstration de celles qu'on en voit pas." Tandis que saint Jacques déclare à l'inverse, au sujet du doute : ""Celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d’autre…c’est un homme irrésolu, inconstant dans toutes ses voies." (Jacques 1.6)
Puisse le Seigneur nous accorder d'avancer toujours dans la foi - car cette époque est pour ceux qui ont la foi, et balaiera ceux qui doutent. | |
| | | Cessounette Martyr du forum
| Sujet: Re: La foi et le doute Jeu 10 Fév 2011 - 12:57 | |
| - boisvert a écrit:
Cette femme était païenne, de nationalité syro-phénicienne, et elle lui demandait d'expulser le démon hors de sa fille. Il lui dit : « Laisse d'abord les enfants manger à leur faim, car il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. » Mais elle lui répliqua : « C'est vrai, Seigneur, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des petits enfants. » Alors il lui dit : « A cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. » Je n'ai jamais compris ce passage... Quel rapport entre ce que veut la femme - Citation :
- elle lui demandait d'expulser le démon hors de sa fille
et ce que lui dit Jésus ? - Citation :
- « Laisse d'abord les enfants manger à leur faim, car il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. »
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| | | gerardh Apôtre
| Sujet: Re: La foi et le doute Jeu 10 Fév 2011 - 13:41 | |
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Bonjour Cessounette,
Ma conviction est qu'il y aura une époque à venir où Dieu rétablira ses relations avec son peuple terrestre Israël. Ce sera alors le règne effectif du Christ sur la terre, où Israël sera le premier, mais aussi où tous les croyants auront leur part, même si ce sera sous la prédominance d'Israël.
Dans cette perspective prophétique, la femme syro-phénicienne se metttait de manière très humble et clairvoyante à sa véritable place, qui était d'être de considérer qu'Israël aurait une place particulière, sans pour autant que les autres nations en tirent un désavantage. c'est dans cette modestie et cette clairvoyance que se montrait sa foi, laquelle a facilité la guérison de son enfant.
Bien sur, dans notre époque actuelle, tous les chrétiens, tant juifs que grecs, sont égaux cae 'il n'y a ni juif ni grec". Mais il s'agit ici de faits prophétiques futurs.
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| | | DamienH Martyr du forum
| Sujet: Re: La foi et le doute Jeu 10 Fév 2011 - 13:47 | |
| Bon, apport d'une vision toute personnelle sur la question : je l'ai déjà dit quelque part, mais placer les animaux comme destinataires d'un amour supérieur à celui porté aux hommes est une violation grave des lois spirituelles. La bible pose ces lois à plat et explique aussi leurs conséquences. Quand on viole une règle spirituelle de cette importance, là en pervertissant l'ordre des choses et en laissant le règne animal dominer en son coeur (ce que font les sorciers pour obtenir du pouvoir, au passage), on s'expose au démon, et aux possessions.
dans ce récit, en seconde partie, la mère de la fille, à mon sens, rétablit l'ordre des choses : les chiens sous la table, et secondaires (nourris des miettes) aux enfants. Jésus semble savoir qu'avant, ce n'était pas le cas, car il énonce la règle ("ce n'est pas bien") que je mentionne plus haut, et il ne peut le faire par hasard auprès de cette femme là. Elle semble d'ailleurs immédiatement comprendre, puisqu'elle lui répond sans le moindre étonnement quand il lui parle de petits chiens alors qu'elle lui parle d'expulser le démon. Quand la femme renonce au péché grave dans lequel elle entraînait ses enfants, et dont sa fille subissait les conséquences, quand elle ouvre son coeur à la lumière du Seigneur, elle se rétablit dans sa fonction de mère. Or le coeur d'une mère est vecteur de l'amour de Dieu pour ses enfants. C'est la dimension transgénérationnelle du mal et du péché qui s'exprime ici. La mère "nettoyée", c'est sa lignée qu'elle sort de l'ornière.
Ce point de vue n'est pas théologique, je tiens à le préciser. Mais il est clinique, et fruit de l'observation de cas réels dans mon expérience prorpe. Et jusque là, les lois spirituelles édictées dans le Livre se sont toujours avérées vraies dans leur impact, quand on les viole...
