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| Le Petit Sacristain | |
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| Sujet: Le Petit Sacristain Mar 31 Mai 2022 - 9:55 | |
| Le Petit Sacristain
Dieu qui est présent partout demande de l'amour. Dieu, selon le témoignage de l'Apôtre, est un feu consumant, et le Disciple bien-aimé nous assure qu'il est l'amour même. Si donc Dieu est un feu et l'amour même, et que Dieu étant partout soit en nous, partout nous sommes donc dans le feu et dans l'amour. Quel moyen donc de ne pas brûler, et de ne pas aimer ? Être au milieu des feux et des flammes sans brûler, être tout plongé dans l'amour sans aimer, c'est ce qui ne se peut comprendre. Sera-t-il dit que le fer ne pourra pas être longtemps dans une fournaise ardente sans prendre les qualités du feu, et que nous aurons un feu infini dans nos poitrines, et que cependant nos cœurs seront toujours glacés ? Il me prendrait ici envie d'aller crier partout au feu, au feu, non pas pour l'éteindre, mais pour l'allumer où il ne brûlerait pas, et pour appeler au secours tous ceux qui aiment véritablement, afin que tous ensemble, nous le fissions brûler toujours davantage. Si nous considérions bien dans un profond recueillement ces paroles de notre grand Maître : Je suis venu apporter le feu en terre, et que veux-je, sinon qu'il y brûle ; entrant dans les desseins de ce Dieu d'amour, nous ne penserions plus à autre chose, nous ne voudrions plus autre chose, nous ne travaillerions plus à autre chose. C'est tout ce que nous demanderions.
J'ai connu une personne, qui, dès son bas-âge, prévenue des bénédictions de la douceur de la divine Providence, était pressée de demander fortement et instamment le divin amour. Ô mon Dieu, disait-elle, votre saint amour ! C'est votre amour que je cherche, c'est votre amour que je vous demande. Je ne désire que cet amour. Je n'aspire qu'après cet amour. Et Dieu qui est riche en miséricorde sur tous ceux qui l'invoquent, lui en a fait porter des effets très-singuliers dans la suite de ses années, et l'a conduite toujours par les voies du pur amour de Dieu seul.
J'ai joie de pouvoir par ce petit écrit crier à l'amour, au pur amour de Dieu seul en trois Personnes, à tous ceux qui le liront, et de leur dire : Aimons Dieu généralement dans toutes nos actions, dans toutes nos souffrances, dans tout ce que nous sommes. Aimons Dieu incessamment dans tous les moments de notre vie, dans l'instant de notre mort, pour ne cesser jamais de l'aimer après la mort. Aimons Dieu uniquement, toujours Dieu seul, quoiqu'il arrive, quoiqu'il nous en coûte ; ne soyons pas assez malheureux pour partager nos cœurs et nos affections. Que tout l'être crie, en sorte que Dieu seul les remplisse sans aucune exception, et il nous doit grandement suffire.
Mais si nous l'aimons, nous le possèderons, et si nous en jouissons, nous possédons un bien souverain, infini. Nous serons donc bien riches, bien en honneur, bien dans la joie, quand d'autre part nous serions les plus pauvres du monde, et que notre vie se passerait dans la douleur. Nous serons bienheureux dès ce monde, et d'un bonheur que personne ne nous peut ôter, ni les hommes, ni les démons. Il n'y aura que notre seule malice. Après cela faut-il s'étonner si le grand Apôtre nous exhorte, et il le réitère plusieurs fois, à une joie continuelle. Il nous apprend donc que la joie du Chrétien doit être sans intermission ; ce qu'il faut entendre de la partie supérieure de l'âme. Joie qui compatit bien avec tout ce qui se passe de plus affligeant, et en même temps dans la partie inférieure. Ce qui ne laisse aucun lieu de douter en notre bon Sauveur Jésus-Christ, qui en même temps que sa partie inférieure était abîmée dans une mer de peines, sa très sainte âme dans sa suprême partie, jouissait de la vision béatifique.
Dieu seul est l'élément de notre âme ; c'est en lui seul que nous pouvons trouver notre véritable repos. L'homme a beau faire hors de lui, quand il aurait tout le monde entier, il n'aura jamais une pleine satisfaction. Si vous tirez un poisson hors de l'eau qui est son élément, il souffrira quand vous le mettriez dans un bassin d'or chargé de perles. Dieu est donc le lieu divin de la demeure de notre âme. C'est ce que nous avons bien à considérer.
Que le Seigneur soit béni de l'intelligence qu'il nous donne de ces divines vérités. Je l'avais toujours présent devant moi, dit le Prophète Roi : c'est pour cela que mon cœur se réjouit, et que ma langue chante de joie, et que de plus ma chair reposera en espérance. Il appelle ensuite cette voie le chemin de la vie. Il dit, que la vue de Dieu le remplira de joie, et que les délices qu'il donne n'auront jamais de fin. Ô qu'il est doux et glorieux de servir un tel Maître !
(Dieu présent partout, par M. H-M Boudon) |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Mer 1 Juin 2022 - 10:34 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel I. Dans la possession, le diable combat contre un homme faible : et dans l'Exorcisme, l'Église en la vertu de Jésus-Christ, combat contre le diable et le veut déposséder.
II. Le diable qui emploie sa force contre l'homme, emploie sa fraude contre l'Église, essayant de tromper le plus fort, et de vaincre le plus faible.
III. Satan comparaît devant l'Église, comme un Criminel devant l'officier du Prince lequel il a offensé ; c'est pourquoi il se cache autant qu'il peut.
IV. Satan ne pouvant maintenir de force sa possession contre l'Église, et ne la voulant aussi abandonner, essaye d'empêcher qu'elle ne paraisse : ce qu'il peut faire aisément.
V. Mais Dieu met des limites à sa Ruse aussi bien qu'à sa Rage ; et lors n'en pouvant plus, il emprunte du monde, dont il est le Prince, la Force et la Calomnie.
Le duel de l'ennemi contre l'homme est suivi d'un combat public de l'Église contre l'ennemi, laquelle se sentant intéressée en l'outrage fait à un de ses membres, travaille par sa prudence à reconnaître l'adversaire qui le rend offensé, et à le vaincre par la force conférée à un des ordres de sa Milice. Ce parti est bien différent de celui que Satan combattait auparavant ; et aussi la manière et l'issue du combat est du tout dissemblable. Là il n'agissait qu'avec un faible ennemi bien inégal à sa condition : Et il agit ici avec un Corps armé de la force du Dieu des batailles. Là comme le plus fort, il est l'agresseur et même le possesseur : Ici comme le plus faible il est agressé par l'Église qui en fin le dépossède. Là comme victorieux il saisit et tourmente ce pauvre Esclave : Ici comme vaincu il est saisi et captivé lui-même. L'Église exerçant sur lui poenam talionis, et l'affligeant plaga occulta, poena manifesta, dit S. Cyprien, ainsi qu'il afflige le possédé d'un tourment manifeste dont le bourreau est occulte et invisible.
Or comme l'inégalité de l'homme au regard de Satan l'anime à employer sa force contre ce pauvre esclave : Ainsi son inégalité au regard de l'Église le réduit à user de sa fraude, essayant de tromper le plus fort et de vaincre le plus faible. Car c'est l'artifice des prudents, de changer d'avis et de moyens selon les diverses circonstances. C'est le stratagème des guerriers, d'employer la fraude ou la force, selon la différence des ennemis. Et c'est le conseil d'un cruel Tyran de joindre en la conduite des affaires, la peau de Renard à la peau de Lion. Satan ne l'omet pas en ce dessein si important, lui qui surpasse en Tyrannie tous les grands de la terre, dont il est le premier ; en Prudence tous les enfants du siècle, dont il est le Prince ; en Expérience tous les guerriers du monde, dont il est le plus ancien et le plus assidu, ayant commencé la guerre au Ciel avant la création de l'homme, et la continuant en la terre depuis cinq mille ans. Il change donc de dessein, selon le change qu'on lui donne en ce combat ; Il se résout à employer sa fraude contre le parti le plus fort, et à déployer sa rage contre le plus faible ; Et il prend la peau de Lion contre l'Énergumène, et la peau de Renard contre l'Église.
Et comme l'effet ordinaire de sa ruse est de se cacher en quelque manière à celui lequel il veut tromper ; ores en dissimulant la malignité de son intention, lorsqu'il contente l'esprit curieux duquel il est familier, ores en déguisant sa difformité, lorsqu'il converse avec l'âme pieuse, pour la séduire, ores en cachant sa misère et son tourment, lorsqu'il induit par plaisirs une âme faible à pécher. Ainsi le sujet de sa fraude en l'Énergumène, est de cacher à l'Église sa présence et son attentat ; d'autant qu'il comparaît devant elle comme un criminel devant l'Officier du Prince, lequel il a offensé. Car il a violé l'image et les armes de la Divinité, en outrageant l'homme auquel elles sont empreintes : Et Dieu a constitué l'Église avec autorité non seulement sur les hommes, mais aussi sur les diables. Devant elle donc Satan ne manifeste pas aisément son attentat, non plus que le criminel n'avoue son forfait sans contrainte.
Cette qualité en laquelle Satan comparaît devant l'Église, et la condition du crime duquel il est atteint, suffit à présumer que tandis qu'il n'est pas convaincu il a intention de faire des feintes pour la tromper, et non pas des effets correspondant à sa puissance pour l'assurer. Car l'injuste possesseur d'une place (tel que Satan est de l'homme) cité devant le Juge, se résout ou à prévenir son jugement, en cédant aux parties la possession ; ou à l'empêcher, en étouffant les preuves de son usurpation ; ou à résister à l'exécution de l'arrêt, en se maintenant de force contre l'autorité publique. Mais Satan est trop élevé pour abandonné la possession qu'il a prise d'une personnes, avant que la mort lui ait ôté, ou que le consentement du possédé ait échangé la possession du corps en celle de l'âme, ou que l'effort de l'exorcisme, l'ait chassé. Et il est aussi trop faible pour la maintenir de force, après qu'elle est reconnue : sa domination n'étant en rien comparable à l'Empire de l'Église qui a pour lieu l'univers, pour temps l'éternité, pour garde des légions d'Anges. Reste donc qu'il essaye d'empêcher que son usurpation ne soit manifeste comme il le peut aisément faire. Car tandis que l'Église dresse son enquête il est en son pouvoir de retirer sa présence de celui qu'il possède sans diminuer en rien le droit de sa possession : Lequel ne l'oblige pas à résider continument. Même il peut être présent dans l'Énergumène sans y être apparent, car son essence est spirituelle et sa résidence invisible. Que s'il veut par sa présence altérer le patient (ce qui lui est libre) il peut faire des accès nullement extraordinaire : car comme il peut par sa nature faire plus d'effort que la maladie, il peut aussi en faire moins par sa liberté. Ainsi s'est-il caché trois mois sous un mal épileptique en un Gentilhomme de marque que Fernel pensait. Ainsi se cachait-il plusieurs années en un Énergumène que garantit Parthenius selon Metaphraste. Ainsi se cachait-il anciennement sous le mal des Lunatiques, selon le jugement d'un grand homme de notre temps.
Vrai est que Dieu qui pose des bornes à sa rage quand il tourmente l'Énergumène, met aussi des limites à sa ruse quand il essaye de tromper l'Église, afin qu'il soit vaincu en sa force par la patience de l'un, et en sa fraude par la prudence de l'autre. Et lors ce Prince du siècle qui se voit découvert, a recours au crédit que cette qualité lui donne parmi le monde, duquel il emprunte la Force et la Calomnie comme deux bras pour combattre l'Église, et pour maintenir sa possession. L'Église qui n'a point d'armes contre la Force, a contre la Calomnie, de l'innocence en ses actions, de la vérité en ses paroles, de l'autorité en ses jugements pour se défendre.
Extrait de Traité des Énergumènes par l'Illustrissime et Révérendissime Cardinal De Berulle, Instituteur et premier Supérieur Général de la Congrégation de l'Oratoire de Jésus.
Des fruits merveilleux des Confessions générales; délivrance de plusieurs possédés par l'intercession de la très-Sainte Vierge.
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Jeu 2 Juin 2022 - 9:44 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel. Prière pour demander au Saint-Esprit la victoire sur le respect humain ! Esprit de Dieu qui m'avez aujourd'hui rendu parfait chrétien, demeurez en moi pour fortifier ma faiblesse contre toutes les attaques des ennemis de mon salut. Ne souffrez plus qu'il y ait rien dans mes pensées, mes désirs, mes paroles et mes actions, qui soit indigne de cette image parfaite de Jésus-Christ que vous venez de graver dans mon âme. Hélas ! si vous ne daignez me secourir, ce caractère sacré sera bientôt profané. Le démon avec ses artifices, le monde avec ses moqueries, mon propre cœur avec ses passions, tout va s'unir pour détruire en moi votre saint amour. Mais, ô Esprit saint, en voyant les dangers qui me menaçaient, vous m'avez fait soldat de Jésus-Christ. Détruisez donc en moi toute autre crainte que celle de vous offenser et de vous déplaire. Le grand nombre vous oublie, Seigneur, et court à sa perte ; vos enfants sont le petit nombre ; c'est à eux que je veux me joindre malgré toutes les railleries et les persécutions de l'impiété. Je serais bien lâche et bien ingrat si je rougissais de vous appartenir ; vous êtes seul mon maître, mon roi, mon bienfaiteur et mon père. Le monde ne peut rien pour mon bonheur ni pour mon malheur ; vous serez le seul juge de mes actions pour les punir ou les récompenser. C'est donc à vous que je m'attache pour toujours, à vous qui serez mon partage dans l'éternité. Ainsi soit-il.
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Ven 3 Juin 2022 - 9:33 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel ! Prière pour remercier Dieu de ses bienfaits, s'humilier de ses fautes, et lui promettre une vie plus fidèle ! Voilà donc encore une année de ma vie qui vient de s'écouler, et avec quelle rapidité, ô mon Dieu ! l'année qui commence s'écoulera-t-elle moins rapidement ? En verrai-je la fin, et ne sera-t-elle pas la dernière des années d'une vie si courte et si fragile ?Ô Dieu infiniment bon, je viens vous remercier des bienfaits sans nombre que j'ai reçus de vous pendant cette année ! Que de désirs, que de résolutions saintes ne m'avez-vous pas inspirées ! Que de fois aux pieds du ministre de votre miséricorde n'ai-je pas eu le pardon de mes fautes ! Que de fois au pied de cet autel n'ai-je pas reçu de vous le gage le plus touchant de votre amour dans une communion fervente ! Que de fois n'avez-vous pas parlé à mon cœur ! Combien de salutaires avis et d'exhortations touchantes n'ai-je pas entendues, enfin que de grâces privilégiées, que de faveurs célestes votre main libérale n'a-t-elle pas répandues sur moi ! Soyez-en éternellement béni, ô mon Dieu ! que le ciel et la terre, que les Anges et les hommes s'unissent à moi pour louer le Dieu de miséricorde qui ne cesse de combler de ses biens un enfant peut-être ingrat et coupable. N'ai-je pas jusqu'ici abusé de tous vos bienfaits ? et si à vos grâces perdues j'ajoute encore mes offenses si nombreuses, et à tout le bien que j'ai omis de faire, je joins tout le mal que j'ai fait, quel sujet de réflexions amères : Mais j'en prends la ferme résolution à vos pieds, ô mon Dieu ! désormais, chacun des jours que vous m'accorderez encore me trouvera plus reconnaissant et plus fidèle ; à mesure que le temps et le monde passeront à mes yeux, c'est avec un amour plus généreux et plus fort que je m'attacherai à vous seul, ô beauté divine qui ne passez pas ! et chaque moment qui m'approchera de votre éternité rendra ma vertu plus constante et ma persévérance plus digne de la récompense éternelle. Ainsi soit-il.Reportez-vous à Sentiments d'une âme pénitente à un renouvellement nouveau, Considérations sur la rapidité du temps, Méditation pour, De l'emploi du temps, Méditation sur l'emploi du temps, Méditation sur le bon usage du temps présent. Saint François de Sales. |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Sam 4 Juin 2022 - 10:19 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel: Instruction sur la Fête de la Pentecôte
Extrait de "L'Esprit de l’Église dans le cours de l'année Chrétienne" Cette solennité est la Fête du Saint-Esprit, et en même temps la Fête de l'établissement de l'Église, que le Saint-Esprit est venu animer par la divine présence. La création du monde a été l'ouvrage et la manifestation de la puissance du Père. Les Mystères de l'Incarnation, et la Résurrection de Jésus-Christ a été l'ouvrage et la manifestation de la Sagesse du Fils, et la sanctification de l'Église est proprement l'ouvrage et la manifestation de l'amour du Saint-Esprit. Ainsi dans le jour de l'Octave de cette Fête, qui est comme le couronnement de tous les Mystères, on réunit en une même solennité les trois adorables Personnes, en célébrant le Mystère auguste de la Très-Sainte Trinité, qui a opéré indivisiblement toutes ces merveilles.
Cette Fête s'appelle la Pentecôte, qui signifie le cinquantième jour après la Résurrection du Sauveur, comme la Pentecôte des Juifs se célébrait le cinquantième jour après leur Pâques ; et comme on croit que c'était ce jour-là que la Loi a voit été donnée à Moïse, et publiée sur la Montagne de Sinaï, c'est aussi dans cette Fête que le Saint-Esprit est venu graver dans le cœur des Fidèles la Loi de grâce et d'amour, qui renferme ces mêmes préceptes, mais d'une manière beaucoup plus excellente et plus parfaite, qu'ils n'avaient été gravés sur la pierre.
Le Saint-Esprit descendit sur les neuf heures du matin sous la forme de Langues de feu, qui vinrent se reposer sur la tête de chacun des Fidèles, qui étaient renfermés dans le Cénacle. Ils y étaient assis ; posture qui marque leur tranquillité intérieure, et l'attente où ils étaient tous de ce grand don de Dieu. Ces Langues marquaient que la Foi allait être prêchée par tout l'Univers, et le feu était le symbole de la Charité ardente, qui devait être le caractère des Enfants de Dieu sous la Loi nouvelle. Ce n'est plus maintenant la crainte qui doit dominer, parce que nous ne sommes plus des esclaves ; c'est l'amour qui doit nous conduire, parce que nous sommes des Enfants adoptifs, et que le Saint-Esprit, étant dans le Sein de Dieu le terme de l'amour du Père et du Fils, il veut être dans le sein de l'Église un principe intarissable de l'amour le plus parfait et le plus pur. Soyons donc désormais de vrais adorateurs en esprit et en vérité. Nourrissons-nous du Corps de Jésus-Christ reçu réellement, mais en même temps en esprit, puisque la Chair toute seule ne sert de rien. Agissons par l'Esprit qui a fait les Saints, et par l'amour, qui les a animés, afin que nous devenions Saints comme eux.livre mystique .com |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Lun 6 Juin 2022 - 10:01 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel.
