Essai d’interprétation du signe eucharistique
qui s’est produit lors de la Messe télévisée
du Dimanche 7 novembre 1999
à Lourdes
à l’occasion de l’Assemblée Plénière
des Évêques de France.
Au moment de l’épiclèse (invocation à l’Esprit Saint sur les offrandes), il se produisit quelque chose d’extraordinaire: lorsque les concélébrants prononcent les paroles: “en répandant sur elles ton Esprit”, on voit l’une des deux grandes hosties de concélébration frémir et se soulever de 2 cm au-dessus de l’autre. Le phénomène dure tout au long de la prière eucharistique et l’on peut l’observer au cours de 7 séquences filmées en direct. “Le jour du Seigneur” m’a certifié que le phénomène s’était réellement passé, et que leurs techniciens n’avaient aucune explication à lui donner. Mgr. Billé, Archevêque de Lyon, qui présidait, l’a lui-même constaté et a recommandé aux Évêques, à l’époque, de garder le silence.
Le signe se produit au moment où les concélébrants disent “ton Esprit”. Or, c’est la réforme liturgique de Vatican II qui a remis en valeur l’épiclèse et la Concélébration. L’Esprit Saint est désormais nommément désigné dans le texte.
L’épiclèse s’adresse au Père, et 1999 est précisément l’année du Père. Pour ma part, je verrais dans ce signe un don de Dieu le Père, à l’Église qui est en France, par l’Esprit. C’est, en effet, en France que le problème intégriste est né, et là où il a eu le plus de développement et présenté le plus de difficultés (Mgr. Lefebvre).
Un Lefebvriste, voyant ce signe, peut y percevoir une invitation du Seigneur à entrer pleinement, et avec joie, dans cette réforme liturgique voulue par le Concile, et réalisée par Paul VI, qui remit en honneur la concélébration..
Mais une autre signification m’est venue à l’esprit. C’est à propos du problème théologique du moment où s’opère la transsubstantiation (consécration), c’est-à-dire le moment où le pain et le vin sont changés au Corps et au sang de Jésus-Christ. Deux propositions parallèles se sont montrées constantes à travers les siècles.
L’une remontant à St Jean Chrysostome et à Sévère d’Antioche (IV° siècle), pour laquelle c’est le sacerdoce du Christ, par le ministère du prêtre, qui opère la consécration par les paroles mêmes de Jésus lors de la dernière Cène. l’Église de rite latin a adopté cette proposition théologique.
L’autre qui remonte à St Jean Damascène (VIII° siècle) estime que c’est par la vertu du Saint Esprit que s’opère le mystère de l’autel, comme s’est opéré jadis le mystère de l’incarnation. Un texte de St Jean Damascène dit ceci: “ Tu demandes comment le pain devient Corps du Christ, et le vin Sang du Christ? Moi je te dis: le Saint Esprit fait irruption et accomplit cela qui surpasse toute parole et toute pensée”.
Or, c’est précisément ce que l’on voit sur la vidéo (1): au moment où les concélébrants disent:” ton Esprit”, l’hostie du dessus frémit et se soulève. Cette deuxième proposition a la faveur des Églises orientales et notamment de l’Église Orthodoxe.
Théologiquement, les deux théories par le Christ et par l’Esprit ne s’opposent pas, car toute action de la Trinité au niveau de la création est commune aux trois personnes. Mais depuis la Pentecôte nous sommes dans le temps de l’Esprit.
Par ce signe, le Père nous montre qu’il exauce immédiatement l’Épiclèse par l’effusion de l’Esprit Saint qui actualise le mystère du Christ. Ne serait-ce pas là une indication que le Seigneur nous donne et qui pourrait faciliter l’Union tant désirée ?... Prions pour que cette Unité se fasse et celle de tous les chrétiens, autour de ce grand Mystère, « afin que le monde croie » (Jean, 17, 21).