Amitiés in Christo,
Damien | |
| | | boisvert Martyr du forum
| Sujet: Re: La foi et le doute Jeu 10 Fév 2011 - 14:05 | |
| - Cessounette a écrit:
Quel rapport entre ce que veut la femme - Citation :
- elle lui demandait d'expulser le démon hors de sa fille
et ce que lui dit Jésus ? - Citation :
- « Laisse d'abord les enfants manger à leur faim, car il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. »
Laisse d'abord les enfants (d'Israël) manger à leur faim... Jésus avait d'abord été envoyé aux "légitimes héritiers" du Royaume - au peuple élu, mais le salut est destiné à tous. En faisant cette déclaration, Jésus ne cherche pas à blesser cette mère, mais à élever sa confiance, sa foi. Est-ce un peu plus clair ainsi ? Union de prière Etienne | |
| | | GrandParleurTiFaiseur Apôtre
| Sujet: Re: La foi et le doute Jeu 10 Fév 2011 - 14:11 | |
| En tout cas, Tyr et Sidon seront traitées moins sévèrement que vous lors du .jugement.
Tyr Et Sidon sont des nations Païennes= Jésus visite les païens aussi en cachette et ils leurs fais des grâces aussi .En Cachette parce qu'ils ne le voient pas .
Laisse d’abord les enfants manger à leur faim, car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens.
Les enfants ce sont les chrétiens et les petits chiens ce sont les païens
On donne d'abord des grâces aux chrétiens et quelquefois les gra^ces que Jésus donnent aux chrétiens se répercutent sur les païens .
Et la grâce a surabonder .
Le Seigneur dresse une table devant nous voilà une image qui doit vous dire quelque chose .
Bref le Seigneur donne d'abord des grâces à ceux qui ont Foi en lui et ensuite il a la possibilité d'en faire aux autres aussi .Tâchons donc de nous montrer digne d'un tel honneur que le Seigneur nous fait . | |
| | | GrandParleurTiFaiseur Apôtre
| Sujet: Re: La foi et le doute Jeu 10 Fév 2011 - 14:30 | |
| Aimer les écritures , c'est une grâce et ils ne faut pas la rejeter .
Car à la fin c'est ca qui va nous juger .
Mais il y a beaucoup d'autres grâces que le Seigneur donne . | |
| | | GrandParleurTiFaiseur Apôtre
| Sujet: Re: La foi et le doute Jeu 10 Fév 2011 - 14:40 | |
| Bible de Jérusalem Luc 10:13- " Malheur à toi, Chorazeïn ! Malheur à toi, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que, sous le sac et assises dans la cendre, elles se seraient repenties.
10,14 Aussi bien, pour Tyr et Sidon il y aura moins de rigueur, lors du Jugement, que pour vous.
10,15 Et toi, Capharnaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu'au ciel ? Jusqu'à l'Hadès tu descendras !
10,16 "Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m'a envoyé."
10,17 Les soixante-douze revinrent tout joyeux, disant :"Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom !"
10,18 Il leur dit :"Je voyais Satan tomber du ciel comme l'éclair !
Voilà Pourquoi c'est un démon qui possède sa fille .
Et que Le Seigneur a expulsé le démon qui habitait en elle .
La femme n'a pas rejeté Jésus ...
Jésus faisant tout en son pouvoir pour que Tyr et Sidon se convertisse .
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| | | boisvert Martyr du forum
| Sujet: Re: La foi et le doute Ven 11 Fév 2011 - 7:10 | |
| @ GrandParleurTiFaiseur
Vous écrivez :
"Les enfants ce sont les chrétiens et les petits chiens ce sont les païens
On donne d'abord des grâces aux chrétiens et quelquefois les grâces que Jésus donne aux chrétiens se répercutent sur les païens.'
Mais le mot de chrétiens a été inventés bien plus tard que l'épisode de l'Evangile, à un moment où les païens l'étaient déjà devenus... d'où ... je ne comprends guère ce que vous nous expliquez...
Etienne | |
| | | GrandParleurTiFaiseur Apôtre
| Sujet: Re: La foi et le doute Ven 11 Fév 2011 - 9:58 | |
| Les Paroles de Jésus s'applique autant à nous les chrétiens (les légitimes héritiers) comme vous le mentionné qu'au gens d'Israël en ce temps là (les légitimes héritiers).
De toute facon , Dieu nous parle à travers Son Évangile . Autant à nous qu'au gens de ce temps-là .
C'est de cette facon que l'évangile produit des fruits . Il faut savoir qu'il s'adresse aux gens de tout temps .