Prière pour demander au Saint-Esprit l'abondance de ses grâces ! Esprit divin, qui écoutez favorablement et exaucez nos vœux, je m'adresse à vous avec la même confiance qu'un enfant reconnaissant se jette entre les bras de son père. Accordez-moi, je vous en conjure, l'abondance de vos grâces, en venant habiter dans moi par la Confirmation ; mais surtout, lumière éternelle, dissipez les ténèbres de mon esprit ; feu sacré, fondez la glace de mon cœur, afin que je connaisse mes devoirs de chrétien, et que je les remplisse avec amour.
Amen |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Mar 7 Juin 2022 - 9:46 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel
Méditation sur le bon usage du temps présent
Extrait de « Méditations pour tous les jours de l'année ; sur les principaux devoirs du Christianisme » par Henri Griffet. 1er point. Le présent est le seul temps dont nous puissions faire un bon ou un mauvais usage. Le passé n'est plus, l'avenir n'est pas encore : il n'y a que le temps présent qui nous appartienne ; mais ce présent n'est qu'un instant rapide et fugitif, un point presque imperceptible qui cesse d'être aussitôt que nous y avons pensé. Représentez-vous le temps comme un vaste torrent qui vient à vous avec une rapidité inconcevable. Ce qui s'est écoulé ne reviendra plus ; c'est le passé : ce qui coule à vous n'y est pas encore arrivé ; c'est l'avenir : ce qui est parvenu jusques à vous ; c'est le présent : vous en pouvez profiter.
2e point. Quel usage en doit-on faire ? Point d'autre que de l'appliquer au soin de son salut, pour s'assurer un mérite et une récompense qui dure éternellement. Non, il n'est aucun moment dans notre vie que nous ne devions, et que nous ne puissions employer à mériter le Ciel ; aucun qui ne fournisse une occasion et un moyen de pratiquer quelque vertu ; aucun où nous ne devions être prêts à paraître devant Dieu pour lui rendre compte de nos actions ; aucun enfin qui ne puisse être le moment décisif de notre salut. |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Mer 8 Juin 2022 - 9:48 | |
| Le Petit Sacristain
Exercice de la présence de Dieu ! Cet exercice consiste dans un simple regard de Dieu par la foi, par une application affectueuse, sans bandement de tête, ni aucun effort de l'imagination, à quoi il faut prendre garde, de peur de se blesser la tête, et de se faire mal ; et de cette manière on évitera les inconvénients que l'ignorance et l'indiscrétion causent souvent ; et on n'aura pas l'esprit dans la contrainte que quelques-uns attribuent mal-à-propos à ce saint exercice, qui est tant recommandé par les Saintes Écritures, et dans les écrits des Pères de l'Église, et de tous les Docteurs qui ont été remplis du Saint-Esprit. Il est bon à son réveil, dès le matin, de commencer la journée par ce divin exercice ; et d'en faire un saint usage de temps en temps durant le jour ; et pour cela la séraphique sainte Thérèse est d'avis que l’on se serve de saintes industries pour ramener à Dieu notre pauvre esprit qui en est si égaré. On peut se servir pour cela des horloges qui forment les heures, se mettant en la présence de Dieu à toutes les heures : et ce sera un moyen d'en acquérir peu à peu l'habitude avec les secours divins. Il y en a plusieurs qui récitent quelques prières vocales à chaque heure du jour, et c'est une pratique très-bonne et très-louable ; mais souvent cela se fait avec peu d'application; et quelquefois par pure coutume. Dieu serait bien plus glorifié, que l'on entrât dans un véritable recueillement, pour le voir présent par la foi, et pour ensuite l'aimer et l'adorer. On peut dans la campagne, où il n'a point d'horloge, se servir de quelques autres moyens, pour se souvenir de cette divine présence quatre ou cinq fois tous les matins, et autant après avoir dîné.
Il y en a qui portent sur la manche une croix de deux épingles croisées, on pourrait n'y en mettre qu'une seule, comme on en met souvent pour se souvenir de quelque chose ; et cela leur sert pour voir Dieu présent par la foi, ce qui contribue beaucoup à empêcher qu'on ne l'offense dans les occasions, ou à faire ce qu'il demande de nous, et à souffrir en patience les maux qui arrivent. Comme cet acte intérieur de la présence de Dieu se peut faire en très-peu de temps, il n'y a rien qui empêche que l'on ne s'en serve au milieu des compagnies, aussi-bien que si l'on était seul, dans tous les exercices extérieurs, parmi les affaires, les soins que l'on doit prendre, en étudiant, en se divertissant, et enfin dans quelque état que l'on se trouve. On peut même en faire usage durant les maladies ; car comme il consiste dans un simple souvenir affectueux par la foi de Dieu présent, sans s'en former d'images distinctes, cela n'apporte aucune incommodité. Il est bon, lorsque l'on est en santé, et que l'on se trouve seul, de se mettre à genoux à toutes les heures pour adorer la suprême Majesté des trois Personnes divines de la suradorable Trinité, et même de se prosterner devant sa grandeur infinie.
J'ai connu des Communautés Religieuses dans lesquelles cet exercice de la présence de Dieu était ordinaire parmi leurs pensionnaires, en sorte qu'à chaque heure toutes se mettaient à genoux pour adorer ce Dieu d'infinie Majesté présent. J'ai connu même des familles séculières où l'on n'y manquait pas, les maîtres et les serviteurs s'en acquittant avec bien de la fidélité, à moins qu'il ne se rencontrât des personnes étrangères du dehors ; et encore lorsqu'on les en jugeait capables, on les invitait à faire de même. Je demeure d'accord qu'il faut en ce sujet user de discrétion : mais chose étonnante, si quelque Grand de la terre nous faisait l'honneur de nous venir voir, non-seulement nous, mais tous ceux qui se rencontreraient, ne manqueraient pas de lui rendre leurs respects ; et nous prendrions bien la liberté de leur en donner avis s'ils ne le faisaient pas. Un Ecclésiastique de ma connaissance, pénétré de cette vérité, en use avec bénédiction dans les occasions, et particulièrement quand on le vient voir : et il invite de tous côtés ceux avec qui il se trouve, d'adorer Dieu présent, leur en faisant faire en même-temps l'exercice. Les Pères Chartreux ont une coutume sainte, lorsqu'on les visite, ils commencent toujours la conversation par la prière, et se mettent à genoux. C'est ce qui était ordinaire parmi les premiers Chrétiens. Mais malheur à nous, qui avons dégénéré si lâchement de cette première ferveur !
Cet exercice de la présence de Dieu, fait que l'on s'acquitte saintement des bonnes actions, qui souvent se font avec une négligence lamentable. Il serait à désirer que l'on s'en servît au commencement des prières, et lorsque l'on récite l'Office au commencement de chaque heure. Certainement si on considérait bien la Majesté infinie de Dieu présent à qui l'on parle, on se donnerait bien de garde de le prier avec une telle précipitation de paroles, que l'on passerait pour ridicule si on parlait de la même manière à un valet. C'est ce qui arrive même en la célébration des Mystères divins ; et les enfants ou autres qui répondent particulièrement lorsque l'on récite les versets qui se disent immédiatement après le Confiteor, au commencement de la sainte Messe, ou au Kyrie, eleison, le font avec tant de vitesse, que les hérétiques en ont fait le sujet de leurs railleries. Ô ! si les Prêtres faisaient une sérieuse attention aux Mystères redoutables qui se passent en la sainte Messe, au grand Dieu des éternités qui se rend présent entre leurs mains, dans quels anéantissements ne seraient-ils pas ? Avec quels respects tous les peuples ne feraient-ils pas leurs prières ?
Les distractions involontaires, et qui ne sont pas causées par quelques attachements, ou par trop d'épanchement dans les choses extérieures, ne doivent pas embarrasser. Il faut donner le temps à ce qui est nécessaire dans l'ordre de Dieu, et ne négliger rien des obligations de son état. Mais il faut retrancher les occupations inutiles, et ne donner que le nécessaire à ce qui est de notre obligation. Il faut retirer son esprit de tous les embarras inutiles des créatures, qui sont cause que nous oublions le Créateur. Il faut ôter de son cœur toutes les affections qui en divertissent. Le trop de présence des créatures, nous prive de la présence de Dieu. Si nous veillions bien à retrancher les occupations qui ne sont pas nécessaires, nous trouverions du temps pour nous occuper des choses célestes. Se peut-on figurer un aveuglement plus étrange que celui de ces gens qui disent qu'ils ont trop d'affaires, et qu'ils n'ont pas le loisir de donner quelque heure pour méditer saintement sur leurs affaires éternelles. Ces gens ne trouvent-ils pas le temps de dormir, de boire et de manger, de faire des visites, et d'en recevoir, et de s'entretenir avec les hommes ?
Après tout, c'est un honneur si grand, que celui que Dieu nous fait de vouloir bien nous permettre, chétifs néants que nous sommes, de le regarder, et de l'entretenir, qu'il n'y a point de peine que nous ne devions souffrir avec joie pour avoir cette grâce. Ainsi, il sût porter avec patience et en paix l'importunité des distractions, l'ennui, et la privation du sentiment, et de toute consolation. Souvent il arrive que dans les commencements la présence de Dieu est plus sensible, et que dans la suite du temps les sens n'y ont point de part. Mais la foi nous doit suffire. Si l'on considère les peines que se donnent les Courtisans des Rois, et le plaisir qu'ils ont s'ils leurs disent quelque parole après avoir employé bien du temps à leur faire la cour, on verra très-clairement que tout ce que l'on souffre est très-peu de chose, dans l'exercice de la présence de Dieu.
Comme cette Majesté suprême est présente à toutes sortes de personnes sans aucune exception, il n'y en a point sans réserve qui ne doivent s'y appliquer, et les plus grands pécheurs même. Ce serait le grand moyen de se retirer de l'abîme de leurs vices, et d'obtenir des grâces singulières pour faire de dignes fruits de pénitence. Il faut pour ce sujet ménager quelque temps de retraite. Ceux qui vivent dans la campagne loin des embarras des Villes, en ont une heureuse occasion. Ô ! qu'il serait doux, se promenant dans quelque allée d'un jardin, d'un bois, ou en quelque autre lieu à l'écart, et éloigné des compagnies de la terre, de se souvenir de celle que l'on a des trois Personnes divines de la suradorable Trinité, et d'en faire un divin usage, se mettant à genoux lorsque l'on est seul, pour les adorer, et s'anéantir devant leur grandeur infinie.
(Dieu présent partout, par M. H-M Boudon) |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Jeu 9 Juin 2022 - 9:56 | |
| LE PETIT SACRISTAIN
Le malheur du Monde dans son opposition à Jésus-Christ
Saint François renonçant au monde ! Jésus-Christ, nous enseigne l'Apôtre, est toutes choses en tous. Il est notre lumière, sans lui nous sommes des aveugles, et nous marchons dans de perpétuelles ténèbres. Il est notre force, sans lui nous ne sommes qu'une pure faiblesse. Il est notre vie, sans lui nous sommes dans l'état d'une affreuse mort. Il est notre salut, sans lui il faut être perdu. Hors de lui il n'y a plus rien à espérer. Quel malheur après cela non seulement de n'être pas avec lui, mais de lui être entièrement opposé ! C'est néanmoins le malheur commun du monde, ce qui mérite des torrents de larmes ; du monde qui se dit Chrétien, et qui faisant profession d'être son disciple, lui est tout-à-fait contraire.
Si nous méditions bien cette vérité, il sera très-difficile de n'être pas pénétré de douleur et de crainte. Oui, il est vrai, le monde au milieu du Christianisme est tellement opposé à Jésus-Christ, que si une personne étrangère venait dans le pays des Chrétiens, n'en ayant jamais vu, et que d'autre part un Ange lui eût révélée la doctrine de Jésus-Christ, elle ne pourrait pas les discerner, si elle s'arrêtait seulement à leurs sentiments. Car ce qui semble épouvantable à écrire, mais ce qui se passe réellement, le monde est tout opposé à Jésus-Christ dans ses pensées, dans ses paroles, et dans ses actions. Cependant, nous dit l'Apôtre, nous devons avoir les mêmes sentiments que Jésus-Christ ; c'est une suite nécessaire du Christianisme, dont la grâce nous faisant une même chose avec lui, puisqu'elle nous fait ses membres, nous donne à même temps le même esprit. Et où le trouverons-nous parmi la plupart des Chrétiens ?
Le Fils de Dieu a déclaré bienheureux les pauvres. Ce qu'il a appris par ses divines paroles, et par les exemples d'une vie qui crie hautement le bonheur de la pauvreté à ceux qui ont des oreilles pour entendre. Et le monde les dit et il les estime malheureux, soit qu'ils le soient par leur naissance, soit qu'ils le soient devenus par la perte de leurs biens. Combien est-il éloigné de la haute estime que cet état demande au Chrétien, qui, selon ce que nous apprend le Saint-Esprit dans l'Épître de saint Jacques, est un état dont il se doit glorifier ; et de vrai, c'est une grande gloire d'être de la condition de Jésus-Christ notre Roi.
Le Fils de Dieu nous apprend que ceux qui pleurent, sont bienheureux, c'est-à-dire, qui sont dans des états de misères, de souffrances, soit de l'esprit, soit du corps, soit qu'elles viennent des hommes, des démons, ou par une pure conduite de son aimable providence ; qui soient si affligeantes, que, selon la nature, on ait de la peine à ne pas pleurer : et le monde regarde ces états comme un vrai malheur.
Le Fils de Dieu dit : Bienheureux ceux qui souffrent maintenant la faim. Et le monde tient que c'est une grande misère, qu'il est bon d'avoir une bonne table, de faire grand'chère, de se nourrir délicatement. Le Fils de Dieu déclare à ses Disciples, qu'ils seront bienheureux lorsque les hommes les haïront, leur diront des injures, et qu'ils auront leur nom en abomination à cause de lui ; que pour lors ils doivent se réjouir, et être transportés de joie : ce qui fait voir que c'est un incomparable bonheur. Et c'est ce que le monde regarde comme un grand mal. Au contraire le Fils de Dieu prononce que les riches sont malheureux, parce qu'ils ont leur consolation. Que ceux qui sont rassasiés, qui rient maintenant, que les hommes bénissent, sont malheureux. Et le monde est tout persuadé que c'est un bonheur d'être riche, de faire de bons repas, d'être dans les aises de la vie, d'y être approuvé des hommes.
Le Fils de Dieu dit : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. Et le monde dit : quand il est offensé de quelqu'un : C'est mon ennemi, je ne saurais le voir, je ne saurais lui parler ; dans la rencontre on s'en détourne, ou on ne le salut pas. Bien loin de lui faire du bien, le monde qui paraît le plus modéré, se contente de dire : Je ne lui veux pas de mal. Bien loin de le bénir, quand il maudit ; et de prier pour lui, quand on en est calomnié, on en dit tout le mal que l'on en sait, et quelquefois le mal que l'on ne sait pas. On se sert de toutes sortes de voies pour le décrier. On porte un cœur toujours irrité, on tâche par toutes sortes de moyens de s'en venger. Que l'on est éloigné de lui faire du bien, comme notre divin Maître le demande !
Le Fils de Dieu nous apprend qu'on nous fera la même mesure que nous aurons faite aux autres. Où trouvera-t-on du monde qui croie cette vérité ? Celui qui ne fait pas du bien à son ennemi, ne la croit pas ; car il serait sans espérance du salut. Quelque mal qu'il en ait reçu, il n'approchera jamais du mal du péché que nous commettons contre dieu, qui est un mal qui a quelque chose d'infini, et qui nous rend coupables de la mort d'un homme-Dieu, et que nous traitons si outrageusement, après qu'il a donné son sang jusqu'à la dernière goutte pour nous, et dont nous dépendons si absolument, que s'il cessait un moment de nous faire du bien, nous serions tout-à-fait perdus. Hélas ! à quoi le monde pense-t-il ? Pense-t-il qu'il sera traité de Dieu comme il aura traité le prochain ? Qu'il considère donc la manière dont il en use à son égard, pour connaître ce qu'il en doit espérer.
Le Fils de Dieu nous assure qu'il répute fait à sa propre personne, ce que l'on fait à son prochain. Le monde le traite-t-il comme Jésus-Christ ? Loge-t-on les pauvres, leur donne-t-on leurs besoins, leur parle-t-on avec respect, les reçoit-on avec honneur, comme on serait ce divin Sauveur, si on le voyait en sa propre personne ? Les premières personnes de la terre avaient la foi de cette vérité, comme saint Henri, saint Louis, saint Édouard, et plusieurs autres Rois et Reines, qui avaient pour eux des respects inexplicables, qui les servaient à genoux ; et ceux qui étaient les plus affreux, qui avaient les maux les plus capables de donner de l'honneur, ils leur donnaient à manger de leurs propres mains.
Le Fils de Dieu dit : Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. Est-ce là le modèle que le monde prend pour régler ses mœurs ? Se règle-t-il en ses pensées, en ses paroles, en ses actions sur la conduite d'un Dieu ? A-t-il un cœur miséricordieux envers les misérables, comme le cœur de ce Père qui est dans les cieux, soit en compatissant à leurs misères, soit en leur donnant des secours, soit en supportant leurs défauts, en exerçant la patience, en leur remettant leurs offenses, en ne se lassant point de leur bien faire, quel mal qu'ils nous fassent, à l'imitation de notre Père qui fait lever le soleil sur les méchants aussi bien que sur les bons.
Le Fils de Dieu dit : Je vous dis moi, que vous ne résistiez point quand on vous fera du mal. Si on vous fait un procès pour avoir votre robe, abandonnez encore votre manteau. Donnez à qui vous demande, et ne vous détournez point de celui qui veut emprunter quelque chose de vous. Prêtez sans en rien espérer. Et le monde dit : Il se faut défendre, quand on nous fait du mal. Il faut plaider fortement, quand on veut nous prendre ce qui nous appartient. On ne doit pas prêter facilement ; et quand on le fait, il faut faire valoir son argent. Le Fils de Dieu dit : N'amassez pas des trésors sur la terre, où la rouille et les vers les peuvent corrompre, et où les larrons les déterrent et les dérobent. Personne ne peut servir Dieu et l'argent. On ne peut servir deux maîtres. Vous ne devez pas vous inquiéter pour le boire et pour le manger, ni pour les vêtements. Ce sont les Gentils qui s'inquiètent de toutes ces choses. Cherchez premièrement le Royaume de Dieu, et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. Et le monde dit : Il est bon d'amasser de grands biens. Il met sa joie et son repos dans l'argent qu'il a dans ses coffres. Il se tourmente, dans la crainte de manquer de bien ; et il agit en cela comme les Gentils, et quelquefois s'en mettant plus en peine que ces Infidèles. Notre Maître n'exclut pas par ces paroles les soins modérés que l'on prend dans son ordre, mais les soins inquiets et qui troublent. Saint Jean Chrysostome remarque ici que, si notre sauveur nous avait recommandé d'amasser des trésors, et de faire tous nos efforts avec toutes les inquiétudes possibles pour avoir de l'argent, que nous ne pourrions pas nous y appliquer davantage.