Les Paroles de Dieu Demeure pour l'éternité | |
| | | Hélène Administrateur
| Sujet: Re: La foi et le doute Ven 11 Fév 2011 - 10:41 | |
| Voici une homélie du père Verlinde qui pourrait aider à notre méditation : - Citation :
- Après la controverse musclée avec les pharisiens sur « la tradition des anciens » et sur la notion de « pur et impur » qui a « scandalisé » les pharisiens (15, 12), Jésus se retire prudemment en un lieu où il est sûr que ses détracteurs ne le suivront pas, à savoir dans la région de Tyr et de Sidon, terre « impure » par excellence. Tout porte dès lors à penser que le passage que nous venons d’entendre prolonge l’enseignement précédent qui dénonçait les conceptions légalistes de la pureté.
Une mère éplorée, qui a entendu parler du Rabbi de Nazareth et des miracles qu’il accomplissait, poursuit Jésus de ses supplications en faveur de sa fille. L’interpellation de cette femme cananéenne témoigne d’une étonnante connaissance de la tradition juive ; peut-être même le titre « Seigneur, fils de David » attribué à Jésus est-il une ébauche de foi, comme semble le confirmer la demande, puisqu’elle attend du « Seigneur » qu’il prenne autorité sur le démon qui tourmente sa fille. Le silence de Jésus veut obliger les disciples à résoudre eux-mêmes ce dilemme : cette femme païenne, habitant en terre étrangère, mais témoignant par sa foi naissante qu’elle est visitée par Dieu, est-elle impure en raison de son appartenance raciale, ou au contraire, faut-il juger de sa pureté, c’est-à-dire de la qualité de sa relation à Dieu à partir de « ce qui est sorti de sa bouche et qui provient de son cœur » (15, 8 ) ? Les disciples ne semblent pas avoir perçu le problème : ils demandent à Jésus de « donner satisfaction » à la femme non pas comme confirmation de sa confession de foi, mais pour couper court à une situation embarrassante. Pensez donc : un Rabbi juif poursuivi par les cris d’une païenne, cela pourrait causer scandale ! Ainsi donc les disciples demeurent tout aussi enfermés dans leurs a priori et leur formalisme religieux que les pharisiens. Dans un premier temps, la réponse de Jésus explicite ce que les disciples n’avaient pas osé formuler : un Rabbi d’Israël ne s’occupe pas des étrangers ; c’est à son peuple que Dieu envoie ses messagers. Cette parole dure de Jésus ne décourage cependant pas la femme, mais ranime tout au contraire son zèle : « elle vint se prosterner devant lui » dans un geste d’humble adoration. Lui ayant ainsi barré la route elle le supplie : « Seigneur, viens à mon secours ! » Cette fois le dialogue est ouvert ; les yeux dans les yeux Jésus l’invite avec douceur, à expliciter devant les disciples la compréhension du mystère de grâce que l’Esprit a révélé à son cœur. La femme sait bien que le pain est destiné aux enfants ; mais elle a deviné que les enfants d’Israël font preuve de bien peu d’appétit pour le pain de la Parole que Jésus leur offre : le Rabbi ne viendrait pas en terre païenne s’il ne fuyait pas ses coreligionnaires. Aussi ajoute-t-elle pleine d’espérance : « les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres » - le terme « petits chiens » ne désigne pas les chiens errants, objet de mépris, mais les animaux domestiques qui jouissaient de la faveur de leur maître. Nous retrouverons ce thème tout au long des premières campagnes d’évangélisation : le rejet de la Bonne Nouvelle par les juifs, fera la joie des païens vers lesquels se tourneront les missionnaires, et qui accueilleront le message du salut. Ainsi à Antioche de Pisidie, devant l’hostilité des juifs, « Paul et Barnabé leur déclarèrent avec assurance : “ C’est à vous d’abord qu’il fallait adresser la Parole de Dieu. Puisque vous la rejetez et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les païens” » (Ac 13, 46-47). La réponse de Jésus confirme l’action de l’Esprit dans le cœur de cette femme païenne : « Ta foi est grande ». Aussi Notre-Seigneur ne doit-il même pas intervenir : « Que tout se fasse pour toi comme tu le veux ». Par sa foi, cette mère dispose, pour le service de la délivrance de sa fille, de la toute-puissance de Dieu qui repose sur le Verbe incarné. Ainsi donc ce n’est pas l’appartenance à la nation sainte qui garantit l’état de « pureté », mais la foi en Jésus venu rassembler les enfants de Dieu dispersés (Jn 11, 52). Car « les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile » (Ep 3, 6). Par sa foi, la femme cananéenne est devenue fille d’Abraham et « héritière de Dieu, héritière avec le Christ » (Rm 8, 17), disposant en son nom propre de sa victoire sur le démon. « Ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur ». Nous qui avons été purifiés « par le bain du baptême et la Parole de vie » (Ep 5, 26), ne risquons pas de retomber dans l’impureté par des jugements hâtifs sur nos frères en raison de leur origine ou de leur appartenance culturelle. Pour eux aussi le Christ a versé son sang, et il les appelle comme nous à partager son héritage en devenant les enfants adoptifs du Père en qui nous sommes tous frères.
Père Joseph-Marie Verlinde Source : http://www.homelies.fr/homelie,saint.jean-marie.vianney,614.html Aussi ici : - Citation :
- Jésus vient d’avoir une controverse musclée avec les pharisiens sur la notion de « pur et impur » telle qu’elle ressort de « la tradition des anciens ». Comme il a « scandalisé » ses interlocuteurs (15, 12), Notre-Seigneur se retire prudemment dans la région de Tyr et de Sidon, terre « impure » par excellence où ses détracteurs ne le suivront pas. Sans doute veut-il faire le point avec ses disciples - élevés à la synagogue, c'est-à-dire à l’école des pharisiens - sur son enseignement quelque peu anticonformiste, pour ne pas dire révolutionnaire. Tout porte à penser que la rencontre avec la femme syro-phénicienne prolonge la réflexion sur les conceptions légalistes concernant la pureté.
En fait Jésus se rend à un rendez-vous : l’heure est venue d’accomplir la pédagogie divine concernant les rapports entre Israël et les païens. Et pour être sûr que les témoins puissent dégager le sens de l’événement, Notre-Seigneur va se situer explicitement dans la lignée prophétique, dont il va porter à terme les enseignements sur ce sujet. Reprenons le cours du récit. La Cananéenne appartient au peuple chassé de la Terre que Dieu avait donné à Israël. La prière qu’elle adresse à Jésus témoigne cependant d’une étonnante connaissance de la tradition juive ; le titre « Seigneur, fils de David » suggère même une ébauche de foi, comme le confirme sa demande, puisqu’elle attend de Jésus qu’il prenne autorité sur le démon qui tourmente sa fille, ce qui est un pouvoir proprement divin. En feignant ignorer la prière de cette femme, puis en repoussant sa demande sous prétexte qu’il n’est « envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël », Notre-Seigneur adopte dans un premier temps le comportement des prophètes anciens. Ceux-ci s’adressaient en effet exclusivement au peuple élu, qu’ils étaient chargés de ramener en priorité le dans la fidélité à l’Alliance. Le silence de Jésus a sans aucun doute également une portée pédagogique ; Notre-Seigneur veut obliger ses disciples à s’interroger : cette femme païenne, habitant en terre étrangère, mais témoignant par sa foi naissante qu’elle est visitée par Dieu, est-elle « impure » en raison de son appartenance raciale, ou au contraire, faut-il juger de sa « pureté », c’est-à-dire de la qualité de sa relation à Dieu à partir de « ce qui est sorti de sa bouche et qui provient de son cœur » (15, 8 ) ? A vrai dire, les disciples ne semblent pas avoir perçu le problème : leur seul souci est que le Maître donne au plus vite « satisfaction » à cette femme, pour couper court à une situation franchement embarrassante. Pensez donc : un Rabbi juif poursuivi par les cris d’une païenne : quel scandale ! Si les chefs religieux apprenaient cela à Jérusalem, ils auraient beau jeu de le diffamer. Autrement dit, les disciples demeurent tout aussi enfermés dans leur a priori et leur formalisme religieux que les pharisiens qu’ils redoutent. La parole dure de Jésus refusant d’intervenir en faveur d’une brebis qui n’est pas du troupeau d’Israël, ne décourage cependant pas la femme cananéenne ; rassemblant son courage, « elle vint se prosterner devant lui » dans un geste d’humble adoration. Lui barrant la route, elle supplie celui en qui elle a mis toute son espérance : « Seigneur, viens à mon secours ! » Ce n’est pas pour elle mais pour ses disciples que Jésus se fait insistant, disant à haute voix ce que ceux-ci pensent tout bas dans le secret de leur cœur. Tout comme la Samaritaine, cette femme cananéenne a perçu intuitivement le mystère de la personne du Christ. Elle sait bien que le pain de sa Parole est destiné aux enfants d’Israël, puisque « le salut vient des Juifs ». Mais elle a deviné que ces enfants font preuve de bien peu d’appétit pour la nourriture que Jésus leur offre en abondance : le Rabbi ne viendrait pas