Le Fils de Dieu crie à tous ceux qui veulent le suivre, qu'ils renoncent à eux-mêmes, et qu'ils portent leurs croix. C'est la condition indispensable de tous les Chrétiens. Et partout on ne trouve que des gens qui tâchent de satisfaire à leurs désirs, la propre volonté domine et règne dans les personnes de toutes sortes d'états, et en toutes sortes d'occasions.
Après cela, si l'on médite sérieusement et avec attention ces vérités, on verra dans un grand jour, que les sentiments, les paroles, les actions et la conduite du monde sont tout-à-faire opposés à Jésus-Christ. Ainsi que l'on aille de Royaume en Royaume, de ville en ville, de porte en porte ; que l'on demande au monde qui s'y rencontre, s'il croit que les riches soient malheureux, que ce soit un bonheur d'être pauvre, que ce soit un malheur d'avoir vingt, trente mille livres de rente, un bonheur d'avoir perdu un procès, son bien, d'être né pauvre ; un bonheur d'être délaissé des créatures, d'en être méprisé et rebuté, d'en recevoir des injures. Combien en trouvera-t-on qui répondront selon l'Évangile, qui parleront comme le Fils de Dieu a fait ? Chose étonnante, que parmi même ceux qui font une profession plus spéciale de dévotion, on a peu de foi des maximes de l'Évangile, on rencontrera de ces gens piqués au vif, si on a médit d'eux, si on leur a fait quelque offense sensible étrangement au point d'honneur. Il n'y a pas, dit la séraphique Thérèse, jusqu'au Prédicateur, au Religieux et à la Religieuse, qui n'en soient touchés, et qui n'aient le respect humain.
Cependant les vérités pratiquées dont nous venons de parler dans ce Chapitre, sont les sujets de notre Foi, aussi bien que les vérités spéculatives. Le même Dieu qui nous a révélé le mystère de la suradorable Trinité et du très-saint Sacrement de l'autel, est le même qui nous a déclaré le bonheur de la pauvreté et le malheur des richesses, le bonheur des afflictions et le malheur des aises de la vie, le bonheur des humiliations et le malheur de l'élévation des honneurs : nous sommes obligés de croire à ce qu'il nous dit à l'égard des vérités pratiques, comme à l'égard des spéculatives. Les cinq sens, il est vrai, y répugnent entièrement, et elles sont au-dessus de la raison. Mais la raison comprend-t-elle le mystère suradorable de la glorieuse Trinité ? Mais tous les sens ne sont-ils pas contraires à la foi de la présence réelle du corps de Jésus-Christ en la divine Eucharistie ? Les yeux n'y voient que du pain, le goût et l'attouchement n'y goûtent et n'y touchent que du pain ; et néanmoins au-dessus de la raison, et malgré les sens, on croit ces mystères ; et celui qui ne les croit pas, est véritablement hérétique. On rapporte sur ce sujet d'une Demoiselle, qui ayant été reçue de saint François de Sales pour être Religieuse dans l'Ordre de la Visitation de sainte Marie, lui demanda de faire abjuration de l'hérésie auparavant que de prendre l'habit. Ce qui ayant surpris le Saint, parce qu'elle avait toujours fait profession de la Foi catholique, elle s'expliqua, lui disant : Mon Père, il est vrai que je suis née, et que j'ai toujours vécu dans la Religion catholique, mais sans avoir cru les vérités ; car j'ai toujours cru que les riches étaient bienheureux, et les pauvres malheureux ; que c'était un malheur d'être dans les misères de la vie, et un bonheur d'y avoir ses aises. Ainsi je n'ai point cru les vérités que Jésus-Christ a révélées.
Mais, comment le monde les pourrait-il croire ? À peine commence-t-on à avoir l'usage de raison, que l'esprit s'imprime des sentiments tout opposés. Les pères, les mères, les nourrices, les gouvernantes les inspirent aux enfants, qui n'entendent parler qu'avec estime de tout ce que le Fils de Dieu condamne. Qu'il est rare de trouver des familles où l'on apprenne les maximes de l'Évangile ! Au contraire, les enfants sont élevés en païens ; car on leur enseigne ce qui est propre aux Infidèles, selon la doctrine de notre Sauveur Jésus-Christ. Il ne faut pas s'étonner ensuite si le cœur et l'affection tendent à l'amour des choses du siècle, des honneurs, des richesses et des plaisirs ; et à l'éloignement des humiliations, des mortifications et des croix.
Ce sont de ces honneurs, de ces biens temporels, et des fausses joies du siècle, dont l'on parle dans les compagnies. C'est ce qui y fait le sujet des entretiens. À peine oserait-on y parler de Dieu. Que les entretiens de l'éternité y sont rares, du mépris des choses qui passent, de la vanité de ce qui est l'objet des désirs de la plupart des hommes, des moyens de servir Dieu ! On y parlera assez des voies pour acquérir des biens, des bénéfices, des dignités, des charges ; on y louera hautement ceux qui y réussissent dans les assemblées, même les plus sérieuses, où l'on traite d'affaires, de sciences, de doctrine ; l'on s'y occupe peu de la doctrine de Jésus-Christ. Souvent, pour me servir des paroles de l'Apôtre, on s'y arrête à des fables, à des généalogies qui n'ont point de fin, et qui sont plutôt une source de disputes que d'édification selon Dieu. On disputera de l'origine des familles, de leur noblesse, de leur antiquité ; on considérera peu la glorieuse et inestimable alliance que la grâce du Christianisme nous donne avec les trois personnes divines de la suradorable Trinité, la condition où elle nous élève d'être les membres de Jésus-Christ, et ensuite d'être les cohéritiers de son Royaume infiniment glorieux, et qui n'aura jamais de fin. On parle de tout, on s'entretient de tout, à l'exception de l'unique chose nécessaire. Qui pourrait dire la compassion que ces entretiens donnent aux saints Anges, et combien ceux des personnes, même les plus sérieuses selon le monde, leur paraissent ridicules ? Les Saints les ont vus plusieurs fois, lorsqu'ils leur ont apparu sous des formes sensibles, en des manières tristes, pour apprendre la pitié qu'ils avaient des hommes qui s'occupaient en des choses si peu dignes de la grandeur de leur vocation. C’est ce qui éteint aussi l'Esprit de Dieu, empêchant l'usage de ses dons, ou faisant perdre la ferveur de la dévotion. Comme notre bon Sauveur se trouve au milieu de ceux qui sont assemblés en son nom, qu'il s'y plaît et qu'il y demeure, qu'il y communique ses grâces, aussi il s'éloigne de ceux qui sont unis par l'esprit du monde. Ce qu'on lit de la bienheureuse Angèle de Foligny sur ce sujet, est très-considérable, qu'ayant pris pour compagne dans un voyage qu'elle faisait une personne d'une grande piété, notre Seigneur lui fit connaître qu'il ne lui aurait pas fait les grâces singulières qu'il lui accorda, si elle en eût choisi une autre qui eût eu moins de son esprit. Au contraire le démon se rencontre parmi les amateurs du siècle ; et il y a des personnes dans lesquelles il réside d'une manière particulière, et qui sont ensuite très-dangereuses à celle avec qui elles conservent. Un homme se mourant, et dans une assez douce paix, un hérétique de ses amis l'étant venu voir par civilité, à même temps il s'écria qu'il était tourmenté de tentations contre la foi ; c'est que le démon qui résidait dans l'hérétique comme dans son fort, lui jeta ses traits enflammés, comme parle l'Apôtre.
Il tente dans l'impudique, de l'impureté ; dans l'avare, de l'avarice ; dans le superbe, de vanité et d'orgueil : c'est à quoi il faut prendre garde, et particulièrement à la mort, tâchant de n'avoir que des personnes de piété auprès de soi. Comme les enfants de Dieu sont poussés par son Esprit, comme nous l'enseigne saint Paul ; de même ceux qui par le péché sont les enfants du diable, sont mus de son esprit ; et c'est lui qui les fait agir. Il a sa demeure dans eux, et il s'en sert. On a remarqué dans les personnes qu'il possède corporellement ; et à qui il donne le mouvement de leurs actions, qu'elles font les mêmes choses que les pécheurs ordinaires, en leur façon de s'exprimer, ou en leur manière d'agir. Tout y est mouvement d'orgueil, de vanité, d'impureté, de colère, tout y ressent l'esprit du monde, leurs paroles, leurs gestes. Le dérèglement du siècle y paraît hautement : on y voit la bagatelle, la curiosité, les vains attachements des dames du monde, et les manières dont elles se servent. C'est que l'esprit du monde, que l'Apôtre déclare n'avoir point, est l'esprit du démon, et qui est opposé à Jésus-Christ. Certainement il est si contraire, que les maximes de l'Évangile lui semblent une folie, et ce qui est rapporté dans l’Évangéliste Saint Luc, que les Pharisiens, qui étaient avares, se moquaient de la doctrine du Fils de Dieu, qui ne prêchait que l'amour de la pauvreté, et le détachement des richesses, arrive encore tous les jours. Les vérités du renoncement à soi-même, et aux autres créatures, sont dures ; on ne peut les goûter, et souvent on se raille de ceux qui les disent et les pratiquent. C'en est assez d'être plein de l'esprit de Dieu, pour trouver partout de l'opposition. Les Prédicateurs Apostoliques, qui vivent dans l'amour de la pauvreté, du dégagement de toutes choses, ne manqueront jamais de contradictions. Ceux qui se rendent complaisants aux hommes, sont les bienvenus, on leur applaudit, on les recherche, on les aime. On laisse les gens de Dieu, on les contredit, on les fuit, ils ne sont pas approuvés. Les œuvres qui sont le plus à la gloire de Dieu, trouvent mille difficultés ; les œuvres du péché, ou qui y tendent, n'en rencontrent point. On jurera, on dira des paroles indécentes, on chantera publiquement des chansons peu honnêtes, les Magistrats passent, pas un ne dit mot : on les laisse distribuer dans les campagnes, où des gens les apprennent, les chantent, qui souvent ignorent les principes de la Foi.
(Le malheur du monde, M. Boudon) |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Ven 10 Juin 2022 - 10:01 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel
Le malheur du monde dans les peines de cette vie, et dans les tourments de l'autre
Mort du pécheur ! Il y a trois sortes de personnes dans la terre ; il y en a qui sont uniquement à Dieu seul par le renoncement à tout ce qui n'est pas Dieu. Ces personnes, dit Saint François de Sales, sont très-rares ; et il s'en trouve si peu, que le divin Époux, quand il parle de quelqu'une de ces heureuses personnes, il l'appelle son unique colombe, comme si elle était seule. Or l'on voit dans ces personnes quelque image du Paradis, où Dieu étant toutes choses en tous, un bonheur achevé et parfait, s'y rencontre toujours. Ces personnes sont le peuple béni de Dieu, dont la bénédiction l'accompagne à la ville et aux champs, et entre et sort avec lui. Sur lequel, comme nous l'enseigne l'Écriture, il étend ses ailes comme l'Aigle sur ses petits ; dont il porte le nom écrit en ses mains, dont il conserve le souvenir que les siècles ne pourront effacer ; dont la paix est comme une puissante rivière dans son abondance, dont la joie est continuelle, au moins dans la suprême partie de l'âme, qui sera durable et affermie, qui passera par les eaux, et surnagera ; qui sera au milieu des flammes sans en être brûlé : car toutes les eaux des contradictions des hommes, des afflictions de la vie, des tourments des tyrans et des Démons ne pouvant éteindre la simplicité et pureté de son amour de Dieu seul, y demeurant incessamment uni, il y repose comme dans son centre, dans une plénitude de paix si abondante, que sainte Catherine de Gènes, pour donner quelque idée de la félicité de ces personnes, assure que si on en faisait un précis, que si on les pressait fortement, il n'en sortirait autre chose qu'une paix divine.
Il y en a d'autres qui sont à Dieu, mais qui tiennent encore imparfaitement à une autre chose qu'à Dieu ; qui ne peuvent pas dire comme Saint François d'Assise : Mon Dieu et mon Tout. Ces personnes ne jouiront jamais de la paix divine des premiers. Pour peu que le cœur de l'homme se repose autre part que dans son centre qui est Dieu seul, il est tourmenté : ainsi ces personnes, quoique vertueuses, sont sujettes à bien des chagrins, ont bien des mécontentements. C'est ce qui est cause que l'on en rencontre peu qui soient dans une joie continuelle, à laquelle l'Apôtre exhorte ; qui ne contient jamais que des moments d'une paix divine, même au milieu de tout ce qu'il y a de plus affligeant en la vie ; parce qu'il y en a peu qui se contentent de Dieu seul.
Mais enfin il y en a d'autres, et c'est ce que l'on appelle le monde, qui sont vides de Dieu, plongées dans l'amour d'elles-mêmes et des autres créatures, toutes pleines des désirs du siècles et de ses vanités ; et celles-là sont malheureuses en cette vie et en l'autre. Bienheureux est l'homme, dit le Psalmiste, qui ne s'est point laissé aller au conseil des impies, qui ne s'est point arrêté dans la voie des pécheurs, et qui ne s'est point assis dans la chaire de contagion et de la peste ; mais qui au contraire met tout son affect ou en la Loi du Seigneur, et qui la médite le jour et la nuit. Il sera semblable à un arbre planté sur le bord des eaux courantes, qui portera son fruit en son temps. Sa feuille ne tombera point ; et tout ce qu'il fera, réussira heureusement. Après cela ce saint Roi s'écrie : Il n'en est pas ainsi des impies, il n'en est pas ainsi ; mais ils seront semblables à la poussière que le vent emporte de dessus la terre.
Ils seront le jouet des Démons dont ils sont les esclaves, comme nous l'avons remarqué dans le Chapitre précédent, ils les mèneront selon leur volonté ; et comme le diable est leur chef, qu'ils en sont les membres, ils seront animés de son esprit turbulent, inquiet, furieux, agité, troublé et toujours dans la peine. Les pécheurs, dit saint Pierre, tenant des discours pleins d'orgueil et de folie, promettent la liberté, quoiqu'ils soient eux-mêmes esclaves de la corruption ; parce que chacun est esclave de celui qui l'a vaincu, comme nous l'avons encore dit. Ce droit, dit un Interprète, est le droit de la guerre, et ce droit se trouve dans le péché et dans la concupiscence, et dans les démons à l'égard des pécheurs ; et pour peu que l'on cède à ces maîtres, ils augmentent leur domination, en sorte que le monde pécheur ayant pour maître le péché, la concupiscence et le démon, il est étrangement tyrannisé, tantôt par ses passions qui l'emportent comme le vent la poussière ; quelquefois en des agitations furieuses de dépit, de colère et de haine ; quelquefois en des soins inquiets et pleins de troubles, des biens et des richesses ; d'autres fois en des désirs des satisfactions sensuelles qui ne les laissent jamais en repos. Le pécheur, dit l'Écriture, sera revêtu au-dehors, et rempli au-dedans de malédictions. car n'est-il pas bien juste, que celui qui a Dieu pour ennemi, ait pour partage l'horreur et la désolation ? Et comme les plus grands maux deviennent de grands biens à ceux qui aiment Dieu, les plus grands biens lui deviennent de grands maux. Les impies ont beau crier : La paix, la paix. Le Seigneur a dit : Il n'y a point de paix pour les impies ; car le véritable repos ne se trouve qu'en Dieu seul, dont ils sont privés du divin amour. Et comment pourraient-ils se reposer entre les bras de celui à qui ils font une cruelle guerre ? Leurs prospérités sont pour eux de grandes peines. Ils trouvent la douleur dans leurs plaisirs ; et tous les efforts qu'ils font à se procurer de la satisfaction, leur causent mille inquiétudes.
Le monde a beau faire, qu'il aille où il voudra, qu'il prenne des ailes, pour parler avec le Psalmiste, pour voler vers l'orient, et qu'il habite vers l'extrémité de la mer, qu'il parcoure toute la terre et toutes les mers, qu'il jouisse de toutes les grandeurs qui s'y trouvent, des plaisirs que l'on y peut rencontrer, qu'il soit en pouvoir d'y prendre toutes les satisfactions que l'on y peut goûter, et qu'il ne se dénie rien de ce qui lui est agréable, il ne sera pas encore content, et il y aura bien des choses qui le feront peine. Aussi depuis la création de l'Univers, il n'a pu encore faire un homme parfaitement content. Qu'on lise toutes les Histoires, et on n'y trouvera pas une seule personne entièrement satisfaite. Il n'a point de richesses sans épines, il n'a point de douceurs sans amertume, il n'a point de grandeurs sans tourment.
Il n'y a nul âge ; nul sexe, nulle condition, qui soient exempts de souffrances : mais si le monde souffre dans ce qu'il a de plus doux et de plus agréable, quelle sera son affliction au milieu des maux qui l'environnent de toutes parts ! Quelles tristesses, quelles désolations dans la perte des biens, des charges, des femmes, des enfants, et des autres personnes que l'on aime ! Comme il est sans vue de Dieu, et sans son divin amour, sans la vue des vérités qui servent à modérer les maux de la vie, qu'il ne médite pas, il se donne en proie à la douleur, et il boit un fiel bien amer, sans le mélange des douces consolations des serviteurs de Dieu. Il demeure sans secours, et il boit de la coupe du vin de la colère du Seigneur jusqu'au fond de la lie. S'il est malade, il est dans des impatiences furieuses, il est dans des chagrins insupportables, et des inquiétudes assommantes, quand il lui arrive des maux qui l'affligent. Il est tourmenté pendant le jour ; et la nuit qui est destinée pour le repos, ne le laisse pas sans peines.
Mais qui pourrait dire les amertumes du monde, quand il faut sortir de cette vie ? Il voit que son heure est venue, il voit qu'il faut partir. Il regarde que ses attachements, dont il a dit tant de fois qu'il ne pouvait se déprendre, vont être rompus. Il connaît qu'une nécessité indispensable l'oblige de se séparer de ce qui l'arrêtait et l'empêchait d'aller à Dieu. Quelle horreur de quitter par force ce que jamais on n'a voulu lui donner par amour ! On lui arrache tout d'entre les mains, ses biens, ses amis ; il faut entrer dans une privation générale de toutes choses sans la moindre réserve. Mais quels saisissements de frayeur et d'horreur, s'il n'est point dans l'insensibilité dont nous parlerons, à la vue de l'éternité où il va entrer ? Il est certain qu'il y a un Paradis et un Enfer dans cette éternité : mais quelle espérance peut-il avoir du bonheur éternel du Paradis, après s'être écarté du chemin qui y conduit ? Toutes les apparences ne sont-elles pas qu'il s'en va dans le malheur infini de l'Enfer, après avoir tenu la voie de la perdition ? Ô quels transissements pour lors, quelles terreurs, quelle désolation !
Ces peines du monde durant la vie présente seront suivies des tourments dans la malheureuse éternité, qui ne se peuvent ni expliquer, ni être comprises. Hélas ! cela est bientôt dit, être damné ; mais c'est ce qui passe toute pensée. Ô monde ! ô monde ! il faut bien dire que ton malheur est bien grand, puisqu'il est incompréhensible.
(Le malheur du monde, M. Boudon) |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Sam 11 Juin 2022 - 8:57 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel
Autres Gémissements d'une âme sur ses égarements passés C'est en présence de vos Anges, ô Dieu source intarissable de pureté, que se présente devant vous un enfant prodigue et rebelle qui revient par votre grâce de ses égarements. C'est en esprit de pénitence et d'humilité qu'il ose paraître devant votre Majesté, sachant que c'est par l'humilité que l'on recouvre la pureté, et que rien n'approche tant d'un cœur pur, qu'un cœur contrit et humilié (S. Bern. Serm. 33. de diversis. 4). Où trouverais-je, mon Dieu, assez de larmes, pour pleurer, comme je le dois, les pertes que j'ai faites, et les scandales que j'ai donnés ? Qui donnera de l'eau à ma tête, et à mes yeux une fontaine de larmes, pour pleurer jour et nuit sur moi-même ? J'ai dissipé, hélas ! les biens de la grâce et les talents que j'avais reçus. Je me suis laissé aller d'abîme en abîme au gré de ma cupidité. J'ai été adonné au péché dès ma jeunesse, et j'ai passé dans l'impureté cet âge auquel il semble que la pureté soit si naturelle. J'ai fait société avec les méchants. Je me suis éloigné des chastes délices que l'on goûte dans votre maison, et déclarant la guerre à ceux qui voulaient me reprendre, j'ai suivi les honteux désirs de la chair, et j'ai lâché la bride à ma sensualité.
Je n'avais pas plutôt purgé mon âme de ses anciennes souillures qu'elle en contractait de nouvelles. Au lieu de la robe d'innocence dont vous m'aviez revêtu dans mon Baptême, je me suis couvert des haillons de l'iniquité. J'ai converti l'usage en des usages défendus par votre loi. Enfin, je suis tout couvert de plaies. N'ayant rien en moi de sain depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête ; je suis devenu hideux aux yeux des Anges, insupportable à moi-même, et qui plus est, un objet d'horreur pour vous, ô mon Dieu. Dans cet état je rougis de vous avoir quitté, ô mon Créateur, pour me tourner vers les créatures. Je déplore dans l'amertume de mon âme le temps que j'ai si vainement perdu. Recevez-moi comme un enfant qui revient à son père. Faites-moi sentir la grièveté de mes péchés passés, et daignez accepter la promesse que je vous fais de changer de vie. Comme une brebis qui refuse de suivre son pasteur, je me suis égaré dans des lieux secs et arides ; secourez aujourd'hui l'ouvrage de vos mains, et écoutez la demande du pauvre qui revient à vous. Ma douleur, il est vrai, est de beaucoup au-dessous de mes fautes ; mais, ô céleste Médecin, une impureté telle que la mienne demande une main telle que la vôtre. Qui peut guérir mes infirmités, sinon vous qui êtes descendu du Ciel pour le salut des hommes ? Qui pourra me donner la vie sinon vous qui en êtes l'auteur ?
Qui pourra me sauver, si ce n'est vous, ô mon Dieu ? Dites donc à mon âme, je suis ton Sauveur. Ne permettez pas que mes mauvaises habitudes étouffent mes bons propos. Ôtez-moi de la puissance d'un ennemi qui sera sans doute invincible si vous ne m'aidez à le vaincre. Si je suis par votre grâce assez heureux pour remporter la victoire, alors ma bouche sera remplie de vos louanges, et je m'écrierai avec le Prophète, Béni soit le Seigneur qui n'a pas permis que je fusse pour toujours la proie de mes ennemis. Si Dieu ne m'eût secouru, ils m'eussent englouti tout vivant. Mon âme, comme un oiseau, est échappée des filets du chasseur, et me voilà délivré. Ce sera pour lors que la louange sera belle dans la bouche du pécheur, et que celui qui aura semé dans les larmes, recueillera dans la joie.
Esprit de pureté, mon saint Ange Gardien, que j'ai de regret de vous avoir tant de fois attristé ! Soutenez de votre crédit auprès de mon Dieu, cette prière que je lui fais : Seigneur oubliez les péchés de ma jeunesse ; oubliez mes ignorances passées. J'ai passé ma vie à me souiller, à me noircir ; que j'emploie ce qui m'en reste à me laver et à me purifier. N'entrez point en jugement avec votre serviteur, afin qu'il loue et célèbre à jamais vos miséricordes. Augmentez la contrition qu'il a conçue de tant de péchés qu'il a commis, et de tous ceux dont il a été malheureusement la cause ou l'occasion. Qu'il en fasse une sincère pénitence, afin qu'en se punissant lui-même en ce monde, il vous engage à lui pardonner en l'autre. Ainsi soit-il.
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Dim 12 Juin 2022 - 9:40 | |
| LE PETIT SACRISTAIN
LE NOUVEL ADAM, PAR L'ESPÉRANCE.
DU BAPTÊME ! Q. Racontez-nous l'histoire du Baptême. R. Dans les premiers siècles de l'Église, on n'admettait pas d'abord au Baptême ceux qui le demandaient ; on les instruisait et on les éprouvait ordinairement pendant deux ans : on les appelait catéchumènes, c'est-à-dire catéchisés. Lorsque le Baptême approchait, on les examinait dans des assemblées appelées scrutins.
Q. Quand donnait-on le Baptême ? R. On donnait le Baptême pendant la nuit qui précédait les fêtes de Pâques et de la Pentecôte, parce que la première de ces fêtes rappelle le passage de la mer Rouge par les Hébreux, et la seconde le passage à la Loi nouvelle.
Q. Que faisait-on après le Baptême ? R. Après le Baptême, on revêtait de blanc les nouveaux baptisés, pour marquer l'innocence et la liberté spirituelle qu'ils venaient de recouvrer ; on leur donnait ensuite la Confirmation et la Communion ; puis, on leur servait à manger du lait et du miel, pour leur montrer qu'ils étaient entrés dans la véritable Terre promise.
Q. Combien de temps les nouveaux baptisés portaient-ils leurs habits blancs ? R. Les nouveaux baptisés portaient leurs habits blancs pendant huit jours, qui étaient des jours de fêtes, de prières, d'instructions et de toutes sortes de bonnes œuvres.
Q. Les premiers chrétiens conservaient-ils fidèlement le souvenir de leur Baptême ? R. Les premiers chrétiens conservaient fidèlement le souvenir de leur Baptême ; chaque année ils en célébraient l'anniversaire avec une ferveur nouvelle : cette fête s'appelait la Pâque annotine, c'est-à-dire annuelle.
Q. Quand a-t-on cessé de donner la Confirmation et l'Eucharistie aux nouveaux baptisés ? R. On a cessé de donner la Confirmation aux nouveaux baptisés, lorsqu'il n'a plus été possible aux Évêques d'administrer le Baptême par eux-mêmes ; et la Communion, lorsque l'Église a défendu, pour des raisons très sages, de la donner aux laïques sous les deux espèces : ce qui eut lieu au commencement du quinzième siècle, au concile de Constance.
Q. Que signifient les cérémonies du Baptême ? R. Les cérémonies du Baptême signifient la grandeur de ce Sacrement, les effets qu'il produit et les obligations qu'il impose ; elles sont dignes de toute notre vénération, puisqu'elles remontent aux premiers siècles de l'Église.
Q. Quels sont les avantages temporels du Baptême ? R. Les avantages temporels du Baptême sont : 1° de protéger la vie de l'enfant ; 2° de protéger son innocence ; 3° d'inspirer aux parents un grand respect et un grand soin pour lui ; 4° de leur faire supporter de bon cœur les peines inséparables de la première éducation.
Je prends la résolution d'aimer Dieu par-dessus toute chose, et mon prochain comme moi-même pour l'amour de Dieu ; et, en témoignage de cet amour, j'aurai toujours un grand respect pour les cérémonies de l'Église. |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Lun 13 Juin 2022 - 10:20 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel
Du premier, second et troisième degré de l'Amour
Extrait de "Traité de l'amour de Dieu" de Saint Bernard :
Du commencement de notre Amour, ou du premier degré de l'amour, par lequel l'homme s'aime pour soi-même. L'AMOUR est une des quatre passions qui nous sont données de la Nature, lesquelles étant d'elles-mêmes assez connues, il serait superflu de les nommer chacune en particulier. Mais certainement il serait de la justice même que les premiers usages de la Nature fussent employés premièrement à la reconnaissance et au service de l'Auteur de la Nature. C'est pour cela que JÉSUS-CHRIST a dit dans l'Évangile que le premier et le plus grand de tous les Commandements était celui de l'Amour envers Dieu. Vous aimerez, dit-il, le Seigneur votre Dieu (Matth. 22). Cependant, comme la Nature est fragile et faible, il faut que la nécessité même commande de lui rendre ce premier devoir. Ainsi cet amour est charnel, par lequel l'homme avant toutes choses s'aime soi-même pour soi-même. Et c'est ce que veut dire saint Paul par ces paroles : Premièrement, ce qui est animal précède, puis après ce qui est spirituel (I Cor. 15). Ce n'est pas pourtant un Commandement qui nous est donné, mais une impression secrète qui est gravée dans le fonds de la nature ; car, comme dit le même Apôtre : Qui est celui qui a jamais eu de la haine pour son propre corps (Ephes. 5) ? Que si cet amour, comme il arrive souvent, devient excessif, et que, ne voulant pas se contenir dans les bornes de la nécessité, il prenne l'essor et se jette éperdument dans les vastes campagnes de la volupté, son excès se trouve aussitôt réprimé par le second commandement qui lui est fait : Vous aimerez votre prochain comme vous-même ; et cela fort justement, n'étant pas raisonnable que celui qui est participant de sa même nature ne le soit pas aussi de sa grâce, et surtout de celle qui lui est connaturelle.
Or, si l'homme se trouve surchargé, non pas d'assister son prochain dans ses besoins, mais de le servir dans ses plaisirs, il faut premièrement qu'il travaille lui-même à retrancher les siens, à moins qu'il ne veuille, passer pour transgresseur de la Loi. Je veux bien qu'il se traite avec toute la douceur qu'il lui plaira, pourvu qu'il ne s'oublie pas de faire un pareil traitement à son prochain. Cependant, ô homme ! c'est un merveilleux avantage pour toi, de ce que la loi de la vie et de la conduite te donne un frein de tempérance et de modération, de peur que, suivant tes concupiscences, tu ne périsses, et que tu n’emploies les biens que tu as reçus de la Nature pour servir à la volupté, qui est l'ennemie mortelle de ton âme. N'est-il pas bien plus juste et plus honorable d'en faire part à ton semblable, je veux dire à ton prochain, que non pas à ton ennemi ? Que si, selon l'avis du Sage, tu renonces à tes plaisirs (Eccl. 18), et que, suivant la doctrine de l'Apôtre, tu te contentes du vivre et du vêtir (I Tim. 6), sans doute tu ne trouveras pas beaucoup de peine à retirer ton cœur peu à peu des affections charnelles, qui sont absolument contraires au salut de ton âme, et je ne crois pas que tu fasses difficulté d'accorder à ton semblable ce que tu retranches à ton ennemi. Ainsi ton amour ne sera pas seulement tempérant, il sera encore juste, lorsque tu emploieras aux besoins de tes Frères ce que tu soustrais à tes propres plaisirs ; et de charnel qu'il était auparavant, il deviendra raisonnable à mesure qu'il se rendra plus communicatif et libéral envers les autres. Mais si, en faisant part de tes biens au prochain, tu viens toi-même à manquer des choses qui te sont nécessaires, que penses-tu qu'il faudra faire en cette rencontre ? Saint Jacques te l'apprend en sa première Épître : Il faut t'adresser à Dieu avec une entière confiance, et demander à celui qui donne à tous avec profusion et sans reproche, qui ouvre les mains de sa toute-puissance, et remplit de ses bénédictions tous les animaux de la terre (Ps. 144). Car on ne peut nullement douter que celui qui a la bonté de donner à plusieurs les choses dont ils se peuvent bien passer, puisse dénier les nécessaires à celui qui se trouve dans l'extrémité. Mais, pour nous donner encore plus d'assurance de cette vérité, il nous engage sa parole dans l'Évangile, et promet absolument les choses nécessaires à celui qui se retranchera des superflues, et qui aimera son prochain. Cherchez premièrement, dit-il, le Royaume de Dieu et sa Justice, et toutes ces choses vous seront infailliblement données (Luc, 12). Or, c'est proprement chercher le Royaume de Dieu et sa grâce contre la tyrannie du péché, d'aimer mieux se soumettre aux lois de la modestie et de la sobriété, que de souffrir la domination du péché dans votre corps ; et c'est aussi chercher la justice, de faire part des présents que vous avez reçus de la Nature à celui qui est participant de la même Nature que vous.
Mais pour arriver à la perfection de la justice dans l'amour du prochain, il faut nécessairement que ce soit Dieu même qui soit le motif de cet amour. Et en effet, comment peut-on l'aimer avec pureté d'intention, si on ne l'aime pas en Dieu ? Et comment peut-on l'aimer en Dieu, à moins que Dieu même ne soit aimé ? Il faut donc aimer Dieu, premièrement que d'aimer le prochain en lui. Or Dieu, qui est l'auteur de tout bien, est aussi la cause de l'amour que nous avons pour lui-même, et voici comment : c'est que celui qui est l'auteur de la Nature en est aussi le protecteur, parce qu'il l'a tracée de telle façon que, comme elle n'a pu sortir de son néant que par lui, aussi ne saurait-elle subsister absolument sans lui : d'où vient qu'elle a besoin, pour se conserver, de l'assistance continuelle de celui qui lui a donné son premier Être. Ainsi, de peur que la Créature ne vienne à se méconnaître, et s'attribuer ce qu'elle n'a reçu que de son Créateur, ce même Créateur, par un Conseil très-sage et salutaire à l'homme, veut que cet homme soit affligé et accueilli de traverses et de misères, afin que, l'homme venant à manquer de force et de courage et se voyant secouru de Dieu, Dieu soit justement honoré par l'homme, qui tient sa délivrance de sa divine Bonté. C'est ce qu'il nous enseigne au Psaume 49 : Implore mon assistance au jour de ton affliction, et je te délivrerai, et tu m'honoreras. Par ce moyen, l'homme animal et charnel, qui ne savait ce que c'était que d'aimer un autre que soi-même, commence aussi d'aimer Dieu pour son intérêt, connaissant par sa propre expérience que c'est en lui seul qu'il peut tout, et que sans lui il ne peut rien ; ce qui lui est tout à fait avantageux.
Du second et troisième degré de l'Amour. VOILÀ donc l'homme qui commence déjà d'aimer Dieu ; mais ce n'est encore que pour son propre intérêt, et non pas pour Dieu même. C'est néanmoins quelque espèce de sagesse de savoir ce que vous pouvez avec la grâce de Dieu, et d'avoir soin de ne point offenser celui qui a la bonté de vous préserver de tout mal. Mais si vous vous trouvez souvent attaqué par les déplaisirs et les afflictions de cette vie, et qu'autant de fois que vous aurez eu recours à Dieu, vous ayez autant de fois été délivré par sa divine miséricorde, ne faut-il pas que votre cœur, fût-il de bronze ou de pierre, s'amollisse à la vue de cette Bonté de votre Sauveur, et que vous l'aimiez dorénavant, non plus pour votre intérêt seulement, mais encore pour l'amour de lui-même ? En effet, les misères continuelles dont l'homme se voit nécessairement accueilli l'obligent sans cesse de continuer ses instances envers Dieu, et de s'approcher de lui plus fréquemment ; en s'approchant de lui, le goûter plus intimement ; et en le goûtant, éprouver combien le Seigneur est doux à ceux qui l'aiment. Et de là vient que cette suavité divine que nous avons déjà goûtée a souvent beaucoup plus de force pour nous attirer à aimer Dieu purement, que non pas le propre besoin qui nous presse ; si bien qu'à l'exemple des Samaritains, qui disaient à cette femme de Samarie qui leur apporta les nouvelles de la venue du Messie : Nous ne croyons plus à cause de ce que tu nous en as rapporté, mais nous avons entendu nous-mêmes, et nous savons assurément que c'est lui qui est le vrai Sauveur du monde (Joan. 4). À leur exemple, dis-je, nous adressant à notre corps, nous devons à plus juste titre lui tenir ce langage :
Sache, ô misérable chair ! que nous aimons Dieu, non plus pour le besoin que tu as de son assistance, mais parce que nous avons goûté en personne, et que nous savons par nous-mêmes que c'est un Seigneur plein de douceur et de bonté. Certes, la nécessité rend souvent la chair éloquente, et elle nous raconte avec agrément les bienfaits dont elle a ressenti la douceur par expérience ; mais l'homme qui' se trouve dans cette heureuse disposition dont nous venons de parler n'aura pas grande difficulté d'accomplir le commandement qui lui est fait d'aimer son Prochain, puisqu'aimant Dieu véritablement, il est d'une conséquence nécessaire qu'il aime les choses qui appartiennent à Dieu. Il aime chastement, et par conséquent il obéira sans peine à un commandement tout chaste, s'étudiant, comme dit saint Pierre, de purifier son cœur de plus en plus sous l'obéissance de la charité (Pet. 2). Il aime avec justice, et partant il ne saurait qu'il n'embrasse avec plaisir une loi juste. D'ailleurs, si cet amour est agréable, ce n'est pas sans sujet, puisqu'il est gratuit et sans intérêt. Il est chaste, parce qu'il n'est pas seulement dans les paroles et sur le bord des lèvres, mais il se fait connaître par les œuvres et dans la vérité. Il est juste, parce qu'il est rendu de la même manière qu'il a été reçu, n'étant pas possible que celui qui aime avec justice se porte à aimer d'une autre façon que de celle dont il se voit aimé, de sorte qu'il fait tous ses efforts pour rendre le réciproque ; et comme JÉSUS-CHRIST n'a point cherché ses intérêts, mais les nôtres et nos propres personnes, aussi n'aime-t-il que les intérêts de JÉSUS-CHRIST, et non pas les siens. C'est ainsi qu'aimé celui qui dit : Bénissez le Seigneur, parce qu'il est bon (Ps. 117). Celui qui loue le Seigneur, non pour la bonté qu'il lui témoigne par ses bienfaits, mais pour la bonté qu'il possède en lui-même, celui-là vraiment aime Dieu pour Dieu même, et non pour son intérêt. Mais celui-ci n'aime pas de cette sorte, duquel il est écrit : Il vous bénira lorsque vous lui ferez du bien (Ps. 48). Donc, le troisième degré d'amour est celui par lequel on vient à aimer Dieu pour lui-même.