en terre païenne s’il ne fuyait pas ses coreligionnaires. Aussi ajoute-t-elle avec assurance : « les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres » - le terme « petits chiens » ne désigne pas les chiens errants, objet de mépris, mais les animaux domestiques qui jouissaient de la faveur de leur maître. Jésus jubile : « Femme, ta foi est grande ». Par sa disponibilité à l’action de l’Esprit Saint, la femme syro-phénicienne accède au même héritage que les fils d’Abraham : « héritière de Dieu, héritière avec le Christ » (Rm 8, 17), elle dispose en son nom propre de la victoire du Seigneur sur le démon. Elle préfigure ainsi la multitude des païens convoqués eux aussi à la Table du Royaume, conformément à la promesse que Dieu prononça par la bouche du prophète Isaïe : « Les étrangers qui se sont attachés au service du Seigneur pour l’amour de son nom et sont devenus ses serviteurs, je ferai bon accueil à leurs holocaustes et à leurs sacrifices » (1ère lect.). Certes, « le salut vient des juifs », mais il ne leur est pas réservé : la « justice » de Dieu et son « salut » sont pour tous les hommes. Tous sont appelés au bonheur dans la maison de l’unique vrai Dieu, dont Jésus nous révèle le visage de Père. Désormais les portes du Royaume ne s’ouvrent plus par la circoncision, mais par la foi au « Seigneur, fils de David ». Le Seigneur fera même concourir l’obstination du peuple élu à la réalisation de son dessein de miséricorde - la parole est citée quatre fois par Saint Paul dans les quelques versets de la seconde lecture - qui trouvera son accomplissement dans l’obéissance d’Israël.
La liturgie de ce jour nous interpelle non seulement sur nos divergences religieuses, mais également sur nos innombrables exclusions au nom de nos différences, que nous ne parvenons pas à intégrer. Depuis que le péché est entré dans le monde, ces différences sont perçues comme des menaces, qu’il faut à tout prix éliminer. Le geste de violence meurtrière de Caïn n’a cessé de se reproduire tout au long de l’histoire : que de sang versé par jalousie envers la bénédiction divine reposant sur le prochain, dans l’oubli de celle qui repose sur nous. Certes Israël avait reçu de Dieu une mission particulière en tant que fils aîné parmi les peuples ; mais cette élection - comme toute élection - implique aussi la responsabilité de partager le don confié. Le Seigneur distribue ses grâces entre tous, afin que tous puissent participer au service du bien commun en partageant ce qu’ils ont reçu. Tout don se pervertit lorsqu’il est approprié d’une manière individualiste pour nourrir la vaine gloire ou le pouvoir de celui qui l’a reçu. Le don pascal par excellence, celui que l’Eglise du Christ a pour mission de partager avec tous, est le pain de la miséricorde, grâce auquel nous pouvons réintégrer notre condition filiale. C’est par cette miséricorde que le « salut de Dieu sera connu parmi toutes les nations » ; c’est par elle que « le Seigneur nous bénit et que la terre entière pourra enfin l’adorer » en esprit et vérité.
« Père très saint, réveille en nous la conscience de tes dons et de la responsabilité qui en découle pour nous qui en sommes bénéficiaires. “Baptisés dans le Christ, nous avons revêtus le Christ” (Ga 3, 27) : ne permet pas que nos peurs ou nos jalousies fassent obstacle à son ministère de réconciliation universelle. Ouvre nos yeux sur nos complicités avec l’indifférence et l’égoïsme de ce monde, et donne-nous de dénoncer avec courage les attitudes d’exclusion préconisées autour de nous. »
Père Joseph-Marie Verlinde Source : http://www.homelies.fr/homelie,20e.dimanche.du.temps.ordinaire,989.html Ou encore ici : - Citation :
- Après avoir parcouru la Galilée et fait une incursion très rapide dans la région de la Décapole (Mc 5, 1-10), pour la première fois chez saint Marc, Jésus va séjourner de façon prolongée en territoire païen, dans la région de Tyr, en Syro-Phénicie.