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Mar 14 Juin 2022 - 9:46 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel
Extrait du CATÉCHISME SPIRITUEL DE LA PERFECTION CHRÉTIENNE, TOME I, Composé par le R. P. J. J. SURIN, de la Compagnie de Jésus :
De la paix du cœur
En quoi consiste la paix du cœur ?
À se conserver sans trouble dans le service de Dieu.
D'où vient ordinairement le trouble ?
Il vient de l'émotion causée par les passions, de l'empressement pour les occupations extérieures, et de l'abattement où l'on tombe à la vue de ses fautes.
Comment est-ce que les passions émues excitent le trouble ? En ce qu'elles agitent et inquiètent le cœur, par les mouvements contraires qu'elles y produisent. Celles qui se soulèvent le plus souvent, et le plus aisément, sont la colère, le désir et l'aversion naturelle qu'on a pour certains objets qui choquent.
Comment est-ce que la colère trouble ?
Rien n'a moins besoin d'explication. Il est naturel qu'on s'irrite et qu'on s'emporte, quand on se voit contrarié, et il est encore plus naturel que la contrariété et l'emportement produisent le trouble et l'agitation.
Comment peut-on empêcher cet effet de la colère ?
En se tenant sur ses gardes, pour étouffer la première émotion qui s'élève dans le cœur. On réprime ces sortes de mouvements, en pratiquant la douceur, qui ne souffre aucune aigreur, sous quelque prétexte que ce soit, non pas même pour faire la correction, qu'on doit suspendre jusqu'à ce que l'indignation soit passée, et qu'on ait recouvré sa première tranquillité.
Comment est-ce que le désir est contraire à la paix du cœur ?
Chacun sent par son expérience qu'un désir véhément ne laisse ni paix, ni repos, jusqu'à ce qu'il soit accompli. Cette impatience se fait surtout remarquer dans les personnes vives ; à peine ont-elles commencé un ouvrage, qu'elles en voudraient voir la fin, et elles sont dans l'inquiétude jusqu'à ce qu'il soit achevé.
Quel est le remède à ce mal ?
C'est de renoncer à tout, de prendre un soin particulier de combattre tous les désirs et toutes les affections naturelles, et de les étouffer d'abord, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus dans l'âme que le désir de faire la volonté de Dieu, et de lui plaire en toutes choses. Quiconque ne prendra pas cette voie, ne se maintiendra jamais en paix. Il en est de même de cette passion, qui s'irrite à la rencontre des objets désagréables, et qui se donne de grands mouvements pour les éviter : on ne saurait la dompter que par une générosité constante à surmonter ses répugnances, jusqu'à ce qu'on se soit accoutumé à voir toutes choses d'un œil tranquille, et qu'à la rencontre des plus fâcheuses on soit comme un rocher qui ne fuit point à l'approche des vaisseaux, mais qui demeure immobile au milieu de la mer, sans que rien puisse l'ébranler ou le faire changer de place.
Comment est-ce que les occupations troublent la paix ?
Par le désir et l'empressement, par l'agitation et l'inquiétude qu'elles causent à un homme qui voudrait suffire à tout, et qui se sent chargé au-delà de ses forces. C'est ce qui a fait dire à l'Auteur du Livre de l'Imitation de Jésus-Christ, que la tranquillité ne court pas moins de risque dans les occupations, que la tempérance dans les festins, et la chasteté dans les conversations avec le sexe.
Comment peut-on prévenir ce mal ?
En fermant, pour ainsi dire ; l'entrée de son âme aux choses du dehors dont on s'occupe : ce qui se fait en trois manières. La première est de ne s'appliquer à ce qu'on fait, qu'autant qu'il en est besoin pour le bien faire, réservant sa principale attention pour vaquer à Dieu dans son intérieur. La seconde, c'est que quand on ne peut pas empêcher l'esprit de s'appliquer fortement, on empêche au moins le cœur de s'attacher aux occupations extérieures, et d'y mettre son affection : car il est surtout important que le cœur soit tout à Dieu, et qu'on ne cherche que lui en tout ce qu'on fait. La troisième, est, que l'on se hâte de retirer son affection, dès qu'on s'aperçoit qu'elle se glisse dans ce qu'on fait, de peur que la passion ne se forme, que le trouble et les fautes ne viennent à la suite de la passion, et que la paix intérieure ne soit détruite. Il ne faut donc pas se remplir de ce qu'on fait (comme disent quelques-uns) mais il faut plutôt se remplir de Dieu, c'est à-dire, l'avoir présent à son esprit, et agir uniquement pour lui.
Comment doit-on se comporter lorsque les affaires et les occupations viennent en foule, et qu'on ne sait par où commencer ?
Une âme persuadée que rien n'est plus important pour elle, que d'éviter le trouble et le dérangement de son intérieur, doit pourvoir d'abord à sa paix, et réunir ses forces au dedans: ensuite elle doit s'appliquer à ce qui presse le plus. Un homme qui voit le feu prendre à sa maison, court à ce qu'il a de plus précieux pour le sauver. C'est ainsi que doit faire une personne qui se voit sur chargée d'occupations : il faut que son premier soin soit de rentrer en elle-même pour assurer sa tranquillité, elle pourvoira ensuite aux affaires du dehors le mieux qu'elle pourra. Ce n'est point par amour-propre qu'elle doit se donner cette préférence, ni par attache à son repos ; mais par un effet du zèle que Dieu veut qu'elle ait pour régler son intérieur.
Comment est-ce qu'on perd la paix à la vue de ses fautes ?
C'est que la pensée d'avoir failli, afflige, désole, et fait perdre courage.
Que faut-il donc faire, quand on est tombé en quelque faute ?
Dès qu'on sent son cœur frappé (ce qui est ordinaire aux personnes exactes à leur devoir quand elles ont ait quelque faute) il ne faut point alors trop s'attacher à pénétrer les causes et les motifs de son péché ; il suffit de le reconnaître, de le détester, d'en prendre occasion de s'humilier, et d'en faire quelque réparation ; après quoi il ne faut plus y penser, mais reprendre incontinent son premier train, et marcher devant Dieu avec joie et confiance, comme avant sa chute.
Faut-il se comporter ainsi après toute sorte de faute ?
Pour répondre à cette question, il faut distinguer de deux sortes de personnes ; celles qui ont avec Dieu une étroite liaison, et qui sont accoutumées à converser familièrement avec lui ; et celles dont la fidélité souffre beaucoup d'imperfections et de négligences. Les unes et les autres doivent se conduire, comme nous venons de dire, à l'égard des fautes légères. Si elles viennent à tomber dans quelque faute notable ; par exemple, dans quelque emportement, ou dans quelque manquement considérable, elles doivent témoigner à Dieu leur repentir avec beaucoup d'humilité et de ferveur, sans rien perdre de leur tranquillité. Quelquefois même dans ces occasions Dieu donne une telle confiance aux personnes attachées à son service, qu'elles n'ont autre chose à faire, dès qu'elles aperçoivent leurs fautes, que de s'en remettre à Dieu, de se jeter dans son sein par un abandon sans réserve, et de contribuer à le servir avec plus de ferveur qu'auparavant. Si leur aveuglement est qu'elles ne connaissent leur faute que longtemps après l'avoir commise, dès qu'elles viennent à s'en apercevoir, elles doivent imiter ce Prophète, qui après avoir lavé son péché dans les larmes de la pénitence, se remit à servir Dieu, et à traiter avec lui d'une manière pleine d'amour et de familiarité.
Cependant il est ordinaire aux personnes qui pratiquent la dévotion, et qui veulent avancer en vertu, de se rebuter, et de s'inquiéter beaucoup à la vue de leurs fautes : elles s'impatientent, à cause qu'elles sont impatientées : et comme si les promesses qu'elles ont faites à Dieu devaient les rendre impeccables, elles s'étonnent d'être capables de tomber. La véritable sagesse consiste à s'établir dans une paix solide, fondée sur la confiance en Dieu, et à l'épreuve de nos faiblesses.
On voudrait être d'abord parfait, parce qu'on en a formé la résolution ; on ne peut pas soutenir la vue de ses misères : ce sont là évidemment des effets de l'amour-propre. Ces retours amers, ces réflexions chagrinantes, et ces regrets turbulents auxquels on s'abandonne, ne font-ils pas retarder l'ouvrage de la perfection, en formant une espèce de nuage qui empêche de connaître, et de reprendre le chemin où l'on marchait auparavant.
La raison de cette conduite que nous prescrivons ici, est tirée de la bonté du Seigneur et de la fragilité de l'homme. Dieu qui veut lier avec nous un saint commerce d'amitié, sait bien que nous ne sommes pas impeccables ; et il est content de nous, pourvu que nous ne l'offensions pas avec réflexion et de propos délibéré : s'il en exigeait davantage, ce ne serait pas un Dieu infiniment bon, qui se glorifie d'avoir pitié de notre faiblesse. Il est vrai néanmoins que l'amitié qui est entre Dieu et nous, pour être parfaite, demande de notre part une résolution ferme et constante de ne point pécher volontairement et avec pleine connaissance ; et on ne peut pas nier que les fautes commises avec réflexion, ne soient des infidélités qui éloignent beaucoup de Dieu.
De la paix du cœur, par le R.-P. Jean-Joseph Surin |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Mer 15 Juin 2022 - 9:43 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel.
Prière pour demander ou pour renouveler en soi la grâce du sacrement de Confirmation. Je confesse, ô mon Dieu ! qu'après avoir si mal profité de la grâce du Baptême, je ne mériterais pas d'obtenir celle du sacrement de Confirmation. Je n'ai été chrétien que de nom, et vous m'avez confirmé dans la glorieuse qualité de parfait chrétien. Je vous remercie très-humblement d'avoir imprimé dans mon âme votre sceau divin, en me donnant pour gage le Saint-Esprit. Vous m'avez fait la même faveur qu'à vos Disciples le jour de la Pentecôte, lorsque cet Esprit, descendant visiblement sur eux, les confirma dans la foi, les rendit intrépides pour braver les supplices et la mort même, de timides qu'ils étaient auparavant. Rendez-moi, Seigneur, comme eux, victorieux du monde par l'impression de cette force divine qui les fit triompher de tout ce qu'un adversaire si redoutable pouvait opposer à leurs desseins. Inspirez-moi assez de courage pour résister à vos ennemis et pour me surmonter moi-même. Soutenez-moi dans ces combats si longs et si périlleux, et armez-moi du glaive de votre justice et de votre vérité, puisque sans vous il est inutile de combattre et impossible de vaincre. Je vous demande la prudence et le courage qui me sont nécessaires pour m'opposer à l'irréligion et à l'incrédulité, quelquefois par mes paroles, souvent par mon silence et toujours par mes bons exemples. Vous avez répandu sur ma tête l'onction de l'huile sainte, vous m'avez donné le signe des dons du Saint-Esprit ; qu'il vienne en moi, cet Esprit-Saint, non comme un hôte qui passe, mais comme un maître qui réside. Qu'il élève mon esprit vers vous par le don de sagesse ; qu'il l'éclaire par le don d'intelligence ; qu'il l'instruise de la science des Saints ; qu'il soit mon conseil dans mes doutes, ma force dans les tentations, une source de piété et de crainte envers vous. Esprit-Saint, Dieu de bonté et de miséricorde, source inépuisable de grâces et de bénédictions, pardonnez-moi toutes mes infidélités passées. Ne permettez pas que j'endurcisse mon cœur en résistant désormais à vos grâces, et que je retombe dans le péché mortel, votre irréconciliable ennemi, seul capable de vous chasser de mon cœur. Répandez votre esprit sur votre serviteur, ô mon Dieu ! manifestez-vous à lui par la plénitude de vos grâces, par la communication de vos lumières, par l'impression de cette divine force qui le fera triompher de tous les ennemis de son salut. Renouvelez en moi les merveilles que vous y avez opérées par le sacrement de Confirmation. Ainsi soit-il. |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Jeu 16 Juin 2022 - 9:43 | |
| Jésus prêchant dans la synagogue, voilà que des hommes qui apportaient un paralytique dans son lit, n'ayant pu arriver à cause de la foule, découvrirent le toit, et le descendirent devant lui. (S. Luc, ch. 5)I. Considérez que les charitables porteurs de ce paralytique ne lui eussent jamais rendu ce bon office, s'il n'y eussent été excités par le Saint-Esprit, qui, inspirant en leur âme le don de piété, leur donna une tendresse de cœur envers ce pauvre malade, une grande foi et une entière confiance envers leur divin Messie, qui trouva si agréable cet exercice de piété, qu'il opéra pour l'amour d'eux un double miracle, guérissant le corps et l'âme du paralytique. Oh ! que ce don de piété est aujourd'hui nécessaire dans le monde, où l'impiété fait tous les jours de si grands dégâts, et où la charité se trouve si notablement refroidie et diminuée ! Demandez donc au Saint-Esprit qu'il vous donne ce don de piété qui vous porte à aimer et honorer Dieu comme votre bon père, et à chérir et assister votre prochain, comme le reconnaissant pour votre frère, et pour enfant bien-aimé de ce Père céleste.
II. Considérez ce que le Saint-Esprit opère dans une âme qui possède ce don de piété : il l'unit d'une manière toute spéciale avec Dieu comme avec son père, envers qui il lui inspire un amour et un cœur filial ; il lui suggère un esprit de soumission et de respect envers la sainte Église catholique, apostolique et romaine, comme envers sa bonne mère ; il la porte à honorer les Saints, et singulièrement la Reine des Saints, comme celle qui touche Dieu de plus près, en qualité de très digne Mère de son Fils ; il lui fait aimer son prochain comme l'image vivante de Dieu, son enfant adoptif, le frère et le cohéritier de Jésus-Christ ; il remplit sa volonté de douceur, de tendresse, de compassion, d'amour cordial envers chacun ; enfin, ce don de piété porte cette âme à secourir, assister, consoler et servir les affligés et les pauvres, selon leurs besoins, avec une véritable et sincère charité. Voyez maintenant si vous reconnaîtrez en votre cœur tous ces effets de l'esprit de piété ; si vous n'y en trouvez que bien peu, ou point du tout, recourez à la source de piété, qui est le Saint-Esprit ; suppliez-le de vous communiquer abondamment ce don qui vous est nécessaire.
III. Considérez les moyens d'accroître et d'augmenter en vous l'esprit de piété. Premièrement, c'est de faire attention au commencement de cette belle oraison que Jésus-Christ vous a enseignée ; pensez un peu, quand vous prononcez ces paroles : Notre Père qui êtes aux cieux, si vous êtes digne d'appeler Dieu votre père et d'être reconnu de lui pour son fils. Exercez-vous ensuite, suivant le conseil du saint Apôtre, aux œuvres de piété envers votre prochain ; regardez-le comme l'enfant de votre Père céleste, avec des yeux de respect et d'amour ; parlez-lui avec douceur ; compatissez à ses afflictions ; secourez-le dans ses besoins corporels et spirituels, et rendez-lui, au nom de ce Père céleste, tous les services et tous les secours que vous connaîtrez lui être agréables.
Le Petit Sacristain |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Ven 17 Juin 2022 - 9:56 | |
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Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel. Je prierai mon Père, et il vous donnera, pour demeurer éternellement avec vous, un autre consolateur, qui est l'Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir. (S. Jean, 14).I. Considérez que les Apôtres réunis demeurèrent en retraite dans le Cénacle, depuis que Notre-Seigneur fut monté au ciel, attendant la venue du Saint-Esprit, suivant la promesse qu'il leur avait faite ; et quoiqu'ils eussent une ferme foi et une espérance assurée que cette promesse aurait son effet, ils ne laissèrent pas de s'y disposer par divers exercices spirituels, et particulièrement par la persévérance dans l'oraison. Apprenez, de leur exemple, que, pour vous disposer à recevoir le Saint-Esprit, vous devez vous recueillir intérieurement dans la solitude spirituelle de votre cœur, et vous adonner avec dévotion et persévérance à la prière et à la méditation. Examinez si vous vous préparez aussi saintement.
II. Considérez qu'une disposition bien nécessaire pour recevoir l'Esprit de Dieu, c'est de se détacher entièrement de l'esprit du monde ; car Jésus-Christ nous déclare que le monde n'est pas capable de recevoir ce divin Esprit. Voyez donc s'il ne reste point en vous quelque chose de cet esprit du monde ; si votre cœur n'est point conduit par quelque vanité cachée, s'il n'a point d'affection pour les choses terrestres ; et si vous trouvez encore en vous quelque reste de ce mauvais esprit, renoncez-y absolument, et demandez à Jésus-Christ la grâce de vous en séparer pour jamais, afin qu'ayant reçu son Saint-Esprit, il demeure, suivant sa parole, éternellement avec vous.
III. Considérez que les Apôtres et les Disciples, attendant le Saint-Esprit, étaient en la compagnie de la très sainte Mère de Jésus, persévérant avec elle en oraison ; et il n'y a point de doute que les prières de cette Mère de miséricorde n'aient beaucoup contribué pour avancer la venue de ce divin Esprit, et pour leur obtenir une plus abondante communication de ses grâces. Mettez-vous en esprit en la compagnie de cette très sainte Vierge, et conjurez-la instamment de vouloir bien, par ses prières et son intercession toute-puissante, suppléer à toutes les dispositions qui vous manquent, pour que vous méritiez de recevoir dignement le Saint-Esprit.
PRATIQUES
1° Unissez-vous en esprit à la sainte Vierge et aux Apôtres dans le Cénacle. 2° Entrez dans les sentiments de désir et d'amour qui les animaient.