Cette décision de Jésus n’allait pas sans poser de problème car on sait combien une haine féroce opposait les juifs aux païens à cette époque. Selon la Loi de Moïse, aucun contact n’est toléré avec eux. Et voilà, Jésus qui rentre pourtant dans une maison païenne, faisant en sorte, vu ce contexte d’animosité entre juifs et païens, que personne ne le sache. Cependant, nous dit l’évangile, « il ne réussit pas à se cacher. » Une femme « païenne », précise saint Marc, vient se jeter à ses pieds pour l’implorer de libérer sa fille de l’esprit mauvais qui l’assaille. Quelle confiance et quelle audace chez cette femme qui ose venir ainsi aborder ce rabbi juif (cf. v. 25) !
C’est alors que Jésus va saisir l’occasion de cette rencontre pour faire rayonner tout l’éclat de sa judéité. Car, en exauçant cette païenne, cette étrangère, cette non-juive, Jésus va conduire le judaïsme jusqu’au bout. Le vrai juif sait, en effet, que le pain qu’il détient est pour tous. Mais pour le toucher, il faut avoir la foi. C’est dans cette perspective qu’il nous faut interpréter la réponse de Jésus à la demande de la syro-phénicienne. Elle n’est pas une fin de non recevoir. Non, elle est une invitation pour cette femme à passer d’une demande païenne à une prière de foi qui ne cherche plus la guérison en tant que telle mais l’accueille comme une surabondance de la bonté du Seigneur, comme une œuvre de salut au cœur même de la contingence de son histoire. Le parallèle à cet épisode chez saint Matthieu, qui mentionne la réaction des disciples, fait ressortir avec encore plus d’éclat cette intention de notre Seigneur. Ne voulant pas être dérangés, les disciples suggèrent à Jésus une guérison expéditive qui les libérerait des cris de cette femme. Mais, répondre ainsi à sa détresse ce serait la cloîtrer dans sa condition païenne et l’empêcher d’accéder à la foi et, par elle, au salut qui vient d’Israël. Répondre ainsi à cette femme ce serait l’enfermer dans un particularisme et, par voie de conséquence, se condamner à rester replié dans sa propre particularité. En conduisant cette femme jusqu’à confesser sa foi, nous voyons que Jésus vient révéler à ses disciples le véritable sens de leur judéité, de leur élection qui a vocation universelle.
C’est donc en tant que juif que Jésus ouvre à l’universel. Et ici, cela est d’autant plus manifeste qu’il ne renie pas la particularité d’Israël pour exaucer cette femme. Bien au contraire, il la met en avant : « Il n’est pas bon de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ». Par ces paroles, Jésus ne rabroue en rien cette femme. Au cas où nous en douterions, l’épithète « petit », utilisé par Marc pour atténuer le terme de « chien », nous convaincra du contraire. Par ces mots, Jésus invite cette syro-phénicienne à reconnaître la particularité d’Israël en tant que peuple élu et à reconnaître que c’est parce qu’Israël est Israël qu’elle peut, elle, avoir accès au salut. Rappelons-nous ces paroles mêmes de Jésus dans l’évangile de saint Jean : « Le salut vient des juifs » (Jn 4, 22). Et c’est bien ce que cette femme reconnaît : « C’est vrai Seigneur ; mais justement, les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des petits enfants ». Elle qui se sait païenne, confesse que les seules miettes tombées de la table des merveilles de Dieu pour son peuple suffiront à la rassasier et à répondre à sa demande pour sa fille. Une telle profession de foi ne peut qu’appeler la guérison et le salut : « A cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille ».
« Seigneur, donne-nous la même audace que celle de cette femme, la même foi qui tiendra greffées les branches de l’olivier sauvage que nous sommes sur le tronc de l’olivier franc (Cf. Rom 11, 20). Pour ceux qui se reconnaissent en toi fils d’un même Père, il n’y a plus désormais ni juif, ni païen, ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme, car tous nous ne faisons plus qu’un en toi (Cf. Ga 3, 27-28). Que cette union à toi dans la foi et dans l’amour appelle sur nous ton salut ! »
Frère Elie Source : http://www.homelies.fr/homelie,ferie,1586.html | |
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