(Méditation tirée de La Couronne de l'Année Chrétienne) |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Sam 18 Juin 2022 - 9:05 | |
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Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel
Sur la sainteté ! Soyez saints parce que je suis saint, dit Dieu aux enfants d'Israël. Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait, dit Jésus-Christ à ses disciples. Ces paroles nous montrent en Dieu le motif et le modèle de notre sainteté. Si nous savons les comprendre, elles nous disent plus de choses que n'en ont jamais dit les philosophes les plus sages et les plus éclairés. Mais nous ne les comprendrons jamais qu'à la faveur de la lumière divine, et la pratique nous en développera le sens encore mieux que la spéculation. Soyez saints, dit le Seigneur, parce que je suis saint. Qu'est-ce en Dieu que la sainteté ? C'est l'amour de l'ordre. Dieu aime l'ordre essentiellement ; il ne peut rien approuver, rien excuser, rien souffrir impuni qui y soit contraire. Il peut permettre le désordre dans sa créature, le souffrir pour un temps, le pardonner, si elle le désavoue et le répare ; mais il le réprouve, il le poursuit et il le punit partout où il le voit, lorsque le moment de sa justice est venu, et que celui de la miséricorde est passé. Pourquoi cela ? Parce qu'il est saint. Il ne peut point ne pas prescrire l'amour de l'ordre à la créature intelligente et libre, ni la laisser sans récompense, si elle l'observe. Il l'exercera pour un temps, il l'affligera, il la mettra à diverses épreuves, il paraîtra même l'abandonner, pour mieux s'assurer de sa vertu ; mais, si elle ne s'écarte point de l'ordre, et si elle y persévère constamment, il la rendra heureuse parce qu'il est saint. Cette sainteté essentielle de Dieu est sans contredit le premier et le plus grand motif de la nôtre. Nous sommes obligés d'aimer l'ordre, parce que Dieu l'aime ; nous n'avons la raison et la liberté que pour cela : la raison, pour connaître l'ordre ; la liberté, pour nous y soumettre.
En qualité de créatures raisonnables, nous sommes faits à l'image de Dieu. Dieu se connaît, Dieu s'aime comme source de la sainteté, comme la sainteté même. Nous qui sommes ses images, nous devons le connaître, l'aimer, lui obéir, et l'imiter sous ce rapport. Il ne nous suffit pas d'être ses images par notre nature spirituelle, douée d'intelligence et de liberté, il faut encore que nous le soyons par notre volonté, par notre choix ; je dois vouloir être saint, je dois travailler de tout mon pouvoir à le devenir, je dois rejeter avec horreur tout ce qui est contraire à la sainteté, parce que Dieu est saint, et que j'ai l'avantage d'être créé à sa ressemblance.
Comment oserais-je m'approcher de Dieu, si je ne suis pas saint, ou du moins si je n'aspire pas à l'être ? Je suis fait pour avoir un commerce intime avec lui : commerce de reconnaissance, j'ai tout reçu de lui ; commerce de prière, j'ai un besoin continuel de lui ; commerce d'espérance, j'attends tout de lui ; commerce d'amour, il est mon souverain bien, et je ne puis trouver de bonheur qu'en lui. Mais que deviendra ce commerce, si je renonce à la sainteté ? Il sera absolument rompu. Je m'éloignerai de Dieu à mesure que je m'éloignerai de la sainteté ; Dieu, de son côté, s'éloignera aussi de moi. Je ne pourrai soutenir sa vue ; il me rejettera bien loin de la sienne ; il me haïra, me réprouvera, me condamnera ; je serai éternellement banni de sa présence.
Ce n'est pas tout : Dieu m'a approché de lui par sa grâce encore plus que je ne suis proche de lui par la nature ; il m'a élevé à un état surnaturel, il m'a destiné à le voir face à face, et à jouir de son propre bonheur pendant l'éternité. N'a-t-il pas incomparablement encore plus de droit de me dire : Soyez saint, parce que je suis saint ? Puis-je prétendre à la jouissance éternelle de Dieu infiniment saint, puis-je lui être intimement uni, puis-je partager sa béatitude, si je ne suis saint, et d'une sainteté qui ne souffre absolument aucune tache ? À quoi dois-je m'occuper continuellement ici-bas, sinon à me purifier de plus en plus, à détruire en moi tout ce qui est opposé à la sainteté, à acquérir toutes les vertus qui peuvent me rendre agréable à Dieu ? Et, si je ne puis parvenir à cette parfaite pureté par mes efforts, que puis-je faire de mieux, que de me livrer à Dieu, afin qu'il me sanctifie lui-même, et qu'il me rende tel qu'il veut que je sois, pour paraître dignement en sa présence ? Quoi ! je dois voir, je dois posséder éternellement celui qui est saint par essence, celui dont la sainteté fait l'admiration, la joie, la félicité des Esprits bienheureux ; je suis destiné à dire un jour comme eux à jamais : Saint, Saint, Saint est le Dieu tout-puissant ; et je ne travaillerais pas à devenir saint, et je n'emploierais pas à cela tous les moments de ma vie ? Pourquoi donc suis-je sur la terre ? Quel autre objet est digne de m'occuper ? Y a-t-il dans ce motif quelque chose de plus pressant ? Oui ; Dieu nous dit : Soyez saints, parce que je suis saint, et que moi-même je me suis uni personnellement à votre nature pour la sanctifier. Le chrétien n'est pas simplement homme, il est devenu participant en Jésus-Christ de la nature divine ; il est devenu par adoption enfant de Dieu le Père, et frère du Verbe incarné. Non-seulement son âme, mais son corps même a part à cette adoption. Ses membres sont les membres de Jésus-Christ ; c'est saint Paul qui le dit. À plus forte raison, son âme et ses facultés appartiennent-elles à Jésus-Christ. Combien donc le chrétien, incorporé à la divinité, doit-il être saint de corps et d'âme ! Ô Dieu ! si nous étions pénétrés de cette vérité, quelle serait notre ardeur pour la sainteté ! Je ne suis pas surpris après cela que les Apôtres ne donnassent point aux premiers chrétiens d'autre titre que celui de saints, et que cet usage ait subsisté longtemps dans l'Église. Aujourd'hui ne serait-ce pas une dérision de donner en général ce titre aux chrétiens ? Et ne sont-ils pas la plupart, dans leur conduite, et un grand nombre par principes, ennemis de la sainteté ? Quel affreux changement dans la face du christianisme ! Mais quelle est la sainteté qui est proposée aux chrétiens pour modèle ? Nulle autre que celle de Dieu même : Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. C'est Jésus-Christ, c'est un Dieu fait homme pour nous enseigner la route de la sainteté, qui nous adresse ces paroles. Qu'est-ce donc à dire ? Pouvons-nous être saints comme Dieu est saint ? Non, il est impossible que nous soyons aussi saints que lui, ni que nous approchions en rien de son infinie perfection. Mais quelle que soit notre sainteté, il faut qu'elle soit moulée sur la sienne, qui est l'unique source, l'unique exemplaire de toute sainteté.
Et, parce que nos yeux sont trop faibles pour contempler la sainteté telle qu'elle est en Dieu même, et que nous sommes incapables d'en faire une juste application à notre conduite, Dieu s'est fait homme, il a conversé parmi les hommes, il les a instruits par ses discours, par ses exemples, par toute la suite de sa vie, et leur a proposé, dans notre nature unie à la sienne, un modèle de sainteté qu'ils pussent saisir et imiter. Il n'est donc plus question de dire : Qui montera au ciel pour y prendre, dans la vue de Dieu même, le vrai caractère de la sainteté ? La sainteté en personne est descendue sur la terre ; elle s'est montrée revêtue de notre chair ; elle a parlé, elle a agi en homme ; il ne reste plus qu'à étudier l'esprit de Jésus-Christ, qu'à nous conformer à ses maximes, qu'à marcher sur ses traces. Par ce moyen, nous deviendrons parfaits, comme notre Père céleste est parfait. Mais Jésus-Christ n'est pas seulement le modèle de notre sainteté, il en est encore le principe et la première cause efficiente. Nous ne pouvons rien que par sa grâce, et il faut que cette grâce agisse sur notre liberté dans toute l'étendue de son pouvoir, pour que nous devenions saints comme lui. Il nous l'offre continuellement, et il nous promet de l'augmenter à mesure que nous en ferons bon usage. Mais ce bon usage dépend encore plus de lui que de nous ; et, si nous entendons bien nos intérêts, le plus sage, le plus sûr parti que nous puissions prendre, c'est de lui remettre, de lui consacrer notre liberté ; de le prier d'en disposer comme de son bien, et de lui protester que nous ne voulons nous conduire que par ses lumières et n'agir que sous sa direction. Heureux ceux qui se dévouent à lui de la sorte et qui ne se reprennent jamais ! Leur sainteté sera l'œuvre de Jésus-Christ ; ils n'y prendront d'autre part que celle de le laisser opérer en eux selon son bon plaisir, de ne lui résister jamais, et de mourir de tout leur cœur à leur propre esprit, à leur propre volonté, pour vivre de la vie de Jésus-Christ.
(Extrait du Manuel des âmes intérieures)
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Dim 19 Juin 2022 - 9:25 | |
| PRIÈRE Soyez béni à jamais, ô mon Dieu, du don infiniment précieux de la foi que vous avez daigné me faire préférablement à tant d'autres. C'est en ce jour auguste que vous m'avez fait entrer dans le sein de l'Église, ma tendre mère. Jusqu'ici je l'avais affligée, en méconnaissant l'excellence de sa doctrine, et en me rendant infidèle à ses préceptes. Mais, touché de votre grâce, je veux être désormais jusqu'à la mort son enfant reconnaissant et docile. Je ferai, de la foi qu'elle m'enseigne, la règle de ma croyance. Quand elle aura parlé, les doutes que l'impie voudrait présenter à mon esprit, ne me paraîtront que des délires ou des blasphèmes. Les lois qu'elle me prescrit dirigeront toujours mes mœurs ; ses mystères feront taire ma raison orgueilleuse ; j'adorerai leur profondeur qui surpasse ma faible intelligence. Dans cette région de ténèbres, le Dieu des miséricordes fait luire à mes yeux le flambeau qui m'éclaire pour aller à lui sans craindre de m'égarer. À ce souvenir, mon cœur doit être pénétré d'une reconnaissance éternelle. Faites-moi connaître, Seigneur, toute l'excellence d'un bienfait si ineffable, et que la vérité qui m'instruit, me présente les motifs pressant qui engagent d'aller à vous, et en tout de vous être fidèle.
(Manuel du Catholique)
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Mar 21 Juin 2022 - 10:26 | |
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Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel.
Prière après la Confession, pour s'appliquer les mérites de Jésus-Christ et des Saints Je vous supplie, ô mon Sauveur et mon Dieu, par votre sainte passion, par les mérites de Marie, votre mère, toujours vierge, et de tous les saints, de vouloir bien agréer cette confession, et suppléer, par votre infinie bonté, à tout ce qui peut manquer, soit à la perfection de la contrition, soit à la pureté et à l'intégrité de l'accusation, dans cette confession ou dans les précédentes ; afin que votre miséricorde daigne m'absoudre pleinement et entièrement dans le ciel où vous vivez et régnez, avec Dieu le Père, en l'unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
(Extrait de Manuel du Pénitent ou conduite pour la Contrition) |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Mer 22 Juin 2022 - 9:54 | |
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Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel
Le malheur du monde, en ce qu'il ne peut recevoir le Saint-Esprit ! Saint Augustin remarque très-bien, que comme le corps naturel de l'homme reçoit uniquement sa vie de l'âme qui l'anime ; de même tous les Chrétiens qui sont le corps mystique de Jésus-Christ, ne vivent tous que de son seul Esprit : et comme le corps naturel meurt à même temps que l'âme en est séparée, aussi le Chrétien tombe dans un état funeste d'une mort la plus horrible de toutes, lorsqu'il perd la grâce et l'amour de Jésus-Christ par le péché. C'est l'état malheureux du monde dans l'abandonnement à ses convoitises, dont l'on peut assurer ce que le Fils de Dieu ordonne de dire de sa part à l'Évêque de l'Église de Sardes : Je sais quelles sont vos œuvres ; vous avez la réputation d'être vivant, quoique vous soyez mort. Ô combien y en a-t-il dans le monde, qui sont des gens pleins d'une grande santé, qui passent leurs jours dans les divertissements et dans les plaisirs, qui se promettent de longues années, et qui devant Dieu sont véritablement morts !
Hélas ! c'est à quoi le monde pense peu, et c'est bien à quoi il devrait penser. Les soins de la santé du corps occupent presque tous les hommes. C'est ce que partout on se demande les uns aux autres. Dès qu'on se rencontre, la première chose dont il est question, c'est de la santé du corps. A l'abord on se demande, Comment vous portez-vous ? Mais combien y en a-t-il de ceux qui répondent qu'ils se portent bien, qui ont perdu la véritable vie, la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ ? Combien y en a-t-il que l'on complimente sur leur bonne santé, à qui l'on devrait donner des larmes sur l'état de leur mort lamentable ? Ô mort infiniment affreuse aux yeux de Dieu et de ses Anges !
Or cette mort arrive, parce que le Saint-Esprit n'habite plus dans l'âme, qui est privée de la grâce sanctifiante par le péché, et qui n'en reçoit plus la véritable vie. Mais le malheur des malheurs du monde, est que non-seulement il n'a pas le Saint-Esprit, mais qu'il ne le peut recevoir. Ce sont les propres paroles du Fils de Dieu, en saint Jean au chapitre quatorze, qui promettant à ses Disciples le Saint-Esprit, leur déclara que le monde ne le peut recevoir ; c'est-à-dire, le monde demeurera dans la corruption, le monde ne cessant point d'être monde, de même que la nuit ne peut pas être le jour, et le jour la nuit. Il faudrait que le monde changeât d'esprits, de sentiments, de maximes, d'inclinations. L'esprit du monde et l'Esprit de Dieu ne sont pas seulement dissemblables, mais entièrement contraires : on ne peut les avoir ensemble, ils sont incompatibles.
C'est ce que saint Jacques, dans son Épître catholique, enseigne admirablement, par l'opposition de la sagesse qui vient du Ciel, de l'Esprit de Dieu, et la sagesse du monde. La sagesse qui vient d'en haut, dit cet Apôtre, est chaste, paisible, modeste, unie avec les bons, pleine de miséricorde et de bonnes œuvres ; elle n'est point défiante ni dissimulée : et la sagesse du monde est une sagesse terrestre, sensuelle et diabolique.
La sagesse qui vient du Ciel, du Saint-Esprit, est chaste, paisible, modeste, et détachée de son propre sens : car elle est pure, et élevée au-dessus des sens, qui sait les mortifier et les vaincre, qui prend et se sert des moyens propres à les assujettir à la grâce, ainsi elle crucifie la chaire avec ses convoitises, et rend l'homme obéissant à Dieu, le tenant entièrement sous sa domination et son empire.
Elle est paisible, modeste, détachée de son propre sens, parce qu'elle fuit les contentions, elle se laisse facilement persuader, elle n'est pas opiniâtre, elle est prompte à se soumettre. Ces marques ont toujours servi de règle aux Saints et aux maîtres de la vie spirituelle, pour discerner si les personnes qui étaient en estime d'une sainteté singulière, avaient le véritable esprit de Dieu. Ainsi nous lisons des saints Solitaires, qui ayant appris la vie extraordinaire du bienheureux Siméon Stylite sur sa colonne, lui envoyèrent dire de leur part, qu'il eût à descendre de sa colonne, et à quitter le genre étonnant de vie qu'il menait, avec ordre, s'il résistait, de l'y obliger.
Ces Pères ne trouvant point de marques plus assurées de l'esprit de Dieu, que la disposition à se soumettre ; et c'est ce qu'ils trouvèrent d'une manière admirable dans cet incomparable Saint, qui se mit en état d'exécuter l'ordre qu'il recevait, au même temps qu'on le lui eût proposé : et ce qui est très digne de remarque, c'est que ces Solitaires n'étaient pas ses supérieurs. C'est une maxime très-véritable, qu'il ne faut attendre rien de bon d'une personne qui est opiniâtre, propriétaire dans ses exercices de piété, quand elle ferait des miracles. L'Esprit de Dieu est un esprit de soumission et d'obéissance ; et non seulement de volonté, mais d'entendement : car le véritable obéissant ne veut pas seulement se soumettre en faisant ce qui lui est ordonné, mais il croit facilement que ceux qui lui commandent, ont raison, qu'ils sont plus éclairés que lui, qu'il se trompe dans ses pensées.
La sagesse du monde au contraire est terrestre, sensuelle, diabolique ; au lieu que celle de Die vient d'en haut, du Ciel. Celle-ci est toute de la terre ; c'est où elle prend son origine et ses progrès. Comme elle est toute dans l'estime des honneurs, des plaisirs, et des biens de la terre, c'est ce qui fait son occupation, comme nous l'avons remarqué, c'est à quoi elle s'applique, c'est ce qu'elle enseigne ; et ceux qui sont les mieux instruits dans ces affaires de la terre, qui inspirent plus les moyens d'y réussir, et qui y réussissent davantage, passent pour les plus habiles, ce sont les sages du monde. Bien loin d'être paisible, de posséder une véritable paix que Dieu seul donne, que l'âme seule possède, qui lui est entièrement unie, elle est toute dans les guerres qui viennent des cupidités, comme l'enseigne encore l'Apôtre saint Jacques, qui combattent dans le corps par la révolte des sens et des passions, par l'inclination aux voluptés, les membres servant d'armes au péché ; et au-dehors par les contestations et les querelles pour le bien et pour la gloire, qui sont les sources de toutes les guerres.
La sagesse du monde est sensuelle, toute animale, et par suite toute contraire à l'esprit. Dieu proteste dans l'Écriture, que son esprit ne demeurera plus dans l'homme, parce qu'il est chair : mais elle est diabolique, car elle vient du démon. Ainsi elle est fière, orgueilleuse, superbe ; elle marche en choses grandes, elle se porte à ce qui éclaire et ce qui est au-dessus d'elle. Ses yeux sont élevés, et son cœur enflé. Elle présume beaucoup d'elle-même, méprise facilement les sentiments des autres, pense toujours avoir raison, demeure propriétaire dans ses pensées, elle veut toujours l'emporter. Elle a un esprit dominant, une volonté dominante, elle préfère ses pensées à celles des autres, elle veut faire ce que ses pensées lui suggèrent. La superbe règne dans elle, comme dans le diable, d'où elle vient.
C'est cette sagesse diabolique qui est la source de toutes les hérésies, qui ont toutes un esprit particulier, opiniâtre, point de volonté à se soumettre, préférant leurs fausses lumières aux décisions des Papes et de l'Église, s'abusant quelquefois par quelques œuvres éclatantes d'aumônes, de retraite, d'austérités corporelles. C'est ce que l'on a vu dans plusieurs Pères du désert, qui ayant mené une vie angélique, se sont enfin perdus tombant dans l'hérésie, comme il est arrivé à plusieurs à l'égard de l'hérésie des Monothélites. Mais nous l'avons dit, et c'est ce que l'on ne peut jamais assez répéter ; jamais il ne faut attendre rien de bon d'une personne attachée à ses sentiments, opiniâtre dans ses pensées et ses actions, quand d'autre part elle ferait des miracles.
Malheur à vous, dit Dieu par le Prophète Isaïe, qui êtes sages à vos propres yeux, et qui êtes prudents en vous-mêmes. Et il dit en un autre lieu du même Prophète : Je ferai une merveille dans ce peuple ; car la sagesse des sages périra, et la prudence des hommes intelligents sera obscurcie. Malheur à vous qui vous retirez dans la profondeur de vos cœurs. L'Apôtre s'écrie, l'Écriture dit, J'arrêterai les sages dans leurs subtilités. Dieu a connu les pensées des sages, et en a découvert la vanité. Je confondrai la sagesse des sages, et je rejetterai la prudence des prudents. Où sont les Philosophes, les Docteurs de la Loi ? où sont les curieux des secrets de la nature ? C'est pourquoi il assure qu'il ne prêche point la sagesse de ce monde, ni des Princes du monde, c'est-à-dire des Démons. Il déclare que le Saint-Esprit dit clairement que quelques-uns renonceront à la foi, écoutant des esprits d'erreur, et des doctrines de démons ; voilà la sagesse diabolique.
Cette sagesse néanmoins terrestre, sensuelle et diabolique, est la sagesse du monde, si directement contraire à celle de Dieu ; que comme elle est une folie à ses yeux divins, selon la doctrine de l'Apôtre, de même la sagesse de Dieu est une folie aux yeux du monde. C'est par cette folie de la prédication, dit-il, qu'il a plu à Dieu de sauver ceux qui auront la foi : et il écrit de lui-même, qu'on le regardait comme un insensé. Il ne faut pas en être surpris, le serviteur n'est pas au-dessus du maître, dont saint Marc l'Évangéliste, au troisième chapitre de son Évangile, rapporte que ses parents vinrent pour se saisir de lui ; car ils disaient : Il a l'esprit aliéné. Après cela on ne doit pas s'étonner si ceux qui prêchent la pureté de son Évangile, qui enseignent que c'est un bonheur d'être pauvre, d'être misérable dans la vie présente, d'y avoir beaucoup de traverses et de contradictions ; que c'est un malheur d'être riche, et d'y avoir beaucoup d'honneurs et de plaisirs, et qui tâchent avec le secours de leur divin Maître, de prêcher plus ces vérités par leurs actions, que par leurs paroles, sont désapprouvés, sont méprisés, sont quelquefois moqués, si l'on s'éloigne d'eux, si la parenté, les familles les regardent comme des gens qui font tort à leur honneur. Cependant notre Apôtre écrit : Que nul ne se trompe soi-même. Si quelqu'un d'entre vous se croit sage selon le monde, qu'il devienne fou, c'est-à-dire qu'il renonce à la sagesse séculière, pour suivre les maximes du Fils de Dieu qui semblent folie.
Mais à qui le Seigneur donnera-t-il l'intelligence de la parole, dit le Prophète Isaïe ? à des enfants qu'on ne fait que de sévrer ? Ce ne sera pas aux superbes, mais ce sera à ceux qui ont la simplicité et l'innocence des enfants. Notre bon Sauveur rend grâces à son Père, de ce qu'il a caché les choses qu'il enseigne, aux sages et aux prudents ; car il les laisse dans leur aveuglement que leur cause leur orgueil, et de ce qu'il les a découvertes aux petits. Il ne les fait connaître et goûter intérieurement qu'aux simples et aux humbles. Il rend grâces à son Père, de ce que tel est son plaisir. Et saint Luc nous apprend que, lorsqu'il dit ces paroles, à cette heure-là même son esprit eut un transport de joie. Son plaisir, comme celui de son Père, est de s'entretenir avec les simples, et de leur découvrir ses secrets. C'est ce qu'il a fait dès le commencement de l'établissement de l'Évangile, se communiquant à de pauvres pêcheurs, et se servant d'eux pour enseigner sa doctrine à toute la terre. C'est ce qu'il a fait dans la suite des siècles ; et on ne peut assez admirer les hautes et divines lumières qu'il a données aux Brigittes, aux Thérèses, et à d'autres personnes simples et sans lettres.
Le Père Ribera de la Compagnie de Jésus, personnage d'une rare érudition, aussi-bien que d'une piété singulière, rapporte dans la vie qu'il a écrite de sainte Thérèse, que recevant plusieurs ordres de Dieu pour les dire de sa part, et la Sainte lui disant avec humilité, qu'elle s'étonnait de ce qu'il ne s'adressait pas aux doctes et savants, il lui répondit : Ma fille, ils ne me croiraient pas. Il parlait sans doute des doctes suffisants en eux-mêmes, et non pas des Savants qui sont humbles. Saint Jean, au Chapitre septième de son Évangile, écrit que les Archers envoyés par les Chefs des Prêtres et par les Pharisiens, étant retournés vers eux sans se saisir de la personne de notre Seigneur, et leur ayant dit, Jamais homme ne parla comme cet homme ; les Pharisiens leur répliquèrent, Êtes-vous aussi de ceux qui vous êtes laissés séduire ? Y-a-t-il quelqu'un des Magistrats ou des Pharisiens qui ait cru en lui ? ils ajoutèrent qu'il n'y avait que la populace.
Il faut être humble, non seulement de paroles et à l'extérieur, mais il faut être humble de cœur pour recevoir l'esprit de Dieu et ses vérités. L'Apôtre saint Jacques dit de plus, que la sagesse qui vient du Ciel, n'est ni défiante ni dissimulée. Elle est toute sincère, elle fait marcher simplement sans aucuns détours. Elle parle comme elle pense, à la différence de la sagesse diabolique des hérétiques, qui cachent leur doctrine, qui la déguisent ; qui dans les apparences, quand ils craignent les Puissances Écclésiastiques ou Séculières, font profession des vérités catholiques, usant d'artifices, de restrictions, se réservant à se produire dans les temps qu'ils espèrent leur être favorables.
(Le malheur du monde, M. Boudon) |
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| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Jeu 23 Juin 2022 - 10:21 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel
Du repos en Dieu Venez à moi, vous tous qui êtes dans le travail et dans la peine, et je vous soulagerai ; et vous trouverez le repos de vos âmes. JÉSUS-CHRIST. Cette invitation s'adresse à tous les hommes ; nul autre que Jésus-Christ ne la leur a jamais faite ; et ils ont tous le plus grand intérêt à éprouver ce qu'il y a de réel dans cette promesse. Nous souffrons tous ici-bas plus ou moins, soit des peines de l'esprit, soit des peines du cœur, soit des peines du corps. Et cependant nous aspirons après le repos, nous le cherchons avec le plus grand empressement, et nous nous fatiguons toute la vie dans cette recherche, sans pouvoir parvenir, la plupart, à l'objet de nos veux. Où est le repos ? où faut-il le chercher ? Question intéressante s'il en fut jamais.
Les uns, et c'est le plus grand nombre, cherchent le repos dans la jouissance des richesses, des plaisirs, des honneurs de la vie. Quels soins ne se donnent-ils pas pour se les procurer, pour les conserver, pour les augmenter et les accumuler ! Y trouvent-il le repos ? Non. Comment le repos se rencontrerait-il dans des biens fragiles, incapables de satisfaire les passions mêmes qui les désirent ; dans des biens qui n'ont aucune proportion avec le cœur humain, qui le laissent toujours vide, toujours dévoré par une soif plus ardente ; dans des biens toujours disputés, toujours enviés, qu'on s'arrache avec fureur les uns aux autres ? Quel repos peut-on trouver dans des choses qui sont la mobilité même ? Si le fondement sur lequel on établit son repos est toujours en mouvement, n'est-ce pas une suite nécessaire qu'on éprouve les mêmes agitations ? Que chacun se consulte : l'expérience est la plus sensible des preuves. Quel homme a goûté le repos au milieu des plus grands trésors, des plaisirs les plus vifs, des honneurs les plus flatteurs ? Le repos n'est donc pas là : tout le monde le sait ; et cependant c'est là que tous les hommes le cherchent. Ils s'épuisent en désirs, en projets, en entreprises, et jamais ils ne parviennent à un seul instant de repos ; et s'ils consultent leur raison, elle leur répond qu'ils n'y parviendront pas. Quel aveuglement ! quelle folie !
Les autres établissent leur repos dans eux-mêmes, et en cela ils se croient plus sages que ceux qui les mettent en des choses extérieures. Mais sont-ils sages en effet ? L'homme est-il fait pour se suffire à lui-même ? Peut-il trouver en soi le principe de son repos ? Ses idées changent chaque jour ; son cœur est dans une inquiétude perpétuelle ; il imagine sans cesse de nouveaux systèmes de félicité, et il ne la rencontre nulle part. S'il est seul, l'ennui le dévore ; la compagnie, quelque choisie qu'elle soit, lui est bientôt à charge ; ses réflexions l'épuisent et le tourmentent ; l'étude et la lecture peuvent l'amuser et le distraire, mais elles ne remplissent pas son cœur. Voilà le repos que la sagesse humaine promet à ses sectateurs, et pour lequel elle les invite à renoncer à tout le reste, à s'isoler, à se concentrer en eux-mêmes. Repos trompeur qui n'est pas à l'abri des plus violentes agitations, et qui est au moins autant à charge à l'homme que le tumulte des passions. Où est donc le repos, s'il n'est ni dans les biens du monde, ni dans nous-mêmes ? Il est en Dieu, et en Dieu seul. Jésus-Christ est venu nous l'apprendre, et c'est la plus grande leçon qu'il nous ait donnée. Mais combien peu profitent de cette leçon ! Vous nous avez faits pour vous, ô mon Dieu ! s'écriait saint Augustin ; et notre cœur est toujours agité, jusqu'à ce qu'il se repose en vous. Cette vérité est le premier principe de la morale ; tout concourt à la prouver, la raison, la religion, l'expérience.
Mais, pour se reposer en Dieu, que faut-il faire ? Se donner tout à lui, lui sacrifier tout le reste. Si vous ne vous donnez qu'en partie et si vous usez de quelque réserve, si vous conservez quelque attache, il est clair que votre repos ne peut être entier ni parfait, et que le trouble s'y glissera par l'endroit où votre cœur n'est pas uni à Dieu, et appuyé sur Dieu. Voilà pourquoi si peu de chrétiens jouissent d'une paix constante, pleine, inaltérable. Ils n'établissent pas leur repos en Dieu seul, ils ne lui confient pas tout, ils ne lui abandonnent pas tout. Néanmoins il n'y a de vrai et de solide repos que dans ce parfait abandon.
Ce repos est immuable comme Dieu même ; il est élevé, comme Dieu, au-dessus de toutes les choses créées ; il est intime, parce qu'il n'y a que Dieu dont la jouissance aille jusqu'au fond du cœur ; il est plein, parce que Dieu remplit et rassasie le cœur ; il ne laisse aucun désir, aucun regret, parce que celui qui possède Dieu n'a rien à désirer ni à regretter. Ce repos calme les passions, tranquillise l'imagination, rasseoit l'esprit, fixe l'inconstance du cœur. Ce repos subsiste au milieu des rêves de la fortune, des maux de toute espèce, des tentations même et des épreuves, parce que rien de tout cela ne va jusqu'au centre où l'âme se repose en Dieu. Les Martyrs sur les échafauds, en proie aux plus horribles supplices ; les confesseurs dans l'indigence, dans les prisons, dans l'exil, dans les persécutions, goûtaient ce repos et s'estimaient heureux. Les Saints l'ont goûté dans la solitude, dans les exercices de la pénitence, dans les travaux excessifs et assidus, dans les calomnies, dans les humiliations, dans les infirmités et les maladies. Une foule de chrétiens l'ont goûté dans les devoirs pénibles de leur état, dans les croix qui y étaient attachées, dans la vie commune et dans tous les embarras qu'elle en traîne. Il ne tient qu'à nous de le goûter comme eux. Si nous le voulons , Dieu sera pour nous ce qu'il a été pour eux. Il ne nous demande ainsi qu'à eux qu'une seule chose, qui est de ne nous appuyer que sur lui, de ne chercher notre repos et notre bonheur qu'en lui.
L'expérience est certaine et n'a jamais manqué. Du moment qu'on s'est donné à Dieu par le cœur, qu'on a mis ordre à sa conscience, qu'on a pris des mesures pour éviter le péché, sans distinction de véniel ni de mortel, qu'on s'est fermement proposé d'être attentif et fidèle à la grâce, et de ne rien refuser à Dieu, et qu'on s'est mis sous la direction d'un guide éclairé, avec la résolution de lui obéir en tout : de ce moment on entre dans un repos, dans un calme qu'on n'avait jamais éprouvé, dont on n'avait pas d'idée, et dont on est étonné. Ce repos est d'abord fort doux et savoureux. On le goûte, on sent qu'on en jouit ; il nous attire et nous concentre au-dedans. Avec ce repos, rien n'ennuie, rien ne fatigue. Les positions les plus pénibles d'ailleurs deviennent agréables ; les autres plaisirs quels qu'ils soient deviennent insipides ; on évite avec soin tout ce qui peut nous tirer d'une si douce jouissance. Nul avare ne craint autant de perdre son trésor, qu'on craint tout ce qui pourrait nous ravir ou altérer notre repos. C'est un sommeil de l'âme, où elle veille pour Dieu seul, et où elle dort pour tout le reste.
Cela paraît une rêverie, une illusion à quiconque ne l'a pas éprouvé. Et ce ne sont pas seulement les mondains qui pensent ainsi : tous ceux à qui ce repos est inconnu, parce qu'ils ne se sont pas pleinement donnés à Dieu, le traitent de chimère, d'égarement d'une imagination échauffée. Mais croyons-en les Saints qui en parlent d'après leur expérience ; croyons-en saint Paul qui nous parle d'une paix au-dessus de tout sentiment ; croyons-en Jésus-Christ qui appelle ce repos sa paix, une paix divine, une paix que le monde ne peut donner ni ravir, une paix qu'on ne peut se procurer par ses propres efforts, parce que c'est un don de Dieu, qui est la récompense du don absolu et irrévocable que nous lui faisons de nous-mêmes.
Je l'ai dit : cette paix a ses épreuves, et souvent de très-fortes épreuves ; mais loin de l'ébranler, elles ne font que l'affermir : elle s'élève au-dessus de tous les maux, et elle nous y élève avec elle. Elle rend le chrétien tellement heureux au milieu de ce qu'il souffre, qu'il ne changerait pas son état, tout affreux qu'il est pour la nature, pour les plaisirs les plus délicieux que le monde peut lui offrir. Telle est la vie du parfait chrétien qui va à Dieu par Jésus-Christ, qui adore Dieu comme Jésus-Christ en esprit et en vérité, qui lui sacrifie tout, et lui-même par-dessus tout. Rien n'altère son repos ; et la mort n'est pour lui qu'un passage du repos du temps au repos de l'éternité. Quel effroyable malheur de s'obstiner à ne pas vouloir éprouver la vérité des promesses de Jésus-Christ, et de se tourmenter vainement ici-bas, pour être encore éternellement tourmenté dans l'autre monde !
(Extrait du Manuel des âmes intérieures) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Sam 25 Juin 2022 - 9:52 | |
| Des maladies de l'âme, par le R.-P. Jean-Joseph Surin
Extrait du Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, Tome I, par le R.P. Jean-Joseph Surin :
Le repas d'Emmaüs (Trophime Bigot)
Des maladies de l'âme
Quelles sont les principales maladies de l'âme ?
Il y en a trois ; l'endurcissement, l'aveuglement et la précipitation.
Qu'est-ce que l'endurcissement ?
C'est une insensibilité aux choses de Dieu, et aux impressions de la grâce.
D'où vient cet endurcissement, et quel en est le remède ?
Le goût des choses mondaines et les chutes fréquentes ont coutume d'y conduire. On y remédie par l'esprit de dévotion, à force de cultiver l'âme, en lui proposant des objets capables de l'attendrir, comme on cultive la terre, pour la préparer à recevoir la pluie du Ciel.
Qu'est-ce que l'aveuglement ?
C'est une suppression de la lumière de la grâce que nos infidélités nous attirent ; d'où il arrive que nous ne voyions ni la laideur de nos vices, ni la beauté de la vertu.
Quel est le principe de cet aveuglement, et quel en est le remède ?
Ce sont les ténèbres de l'ignorance et le tumulte des passions qui le produisent ; pour le guérir, il faut avoir recours à la lumière qu'on puise dans l'oraison, et rentrer souvent en nous-mêmes pour examiner les motifs qui nous font agir.
Qu'est-ce que la précipitation, et comment peut-on la réprimer ?
C'est une impétuosité naturelle qui fait qu'on se porte avec empressement à ce qu'on désire, qu'on se hâte dans tout ce qu'on fait, et qu'on ne jouit presque jamais de la paix du cœur. Ce penchant favorise fort les inclinations de la nature et de l'amour-propre, en ce qu'il leur donne lieu de prévenir les mouvements de la grâce et le jugement de la raison, qui ne souffrirait pas ce renversement d'ordre si elle avait le temps de le prévenir. Ce vice est le même que l'activité naturelle que nous avons appris à combattre dans le chapitre de la mortification.
N'y a-t-il pont d'autres maladies spirituelles encore plus considérables que celles dont vous venez de parler ?
Il y en a autant que de vices. Nous avons déjà remarqué qu'ils tirent tous leur origine de l'amour-propre, qui est une affection déréglée que chacun a pour soi même, laquelle nous fait chercher nos intérêts, même au préjudice des intérêts de Dieu.
Puisque c'est de l'amour-propre que naissent tous les vices, dites-nous quels sont les principaux rejetons de cette tige malheureuse ?
Saint Bernard en distingue deux qu'il appelle des sangsues qui crient toujours, apporte, apporte ; et ce sont la vanité et la volupté : car tout se réduit là, nos inclinations mauvaises, et nos habitudes vicieuses tendent toutes à contenter le désir de la gloire ou l'amour du plaisir.
Quels sont les effets de la vanité ?
Nous avons parlé ailleurs de ce vice, mais seulement en général, et il est nécessaire d'en décrire les effets en détail pour le faire mieux connaître. Le caractère de l'homme vain , est d'avoir trop bonne opinion de lui-même, de désirer les louanges, l'amitié et les applaudissements des hommes ; de présumer de ses forces; d'être passionné pour les honneurs et les dignités ; d'être attaché à son propre sens, entêté de son mérite, enflé de sa science, et plein de mépris pour les autres. Il se plaît à raconter ce qui lui est arrivé ; à parler de ses exploits, de ses aventures, de ses maux et de ses plaisirs, des lieux où il a eu occasion de se distinguer, des personnes qu'il a obligées par ses bienfaits; comme s'il n'y avait rien de beau, rien qui fût digne d'attention que ce qui le touche. Ce n'est pas qu'il ne soit jamais permis de parler de soi ; les plus grands serviteurs de Dieu l'ont fait en certaines occasions avec cette noble liberté qu'inspire une vertu consommée. C'est ainsi que saint Paul a fait le récit de ses travaux et des persécutions qu'il a souffertes. Mais les Saints n'ont parlé d'eux-mêmes que parce qu'ils le jugeaient nécessaire pour la gloire de Dieu ; au lieu que les hommes vains le font sans nécessité, parce qu'ils se croient estimables, et pour contenter leur orgueil et leur amour-propre dont ils sont esclaves. Aussi les voit-on se louer à tout propos, parler avec une hardiesse outrée, se donner la liberté de juger de tout, de condamner tout ce qui n'est pas de leur goût, et de censurer indifféremment l'Ecclésiastique et le Séculier, les gens du monde, et les personnes Religieuses ; la bonne opinion qu'ils ont d'eux-mêmes leur persuadant que la supériorité de leur mérite leur donne droit sur les autres, et qu'ils peuvent les reprendre et les blâmer à leur gré.
Cette liberté de juger de tout, ne respecte ni rang ni autorité ; et il ne faut pas croire que le caractère de Supérieur mette à couvert de la censure. Comme on se croit plus habile et plus éclairé que ceux qui gouvernent, on a de la peine à leur obéir, on ne peut souffrir leurs avis, on critique leurs actions et leurs sentiments, on murmure contre leurs ordres, on blâme ouvertement leur conduite, on tâche de pénétrer dans leurs desseins, on s'en prend à leurs intentions qu'on empoisonne. Jusques dans les états, où l'on fait profession d'humilité et de dépendance, on voit quelquefois des gens nourrir un esprit de fierté, qui se fait remarquer dans toute leur conduite ; dédaigner les ministères bas et obscurs, quelque saints qu'ils soient d'ailleurs ; avoir en horreur les humiliations qu'ils devraient chercher ; aimer à paraître ; se procurer avec soin des protecteurs qui les poussent, des approbateurs qui les louent. Et si ce sont des gens qui s'adonnent à l'étude des sciences et de l'éloquence, on les verra possédés d'un désir inquiet de se rendre habiles, pour faire briller leur esprit et leur savoir ; se piquer d'une vaine délicatesse, et d'une politesse profane dans le choix de leurs expressions, dans leur style, dans leur prononciation, dans leurs écrits, et jusques dans la manière dont ils s'acquittent des devoirs de la société civile.
L'envie et la jalousie vont à la suite de la vanité. Un glorieux regarde les autres comme ses rivaux, et le désir de l'emporter sur eux, le rend importun dans la conversation : il raisonne, il subtilise sur tout, il parle avec emphase, il prononce d'un ton décisif, il use d'exagérations ; et comme il veut dominer, il chicane tout ce que les autres disent, il leur coupe la parole, et donne dans mille incongruités, qui l'exposent au mépris, parce qu'elles marquent un homme plein de lui-même, et qui n'a rien de solide. Mais, les plus grands excès du vice dont nous parlons, sont ceux où il porte les personnes enivrées de l'esprit du monde. C'est un désir insatiable de s'agrandir, de parvenir aux dignités, de faire fortune, d'acquérir des richesses, de la réputation, de la gloire : c'est une envie désordonnée de l'emporter sur les autres, de se distinguer par des habits somptueux, par des bâtiments magnifiques, par des meubles précieux, par un équipage nombreux et superbe : c'est un empressement excessif à se parer, pour relever la beauté du corps, et mille autres soins de cette nature, qui sont de tristes effets de la vanité, quand elle transporte les hommes ?
Quels effets produit la volupté ?
De cette seconde branche de l'amour-propre, naissent tous les vices et toutes les inclinations qui portent aux plaisirs, soit du corps, soit de l'esprit ; la sensualité, en tout ce qui concerne la nourriture, le sommeil, le vêtement, etc. Et il est à remarquer qu'en ce genre, ceux-mêmes qui n'ont que le nécessaire, peuvent être sensuels, lorsqu'ils s'attachent au peu qu'ils ont, et qu'il ne tient pas à eux qu'ils ne s'en procurent davantage. Du même principe vient le trop grand soin de la santé, qui est ordinairement accompagné de retours fréquents sur soi-même, de vaines craintes, de désirs inquiets, d'une attention particulière à écarter tout ce qui est pénible, et à chercher les aises et les commodités de la vie.
La sensualité a toujours pour compagnes, la paresse et la lâcheté, qui rend ennemi du travail, et qui fait chercher l'oisiveté. Dans cette disposition, on ne résiste que bien faiblement aux inclinations déréglées : ce n'est plus la nécessité, mais le seul plaisir qui règle les recréations et les divertissements qu'on se procure ; on vit à sa fantaisie, et selon que l'occasion s'en présente, on se répand en paroles, en plaisanteries, en discours enjoués, et l'on ne sait plus se gêner pour rien. On suit son penchant, et on obéit aveuglément à ses répugnances. On se lie d'amitié particulière aux personnes avec lesquelles on sympathise d'humeur et de naturel, et on s'éloigne avec soin de celles dont les manières déplaisent. On accorde à la curiosité une pleine liberté de se satisfaire, en s'informant de tout ce qui se passe de nouveau, des affaires du temps, des entreprises, des événements, de la conduite des personnes, et de leurs aventures. On veut voir tout ce qu'il y a de beau, de délicat, de rare, de curieux dans les productions de l'art, de la nature et de l'esprit. Ce ne sont pas là, il est vrai, des satisfactions continuelles ; mais elles viennent d'une source empoisonnée, qui est l'amour du plaisir.
Cet amour est beaucoup plus sensible et beaucoup plus grossier dans les personnes mondaines ; elles ne refusent rien à leur corps ; et c'est pour le satisfaire, qu'elles passent du festin au jeu, du jeu aux compagnies agréables, au Bal, à la Comédie, et aux autres spectacles profanes. Elles ont des lieux uniquement destinés au plaisir, où l'on ne pense qu'aux divertissements et à la bonne chère : si elles lisent, ce sont des Romans, et des Histoires galantes, propres à gâter l'esprit : si elles conversent, c'est pour se réjouir, souvent aux dépens de la pudeur : leur délicatesse pour les habits et le coucher, est extrême : ce sont des gens noyés dans les plaisirs des sens, et que la volupté a rendu esclaves.
Quel désordre mettent dans l'âme la vanité et la volupté ?
On peut dire qu'elles sont la source de tous les maux. Comme ce sont deux passions très-ardentes, il est naturel que ceux qui en sont dominés, mettent tout en œuvre pour les satisfaire. De ces deux sources naissent deux autres maux très-dangereux, dont l'un peut-être appelle spécialement passion, et l'autre malice. Le premier est un mouvement impétueux vers l'objet qu'on se propose. Le second est une méchante inclination qui produit la mauvaise foi, la ruse, la dissimulation, l'artifice, la fourberie, et tous les ressorts cachés qu'on fait jouer pour obtenir ce qu'on souhaite. Il ne suffit donc pas à un homme qui veut se connaître, d'examiner si c'est à la vanité ou à la volupté que son penchant le porte ; il faut qu'il s'examine encore sur les effets des passions qui prédominent en lui. Et pour ce qui regarde cet autre principe du mal, que nous avons appelé malice, qu'on peut aussi nommer duplicité, et qui n'est dans quelques-uns qu'un raffinement de politique mondaine ; il est très-important de le découvrir et de le combattre ; parce qu'il est fort contraire à cette simplicité d'enfant, à laquelle Notre-Seigneur exhorte ses Disciples, et qu'il apporte de grands obstacles aux opérations du divin Esprit.
Quels autres effets produisent les deux dernières maladies de l'âme, dont vous venez de parler ?
Il est naturel que ces deux maux en produisent deux autres. Le premier attaque l'esprit ; et c'est une dissipation continuelle qui empêche l'homme de se recueillir, et qui lui donne une grande répugnance pour l'Oraison. Le second affecte le cœur, et c'est une indigence et une espèce de faim. Une âme vide de Dieu, qui est seul capable de la rassasier, se tourne, pour ainsi dire, de tout côté, cherchant parmi les objets créés de quoi se remplir ; mais en vain, elle traîne partout son dégoût et son inquiétude. Cette espèce d'indigence augmente dans quelques-uns à un point, qu'ils ne peuvent plus habiter avec eux-mêmes. Ils vont errant, pour trouver quelque objet qui les satisfasse, quelque conversation qui les réjouisse, quelque louange qui les flatte, ou quelque compagnie qui les dissipe. Pour peu qu'ils se recueillent, ils sentent leur besoin ; c'est pourquoi ils sortent bientôt d'eux-mêmes ; et ne trouvant rien de solide, ils courent d'objet en objet, afin de suppléer par la variété, au peu de solidité des créatures. Mais les créatures sont trop peu de chose pour contenter leur cœur, qui désire secrètement Dieu, et qui le cherche sans le trouver, parce qu'il ne le cherche pas comme il faut. Ces hommes malades et dégoûtés, sont incapables d'Oraison et de recueillement, et ne sauraient faire aucun progrès dans la vie spirituelle. Le tumulte qui règne dans les puissances de leur âme, et les distractions continuelles les empêchent de recevoir les impressions de la grâce. La curiosité leur fournit sans cesse des images des choses passagères, qui se mettant entre Dieu et l'âme, l'empêchent de le voir et de le goûter ; tandis que les passions de l'appétit sensitif causent un trouble continuel, qui ôte à l'esprit le repos et la tranquillité nécessaire pour vaquer utilement à l'Oraison.
Quel est le remède à ces maux ?
Il y en a deux. Le premier est de renoncer pendant quelque temps à toutes les choses extérieures, et de se retirer au-dedans de soi-même par le recueillement ; veillant à la garde de ses sens, évitant les conversations inutiles, et toute communication au dehors, pour n'avoir commerce qu'avec Dieu, par le moyen de l'Oraison. Le second est de s'appliquer à se connaître par de fréquents examens, et d'être généreux à se vaincre sur tout ce qui peut altérer la pureté du cœur et entretenir les vices. Mais il est important d'entreprendre cet exercice par des motifs d'amour, et dans un esprit de douceur, plutôt que dans un esprit de gêne et de contrainte. Quand on joint ainsi à la prière fervente et assidue, la victoire de soi-même, en peut dire qu'on est, dans le chemin qui mène droit à la perfection.
N'y a-t-il point d'autres maladies spirituelles auxquelles nous soyons sujets ?
On peut mettre encore de ce nombre, l'aigreur contre le prochain, et la paresse.
Quels maux produit l'aigreur contre le prochain ?
Les calomnies, les médisances, les animosités, les divisions, les querelles, les ombrages, les défiances, les soupçons, les bizarreries, et mille autres effets semblables, sont tous enfants de la même mère qui est l'aigreur.
Comment peut-on remédier à cette aigreur ?
En s'adonnant par une étude assidue et une application constante, à la pratique de la douceur ; en ne souffrant dans son cœur aucune amertume, aucun mouvement de dépit et d'impatience, et en combattant sans relâche, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que paix et bénignité dans l'âme ; en supportant sans se plaindre, et avec tranquillité, les injures, les affronts et les mauvais traitements, jusqu'à rendre le bien pour le mal, afin d'honorer la douceur de Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Quels sont les effets de la paresse ?
Il y en a trois, qui sont, la langueur et le dégoût dans les exercices de la vie spirituelle ; l'amour du repos et de l'oisiveté, et la facilité à donner dans le relâchement, par le penchant que nous avons tous aux divertissements, et aux entretiens inutiles.
Comment corriger cette funeste facilité ?
On peut en venir à bout par ces trois moyens. Le premier est de ne point laisser ralentir la ferveur de l'esprit, de demeurer ferme dans la résolution qu'on a formée de ne point abandonner l'ouvrage de la perfection, et de persévérer dans ses pratiques ordinaires, sans avoir égard aux obstacles qu'oppose la lâcheté naturelle. Le second est de se prescrire de saintes occupations, telle qu'est la lecture spirituelle, l'Oraison, les bonnes œuvres, pour empêcher que l'âme ne s'appesantisse et ne s'endorme, pour ainsi dire, dans cet état de langueur. Le troisième est d'user de pénitences extérieures, et surtout de la discipline : c'est, au sentiment des Saints, un moyen très-efficace pour entretenir la ferveur, et pour mettre en fuite le malin esprit, qui a toujours beaucoup de part à ces sortes de tentations. C'est en combattant de la sorte , qu'on acquiert un très-grand mérite, et qu'on ôte les obstacles à sa perfection.
Outre ces infirmités spirituelles que nous avons rapportées, on peut dire que tous les mouvements déréglés de l'intérieur, l'irrésolution et l'inconstance de l'esprit, les faiblesses et les perplexités du cœur, les troubles, les craintes, les chagrins, les désolations, les inquiétudes, sont autant d'espèces de maladies, puisqu'elles diminuent les forces de l'âme, et qu'elles en altèrent la santé, qui consiste dans la générosité à entreprendre, et dans la facilité à exécuter tout ce qui peut contribuer à la perfection. Comme c'est en s'adonnant au vice que l'âme devient malade, elle se maintient en santé par la fréquentation des Sacrements ,par l'attention continuelle à veiller sur elle-même, par le zèle de son avancement spirituel, et par son application infatigable à l'Oraison et aux autres exercices de piété. Car tout de même que le corps a besoin de se nourrir, de se reposer, et de faire quelque exercice, pour ne pas croupir dans l'inaction, qui serait une source de maladie, l'âme fervente ne saurait se garantir de sa perte, qu'en s'adonnant aux saintes œuvres dont nous venons de parler, et qu'en combattant généreusement contre les vices et la lâcheté naturelle.
Conseil : Beaucoup de catholiques sous-estiment la haine que notre Seigneur Jésus-Christ a pour le péché. Ils s'autorisent à faire des concessions avec le démon, jugeant qu'il est tellement difficile de ne rien lui céder en ce monde, qu'ils peuvent entretenir volontairement les moindres péchés. Malheur à eux ! Ils entretiennent le mensonge plutôt que la vérité. Ils ont donc accepté d'être gouvernés par le démon. Choisir le mensonge dans sa vie, c'est mettre Jésus-Christ à la porte et demander au démon de prendre la place. Le péché entretenu, le mensonge choisi, Dieu les frappera d'aveuglement spirituel. Catholiques qui avaient choisi le mensonge plutôt que la vérité, rappelez-vous que Notre-Seigneur Jésus-Christ hait le péché, maudit le mensonge, et qu'il vous châtiera si vous prenez vos aises dans cet état. Réveillez-vous, morts ! Entretenir les plus petites fautes, c'est finir par tomber dans les grandes. Entretenir le mensonge, c'est finir par tomber dans un mensonge plus grand. Rétablissez l'ordre, remettez la vérité au cœur de votre âme et de votre vie, il en va de votre salut. Nous sommes bien plus indulgents envers nous-mêmes qu'envers les autres. Voyez la poutre dans votre œil, elle vous gangrène l'esprit.
Le Petit Sacristain |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Dim 26 Juin 2022 - 9:07 | |
| Acte de la présence de Dieu Ô Dieu d'infinie Majesté, Trinité suradorable, Dieu qui êtes ici plus présent que moi-même ! comme tout ce que les pures créatures vous peuvent rendre d'honneur, est bien éloigné de ce qui vous est dû, je m'unis et je vous présente toutes les adorations, tous les amours, toutes les louanges, toutes les satisfactions, toutes les actions de grâces, toute la gloire que l'âme sainte de Jésus vous a rendues, vous rend, et vous rendra durant toute l'éternité. Ah ! je veux vous louer par toutes ces louanges, vous satisfaire par toutes ces satisfactions, vous adorer et vous aimer par toutes ces adorations et ces amours, vous remercier par toutes ces actions de grâces, et vous glorifier par toute cette gloire.
Le Petit Sacristain. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Petit Sacristain Lun 27 Juin 2022 - 12:59 | |
| Le Petit Sacristain
Vie dans l'Eglise Catholique et combat spirituel
Méditation sur la défense de juger le prochain 1er point. Ne jugez point, dit le Sauveur, et vous ne serez point jugé. Cette défense ne s'adresse qu'à ceux qui jugent sans nécessité. Car il est hors de doute que le jugement est permis, et même ordonné quand il est nécessaire. Or, il l'est, 1°, quand un homme est chargé par devoir et par état d'entrer dans la connaissance et dans la recherche des mœurs et des défauts de ceux qui sont soumis à ses ordres. Un père, par exemple, n'est-il pas dans la nécessité de juger des mœurs et de la conduite de ses enfants ? Un maître de celle de ses serviteurs ; et un Souverain de celle de ses sujets ? II ne lui est pas permis, sans doute, d'en juger légèrement, témérairement, superficiellement, sans connaissance et sans équité ; mais il peut et il doit les juger ; et il arrive souvent que ceux qui commandent se dispensent de cette obligation, par un esprit de paresse et de négligence, qui les rend très coupables devant Dieu.
2e point. Le jugement devient encore nécessaire pour se garantir de la séduction des pécheurs et des faux-Prophètes. C'est ce que Jésus-Christ avait en vue quand il disait : Gardez-vous des faux-Prophètes qui viennent à vous vêtus comme des brebis, et qui au-dedans sont des loups rugissants. Mais pour les éviter, ne faut-il pas les juger et les connaitre ? Et comme il arrive quelquefois que leur adresse à se déguiser rend leurs œuvres ambiguës et le péril incertain, évitez-les alors sans les condamner : Évitez-les, dit Saint Augustin, parce que vos soupçons peuvent être fondés sur la réalité ; mais ne les condamnez pas, parce que vos soupçons peuvent n'être fondés que sur des apparences.
Méditations pour tous les jours de l'année ; sur les principaux devoirs du Christianisme » par Henri Griffet. |
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